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Capture d'écran montrant un mandat d'arrêt visant le Tunisien Anis Amri, suspect de l'attentat au camion-bélier de Berlin. |
Anis Amri a été officiellement identifié par la justice antiterroriste qui, dans un avis de recherche européen, propose jusqu'à 100.000 euros de récompense.
L'homme "mesure 1,78 m, pèse environ 75 kg. Il a des cheveux noirs et des yeux bruns. Il peut être violent et armé!", met en garde le parquet fédéral à l'attention de la population.
En parallèle, la police tunisienne a interrogé des membres de sa famille en Tunisie, selon une source sécuritaire.
"Quand j'ai vu la photo de mon frère dans les médias, je n'en ai pas cru mes yeux (...) Je ne peux croire que c'est lui qui a commis ce crime", a réagi auprès de l'AFP son frère, Abdelkader Amri. Mais "s'il s'avère qu'il est coupable, il mérite alors toutes les condamnations. Nous rejetons le terrorisme et les terroristes et nous n'avons aucune relation avec les terroristes".
Déjà connu pour radicalisation
Dès le soir du 20 décembre, les autorités allemandes se sont lancées à la recherche de ce Tunisien, après avoir relâché un premier suspect pakistanais mis finalement hors de cause dans l'attaque au camion-bélier sur un marché de Noël.
Le 21 décembre, les enquêteurs, qui pensaient avoir localisé Amri à Berlin, ont perquisitionné deux appartements, sans résultat, rapporte le journal Die Welt.
Ayant retrouvé des documents d'identité dans la cabine du camion qui a servi à l'attentat, la police a d'abord tenté de le retrouver sans alerter l'opinion.
Environ 150 policiers ont notamment perquisitionné un foyer de réfugiés dans l'Ouest du pays, à Emmerich, où l'homme a séjourné il y a quelques mois, selon des médias allemands. Faute de résultat, les autorités se sont résolues à publier l'avis de recherche.
Surtout, les autorités allemandes disposaient de nombreuses indications sur sa radicalisation et sa dangerosité mais elles n'ont pas réussi à l'expulser ou à l'interpeller. Ce qui nourrit un début de polémique en Allemagne.
L'homme était "classé dangereux", connu des services de sécurité, et appartenait "au milieu islamiste-salafiste", a dit un député, Stephan Mayer.
Avant d'arriver en Allemagne, Amri avait aussi purgé quatre ans de prison en Italie pour un incendie dans une école, affirment des médias italiens.
Selon ces médias, il serait arrivé en Italie en 2011 et se serait lui-même déclaré comme mineur non accompagné.
Rassemblement en hommage aux victimes de l'attentat au camion-bélier, le 21 décembre à Berlin. |
Un responsable allemand, Ralf Jäger, a révélé qu'il avait été débouté en juin de sa demande d'asile en Allemagne et qu'il faisait déjà l'objet d'une enquête pour soupçon de préparation d'attentat avant l'attaque au camion-bélier.
Il était soupçonné de vouloir commettre un braquage pour acheter des "armes automatiques et probablement ensuite, avec l'aide de complices qu'il cherchait, de commettre un attentat", a révélé la justice berlinoise dans la soirée.
Le suspect aurait été aussi en contact avec des recruteurs présumés de l'EI en Allemagne, selon la presse.
Merkel critiquée
Le parquet de Berlin, qui a récupéré l'enquête à son sujet en mars, s'est défendu face à la controverse naissante sur l'inefficacité de la justice en expliquant l'avoir surveillé de près.
Mais en dehors d'une activité de "petit trafiquant de drogue" et une bagarre dans un bar, aucun élément justifiant son arrestation n'a été trouvé. Le dossier a été classé en septembre.
Dans le même temps, son expulsion n'a pu aboutir en raison d'un conflit administratif entre Tunis et Berlin.
Selon les autorités allemandes, la Tunisie a refusé depuis juin de le reprendre, contestant qu'il soit l'un de ses ressortissants. Tunis n'a fini par le reconnaître, hasard de calendrier, que le 21 décembre.
La Tunisie est l'un des plus gros fournisseurs de combattants étrangers aux mouvements jihadistes: 5.500 Tunisiens sont partis combattre en Syrie, en Irak ou en Libye.
Selon des médias allemands, le suspect pourrait être blessé après avoir percuté le marché avec le camion. Des traces de sang ont été retrouvées dans la cabine du camion et la police a effectué des vérifications dans des hôpitaux berlinois, selon ces médias.
La police a indiqué examiner plus de 500 indices (traces ADN, vidéo-surveillance, témoignages).
Le chauffeur routier polonais, retrouvé tué par balle dans la cabine et à qui l'assaillant a apparemment volé le véhicule, a probablement cherché à empêcher l'attentat, selon des médias allemands. Il aurait tenté de s'emparer du volant pour forcer l'auteur de l'attaque à s'arrêter plus tôt que prévu.
Berlin n'a pas encore authentifié la revendication de l'EI, mais le parquet antiterroriste a jugé que la cible et le mode opératoire signaient l'acte jihadiste: les circonstances rappellent l'attaque au camion-bélier le 14 juillet à Nice en France (86 morts), revendiquée par l'EI.
Les mesures de sécurité ont été renforcées à Berlin et un débat s'est engagé en Allemagne à la fois sur la nécessité de protéger davantage les lieux publics et autour de la politique d'immigration de la chancelière Angela Merkel.