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Rayons d'une pharmacie à Paris en novembre 2017. |
"À compter du 15 janvier 2020, l'aspirine, le Doliprane ou l'Advil ne pourront plus être présentés en libre accès dans les pharmacies" et "devront tous être placés derrière le comptoir du pharmacien", a annoncé mardi 17 décembre l'agence du médicament (ANSM).
Cela "renforce le rôle de conseil du pharmacien auprès des patients qui souhaitent en disposer sans ordonnance", a ajouté l'ANSM.
Après un premier avis en ce sens début octobre, cette décision finale a été prise au terme d'une procédure contradictoire auprès des laboratoires concernés.
Cette mesure concerne les médicaments contenant du paracétamol (Doliprane, Efferalgan, etc.), ainsi que certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : ceux à base d'ibuprofène (comme le Nurofen ou l'Advil) et l'aspirine.
Ces médicaments sont les plus utilisés en automédication comme anti-douleurs ou contre la fièvre chez les adultes et les enfants, selon l'ANSM.
Jusqu'à présent, ils peuvent être vendus en accès direct, le client se servant soi-même dans les rayons de la pharmacie. Toutefois, dans les faits, nombre de pharmaciens ont déjà choisi de les placer derrière leur comptoir, avant même la décision de l'ANSM.
"Ce sont des médicaments très utilisés, c'est bien que les patients puissent y avoir accès, mais il faut faire le maximum pour qu'ils soient utilisés correctement", explique à l'AFP le Docteur Philippe Vella, directeur des médicaments antalgiques à l'ANSM.
Car un mauvais usage comporte des risques.
Pris à des doses trop élevées, le paracétamol peut provoquer de graves lésions du foie, qui peuvent nécessiter une greffe, voire être mortelles.
Fin 2017, une jeune femme, Naomi Musenga, était morte après avoir été raillée au téléphone par une opératrice du Samu de Strasbourg, ce qui avait provoqué une grosse vague d'émotion en France. Selon l'enquête, cette mort était "la conséquence d'une intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours".
"Surdosage = Danger"
Pour un adulte sain de plus de 50 kilos, la dose maximale de paracétamol est de 3 grammes par 24 heures, en ne dépassant pas 1 gramme par prise avec un espace d'au moins 6 heures entre chaque prise.
En outre, la durée maximale de traitement recommandée est de "3 jours en cas de fièvre, 5 jours en cas de douleur, en l'absence d'ordonnance", rappelle l'ANSM.
En juillet, le gendarme du médicament a décidé que l'avertissement "surdosage = danger" devrait désormais figurer sur les boîtes de paracétamol.
De leur côté, les AINS "sont notamment susceptibles d'être à l'origine de complications rénales, de complications infectieuses graves et sont toxiques pour le fœtus en cas d'exposition à partir du début du 6e mois de grossesse", selon l'ANSM.
Elle avait émis un avertissement à ce sujet en avril, au terme d'une enquête qui suggérait le rôle aggravant de deux types d'AINS, ceux à base d'ibuprofène et de kétoprofène, en cas d'infection.
En 18 ans, de 2000 à 2018, 337 cas de complications infectieuses, dont 32 décès, ont été répertoriés pour l'ibuprofène.
L'enquête montrait en outre qu'on persiste à utiliser les AINS pour traiter les enfants atteints de varicelle, alors qu'ils doivent être évités au profit du paracétamol.
"En cas de douleur ou de fièvre, notamment dans un contexte d'infection courante comme une angine ou une toux", il faut "privilégier l'utilisation du paracétamol en respectant les règles de bon usage", souligne l'ANSM.
Les principaux laboratoires concernés par la décision de l'ANSM, Sanofi (qui fabrique le Doliprane), Biogaran et Upsa, ont jugé qu'elle favorisait "la prévention du risque" et le "bon usage" du médicament.
Dans la même logique, l'ANSM a annoncé qu'elle souhaitait "sécuriser l'utilisation des vasoconstricteurs", très utilisés pour traiter les symptômes liés au rhume et dont certains sont accessibles sans ordonnance (par exemple Actifed Rhume, Dolirhume ou Humex Rhume).
"Un mésusage important est constaté avec ces produits : il s'agit majoritairement d'une utilisation prolongée au-delà de 5 jours", a expliqué l'ANSM.
Or, ces médicaments peuvent "être associés à un risque d'effets indésirables rares mais graves, en particulier cardiovasculaires et neurologiques".
L'ANSM envisage qu'une "fiche d'information" soit remise au patient par le pharmacien lors de la délivrance du médicament.
Là encore, la décision sera prise au terme d'une phase contradictoire auprès des labos.
AFP/VNA/CVN