>>Le Premier ministre arménien annonce sa démission à la télévision
Une session du Parlement arménien à Erevan, en mai. |
La dissolution est automatique après deux échecs consécutifs des députés à désigner un nouveau chef du gouvernement après la démission de Nikol Pachinian en octobre.
"Mes félicitations à tout le monde! Le Parlement a été dissous en vertu de la loi", a écrit l'ex-journaliste de 43 ans sur sa page Facebook après le deuxième vote au Parlement.
Ce pari politique de Nikol Pachinian lui permet de se rapprocher de son objectif: reprendre son poste de Premier ministre, mais cette fois avec le contrôle du Parlement.
Nikol Pachinian est arrivé au pouvoir en mai dernier après avoir mené pendant plusieurs semaines des manifestations massives antigouvernementales, mais il ne contrôle pas le Parlement, encore largement acquis au Parti républicain de l'ex-président Serge Sarkissian, raison pour laquelle il souhaite organiser des élections anticipées.
Il avait annoncé sa démission le 16 octobre, tout en restant chef du gouvernement par intérim, afin de pouvoir convoquer des élections législatives anticipées. Il avait alors promis de "garantir la libre expression de la volonté du peuple lors d'élections législatives anticipées".
Jusqu'ici, les prochaines élections législatives dans cette ex-république soviétique du Caucase du Sud n'étaient prévues qu'en 2022.
Après la démission du Premier ministre, le Parlement avait deux semaines pour élire un nouveau Premier ministre. En cas d'échec à deux reprises, ce qui s'est passé, la Constitution stipule que le Parlement doit être dissous et de nouvelles élections deviennent inévitables.
Le Premier ministre Nikol Pachinian lors d'une réunion de son gouvernement à Erevan, le 16 octobre. |
Selon la Constitution arménienne, elles doivent absolument être organisées entre 30 et 45 jours après la dissolution du Parlement.
La date du scrutin doit être annoncée officiellement dans un décret du président arménien Armen Sarkissian, dont la publication est attendue dans la soirée.
Mais peu avant le vote jeudi, Nikol Pachinian a d'ores et déjà affirmé à la presse que celles-ci devaient avoir lieu le 9 décembre.
Résultat "prévisible"
Selon des analystes, le Parti du Contrat civil de Nikola Pachinian devrait remporter sans surprise ces élections.
"Le résultat des législatives anticipées est tout à fait prévisible. En décembre, Pachinian aura le contrôle du Parlement", assure à l'AFP l'analyste Viguen Hakobian.
Cette manoeuvre de M. Pachinian s'est au début heurtée à la résistance du Parti républicain, majoritaire au Parlement, qui a fait voter le 3 octobre des amendements rendant plus difficile la convocation d'élections anticipées.
Ce mouvement a poussé Nikol Pachinian à appeler ses partisans à se réunir près du Parlement pour protester contre cette initiative "contre-révolutionnaire".
Il avait ensuite limogé six ministres dont les partis avaient soutenu les amendements, qui n'ont pas été promulgués par le président Armen Sarkissian.
Le Parti républicain, majoritaire au Parlement, a affirmé ne pas être opposé à des élections anticipées, mais ne pas vouloir les organiser avant mai ou juin 2019, et non décembre comme le voudrait Nikol Pachinian, afin que les partis aient le temps de s'y préparer.
Selon l'analyste Stepan Safarian, M. Pachinian, qui a fait de la lutte contre la corruption et la pauvreté ses priorités, souhaite organiser des élections anticipées alors qu'il est au sommet de sa popularité.
"Maintenant, la cote de popularité de Pachinian et de son parti s'envolent, mais qui sait jusqu'à quand ça durera", explique M. Safarian. "C'est pourquoi il voulait s'assurer que les élections anticipées soient organisées le plus rapidement possible", assure l'analyste.
AFP/VNA/CVN