ATMEA veut apporter son réacteur dernier cri au Vietnam

Lors d’une visite de travail à Hanoi du 30 mars au 3 avril, Andreas Goebel, président du joint-venture franco-japonais d’ingénierie ATMEA, a accordé une interview au Courrier du Vietnam sur l’intérêt de son entreprise pour le Vietnam, ainsi que sur le réacteur ATMEA1.

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Quel est le but de votre visite de travail au Vietnam ce mois d’avril ?

Nous sommes ici dans le souhait d’aider le Vietnam à décider du choix d’un type de réacteur pour sa 2e centrale nucléaire, Ninh Thuân 2. J’ai eu des rencontres et des séances de travail avec les responsables des ministères vietnamiens de l’Industrie et du Commerce, des Sciences et des Technologies, et du groupe Électricité du Vietnam. J’ai aussi rencontré plusieurs députés de l’Assemblée nationale vietnamienne et des autorités du Comité populaire de la province de Ninh Thuân où les chantiers des centrales nucléaires seront bientôt lancés. Nous voulons présenter aux acteurs vietnamiens le réacteur ATMEA1 et ses avantages, ainsi que les bénéfices qu’il peut apporter au Vietnam.

Le président d’ATMEA, Andreas Goebel.

Pourriez-vous nous présenter brièvement ATMEA et la raison de sa présence au Vietnam ?

La société ATMEA est une coentreprise à parts égales entre le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et celui français AREVA créée en novembre 2007 et basée à Paris. Depuis sa création, MHI et AREVA ont travaillé intensivement avec ATMEA pour le développement, la commercialisation et la vente d’un nouveau modèle de réacteur nucléaire baptisé ATMEA1. Il s’agit d’un réacteur de moyenne puissance dernier cri (génération 3+) qui satisfait les plus hauts standards de sûreté. Un modèle de réacteur à eau pressurisée (REP) de 1.100 MWe destiné à tous types de réseaux électriques et, plus particulièrement, à ceux de moyenne puissance. Intéressée par le projet de construction des centrales nucléaires du Vietnam dans la province de Ninh Thuân (Centre), ATMEA a déjà ouvert son bureau de représentation à Hanoi.

ATMEA1 est l’un des candidats pour équiper Ninh Thuân 2. Comment percevez-vous aujourd’hui les possibilités de ce réacteur au Vietnam et pourquoi lui conviendrait-il ?

Ce réacteur présente une série d’avantages qui répondent parfaitement aux besoins et aux défis du Vietnam. Le réacteur ATMEA1 a une puissance moyenne de 1.100 MWe. Sa conception convient aux exigences du Vietnam.

La centrale nucléaire de Ninh Thuân 2 sera construite dans le district de Ninh Hai, province de Ninh Thuân (Centre).

Je voudrais aussi souligner trois volets importants. Primo, une sûreté maximale. Le design d’ATMEA1 est basé sur le concept de «défense en profondeur». Les caractéristiques et les systèmes d’atténuation d’incident ont été incorporés dès les premiers stades de sa conception afin de s’assurer que, dans le cas très improbable d’un incident grave, les effets de celui-ci, comme la fusion du cœur, restent confinés dans l’enceinte du réacteur. Basé sur une approche dite déterministe, le concept de «défense en profondeur» implique que notre réacteur est conçu pour faire face à la pire des situations. C’est très important pour l’acceptation publique et il est reconnu pour l’Autorité Française.

Secundo, l’adaptabilité. Le réacteur ATMEA1 est parfaitement adapté aux exigences du réseau vietnamien, de par sa taille et sa souplesse opérationnelle avancée. Il ne nécessite pas de pratiques de pilotage révolutionnaire car son design est similaire à tous les REP existants en opération. Il suffit donc de mettre en œuvre des techniques de pilotage classiques et éprouvées. Les opérateurs vietnamiens pourront ainsi bénéficier du support et du retour d’expérience de la plupart des opérateurs nucléaires mondiaux.

Tertio, la fiabilité et la compétitivité. Conception révolutionnaire fruit de la vaste expérience de nos sociétés mères tout en offrant de solides fonctionnalités de sûreté d’un réacteur de génération 3+, le réacteur ATMEA1 assurera à son exploitant vietnamien un retour sur investissement optimal. Ceci grâce notamment à un rendement thermique élevé allant jusqu’à 37% qui économise le carburant et réduit la production de déchets, à une durée de vie de 60 ans, ce qui réduit la charge de déclassement pour un niveau donné de production d’électricité, et à un facteur de haute disponibilité (92%) obtenu par des cycles prolongés de carburant, de courts arrêts pour rechargement et une conception fiable des systèmes et équipements permettant une maintenance en service.

La structure du réacteur avancé à eau pressurisée ATMEA1.

Le Vietnam est un pays nouvellement entrant dans le secteur de l’électricité nucléaire. Le Vietnam doit pouvoir bénéficier du support et de l’assistance de toute la communauté nucléaire, et c’est important pour un nouveau venu. Il travaille d’ailleurs beaucoup avec l’Agence internationale de l’énergie atomique qui accompagne ces nouveaux entrants. Pour ATMEA, la particularité de son offre, c’est que grâce à la France et au Japon qui ont une riche expérience dans ce domaine, nous pouvons apporter justement des réponses et un réel support au Vietnam dans toutes les étapes qui devront être mises en oeuvre.

On comprend qu’ATMEA Vietnam bénéficie du support de la France et du Japon, mais quels en sont les avantages par rapport à celui d’autres pays ?

Le projet de centrale nucléaire de Ninh Thuân 2 bénéficie déjà d’un financement japonais. Mais ces deux pays ont aussi une longue expérience dans le nucléaire et un parc important encore en exploitation (58 réacteurs en France, et redémarrage attendu cette année de quatre réacteurs sur les 24 REP existants au Japon). Ils peuvent donc accompagner le Vietnam dans tous ses besoins pour ce projet. Il s’agit déjà de la formation d’étudiants dans les écoles et universités, des actions sont déjà en cours. Il s’agit aussi de la formation des ingénieurs et des techniciens pour les institutions publiques en charge du programme nucléaire, pour l’exploitant des centrales, pour les entreprises de fourniture et de construction. Ce sont aussi un support pour la communication et l’explication du nucléaire au public, de support à la conduite et à l’exploitation d’un réacteur, de support pour sa maintenance, ou encore de support dans la gestion de crise.

Propos recueillis par Bùi Phuong/CVN

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