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Le ministre argentin de l'Économie, Nicolas Dujovne, à Buenos Aires le 3 septembre. |
Confrontée à l'effondrement de sa monnaie, l'Argentine a dépêché son ministre de l'Économie, Nicolas Dujovne, à Washington pour rencontrer Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, afin de voir comment l'aide de l'institution monétaire pourrait être déboursée plus rapidement, à la demande de Buenos Aires.
"Nous avons progressé dans notre réunion et nous allons travailler ensemble pour renforcer davantage le programme des autorités argentines soutenu par le FMI", a déclaré Mme Lagarde dans un communiqué.
"Nos discussions vont maintenant se poursuivre au niveau technique et (...) notre objectif commun est de parvenir rapidement à une conclusion afin de présenter une proposition au conseil d'administration du FMI", a-t-elle ajouté.
Buenos Aires cherche à faire accélérer les versements d'un programme de stabilisation économique du FMI de 50 milliards de dollars signé en juin.
Interrogé mardi soir 4 septembre sur la tranche qu'il pourrait obtenir plus rapidement, le ministre argentin a répondu: "Nous ne pouvons pas donner de chiffres pour l'instant". "Nous ne pouvons en aucun cas donner de chiffres au moment où nous sommes en pleine discussion avec les autorités", a-t-il déclaré à des journalistes. Un premier versement de 15 milliards de dollars a déjà été effectué fin juin.
Contreparties
En contrepartie d'un nouvel effort du FMI, les autorités argentines doivent revoir leur programme de réformes économiques.
Elles ont annoncé de nouvelles taxes sur les exportations et le président argentin Mauricio Macri a présenté lundi un plan ambitieux de coupes pour réduire le déficit budgétaire du pays à zéro en 2019. Il était de 3,9% en 2017.
Dans le cadre de cette stratégie d'économies, douze des 22 ministères ont été rétrogradés en secrétariats d'État, y compris des portefeuilles clés tels que la Santé et le Travail.
L'incertitude sur l'économie argentine a miné la confiance et fortement pénalisé sa monnaie, le peso, qui a perdu plus de 50% de sa valeur par rapport au dollar depuis le début de l'année.
Avant la réunion au siège du FMI, M. Macri avait eu une conversation téléphonique avec le président américain Donald Trump pour aborder la situation économique de l'Argentine, qui accueille cette année le G20.
"Ce matin, j'ai parlé au président de l'Argentine Mauricio Macri et j'ai réaffirmé le fort soutien des États-Unis à l'Argentine en ces temps difficiles", a dit M. Trump dans un communiqué, estimant que son homologue argentin "fait un excellent travail dans un contexte économique et financier très difficile".
Nouvelles mesures d'austérité en Argentine. |
Mardi 4 septembre, l'indice Merval de la Bourse de Buenos Aires a terminé en baisse de 4,10% et le peso argentin a encore perdu 1,88% sur le marché des changes. Il s'échangeait à 39,79 unités pour un dollar.
Pour Christian Lawrence, stratège de marchés pour Rabobank, "si une ligne de crédit plus importante n'intervient pas rapidement de la part du FMI, alors --dans un environnement où le dollar monte, de même que les taux d'intérêt américains--, il est difficile de voir d'où viendra le répit pour le peso et d'autres monnaies de pays émergents".
Faute de confiance dans leur monnaie, les investisseurs et les citoyens argentins achètent massivement des dollars, monnaie refuge par temps de forte inflation.
"Le récent effondrement du peso argentin a suscité des préoccupations sur un défaut de paiement. À ce stade, le plus probable est que le gouvernement parviendra à tenir ses engagements sur la dette", selon l'institut britannique Capital Economics.
"Ceci dit, s'il échouait à obtenir de nouveaux financements du FMI ou si un dérapage fiscal se produisait, avant les échéances de la dette de novembre, un défaut deviendrait alors possible", a-t-il ajouté.
Pour freiner la dégringolade du peso, la Banque centrale argentine a adopté des remèdes de cheval, comme la hausse --jusqu'en décembre-- de son taux directeur, passé de 40 à 60% en l'espace de quinze jours.