«Donner envie de parler français»

Hélène Conway-Mouret, sénatrice représentant les Français établis hors de France et membre du Conseil d’administration de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, était en visite à Hanoi les 2 et 3 février. Interview exclusive.

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Quel est l’objectif de votre visite au Vietnam ?

En tant que membre du Parlement français, le but de ma visite est de contribuer au renforcement de la relation bilatérale entre la France et le Vietnam par le biais de la diplomatie parlementaire. Une relation excellente, mais quand on a un ami de longue date, il faut maintenir un contact régulier, avancer ensemble. Je suis donc venue à la fois à la rencontre de la communauté française du Vietnam - qui est importante - mais également pour m’entretenir avec la présidente de l’Union des femmes du Vietnam. Comme je suis vice-présidente de la Délégation française aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, nous allons pouvoir confronter les dossiers sur lesquels nous travaillons. Je pourrai aussi rapporter à Paris ce qui se fait ici, pour essayer d’améliorer l’égalité hommes-femmes.

La sénatrice française Hélène Conway-Mouret (gauche) a accordé une interview
au Courrier du Vietnam, lors de sa visite à Hanoi, les 2 et 3 février.
Photo : Vân Anh/CVN

Que pensez-vous de la communauté française au Vietnam ?

Elle est assez importante. En effet, il y a près de 9.000 personnes enregistrées au consulat. Et aussi assez jeune. Aujourd’hui, le Vietnam est un pays dynamique du point de vue économique. Naturellement, il attire de jeunes Français, qui y viennent chercher des stages, ou qui font partie du programme de Volontariat international en entreprise (VIE). Il faut savoir que près de 300 entreprises françaises sont installées ici. Nombre de jeunes diplômés choisissent aussi le Vietnam pour leur première expérience professionnelle. Ils peuvent ainsi faire valoir une expérience à l’international, dans un pays qui fait partie de la francophonie, un pays sûr, inscrit dans la modernité. Cela permet à cette communauté de participer au développement du Vietnam.

Quelle est votre vision globale sur la position du français dans le monde et sur l’enseignement du français au Vietnam ?

Aujourd’hui, dans le monde, il y a près de 274 millions de locuteurs qui choisissent de parler français. Parfois naturellement, puisque c’est la langue du pays dans lequel ils vivent, mais certains décident aussi de l’apprendre. Bien sûr, nous avons l’ambition d’entretenir cette francophonie, sans que ce soit un combat contre l’anglais ou contre une autre langue. Mais le monde francophone est un monde culturel, un monde de valeurs basées sur les droits de l’homme, sur la République française et sa devise de fraternité, de solidarité et de liberté. Ce sont des valeurs fortes, essentielles au monde actuel, instable, violent.

Des écoliers d’une classe bilingue à Hô Chi Minh-Ville participent à un jeu organisé lors de la Journée internationale de la Francophonie (20 mars) 2014.
Photo : Phuong Vy/VNA/CVN

La francophonie est aussi un monde économique. Il est évidemment plus facile de faire des affaires lorsqu’on partage une même langue, lorsqu’on sait comment l’autre réagit et surtout ce dont il a besoin. Nous avons donc une présence culturelle française au Vietnam. Depuis mon arrivée, j’ai eu l’occasion de discuter avec des représentants du monde de la recherche, de la création et de l’innovation. Ensemble, nous pouvons construire l’avenir grâce à cette présence ici. Mais aussi par des échanges, en donnant davantage de possibilité aux étudiants. Nous, politiques, avons envie d’accélérer les échanges pour les étudiants, pour que davantage de jeunes Vietnamiens viennent se former en France, et vice-versa.

D’après vous, quelles mesures faut-il mettre en place pour renforcer l’utilisation de la langue de Molière dans les pays francophones, notamment au Vietnam, où l’anglais a tendance à prendre le dessus ?

Je pense qu’il faut donner envie de parler français. Il ne suffit pas de dire aux personnes que c’est important, que la langue française est utile du point de vue professionnel ou qu’elle est belle. Bien sûr, il faut que ce soit une langue qui puisse être partagée. C’est déjà le cas puisqu’il y a des millions de personnes qui ont choisi de la parler. Mais il faut aller au-delà, il faut accélérer les échanges, la connaissance de l’autre. La vice-présidente de la République vietnamienne Nguyên Thi Doan s’est rendue en France en 2014. Le président François Hollande souhaite venir au Vietnam.

Je crois que du sommet de l’État jusqu’aux instituts, aux écoles, il faut renforcer cette présence. Cela ne passe pas seulement par des moyens financiers, mais par une présence humaine, par le biais de visas pour une mobilité facilitée, par l’accueil qui est réservé aux étudiants, aux touristes vietnamiens en France. Il s’agit donc d’une série de mesures qui sont déclinées à partir du sommet d’État avec des moyens humains, financiers, qui vont dans le sens de renforcer cette relation bilatérale.

Faire valoir les droits des femmes
Dans le cadre de sa fonction de sénatrice, Hélène Conway-Mouret est vice-présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Elle poursuit, en France, au sein du Sénat, une action en faveur des femmes avec, entre autres, la mise en place d’un dispositif de lutte contre les mariages forcés et la commémoration du premier exercice du droit de vote des femmes aux élections municipales d’avril 1945. Lors de sa visite au Vietnam, elle a rencontré à Hanoi, divers acteurs de la communauté française ainsi que des responsables de l’Union des femmes du Vietnam.


Propos recueillis par Bùi Thi Phuong/CVN

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