>>Turquie : six interpellations après l'assassinat de l'ambassadeur russe
>>Turquie : l'ambassadeur russe assassiné par un policier à Ankara
Marina Karlova, veuve de l'ambassadeur russe en Turquie assassiné, devant le cercueil de son mari à Ankara, en Turquie, le 20 décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sous l'objectif des caméras, Mevlüt Mert Altintas, 22 ans, a tué de plusieurs balles l'ambassadeur de Russie à Ankara, Andreï Karlov, affirmant vouloir venger la ville d'Alep, en passe d'être entièrement reprise par le régime syrien.
Mais dans un entretien téléphonique avec son homologue américain John Kerry, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a affirmé "savoir" que le réseau du prédicateur Fethullah Gülen était "derrière" l'assassinat de l'ambassadeur, selon l'Agence de presse Anadolu.
Ce meurtre est survenu en plein réchauffement des relations entre la Turquie et la Russie qui, opposées sur le dossier syrien, ont toutefois parrainé une trêve ayant permis d'entamer l'évacuation de la partie est d'Alep tenue par les opposants.
Les dirigeants des deux pays ont dénoncé une "provocation" visant à saboter leurs liens. "Nous ne permettrons absolument pas que nos relations avec la Russie se dégradent", a assuré mardi 20 décembre le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Des membres des forces spéciales turques devant le consulat russe à Istanbul, le 20 décembre. |
Fait inédit, la Turquie a accepté la participation aux investigations de 18 enquêteurs russes, qui ont pris part à l'autopsie du corps d'Andreï Karlov à Ankara.
"Nous devons savoir qui a guidé la main du tueur", a de son côté pressé le président Poutine qui a ordonné à ses services secrets de renforcer les mesures de sécurité en Russie et à l'étranger.
Six proches du tireur, dont ses parents et sa sœur, étaient en garde à vue mardi 20 décembre à Aydin, ville de l'Ouest de la Turquie, selon l'agence de presse Dogan.
Dépouille rapatriée
La dépouille de l'ambassadeur a été rapatriée dans un avion russe, arrivé dans la soirée à Moscou, en provenance d'Ankara. Sa veuve a été accueillie à Moscou par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue turc, tandis qu'un hommage militaire était rendu.
L'assassinat s'est produit dans le quartier des ambassades, soulevant la question de la sécurité dans le cœur de la capitale turque déjà secouée cette année par plusieurs autres attentats et, en juillet, par un coup d'Etat manqué.
Mardi 20 décembre, avant l'aube, un homme a tiré des coups de feu devant l'entrée de l'ambassade américaine, avant d'être arrêté. Les États-Unis ont annoncé la fermeture de toutes leurs représentations diplomatiques en Turquie mardi 20 décembre.
À Ankara, les autorités ont déployé des policiers supplémentaires et des camions équipés de lances à eau pour renforcer la sécurité autour de l'ambassade de Russie, a rapporté Anadolu.
Selon les autorités, Mevlüt Mert Altintas, qui n'était pas de service ce jour-là, a réussi à éviter le portique de sécurité à l'entrée de la salle en présentant son badge de policier aux agents de sécurité.
Des photos le montrent quelques instants avant l'attaque, se tenant derrière l'ambassadeur russe à la manière d'un garde du corps. Selon plusieurs témoins, le policier a brusquement fait feu sur le diplomate.
Après les coups de feu, le policier qui servait depuis deux ans et demi dans les forces antiémeutes, a crié "Allah Akbar !" et "n'oubliez pas Alep !", avant d'être abattu par des membres des unités spéciales.
Malgré ces déclarations qui semblent lier ce meurtre au dossier syrien, M. Cavusoglu a déclaré que "la Turquie et la Russie savent que derrière l'attaque contre l'ambassadeur de Russie à Ankara, Andreï Karlov, il y a FETO", acronyme désignant le réseau de M. Gülen, selon Anadolu qui cite des sources diplomatiques.
Après l'assassinat, ce prédicateur, qui est par ailleurs présenté comme l'instigateur du putsch avorté de juillet, ce que l'intéressé dément, s'était dit "choqué et profondément attristé".
M. Gülen vit en exil aux États-Unis depuis la fin des années 90 et Ankara demande avec insistance son extradition. Washington répond que la décision appartient à la justice.