Argent sale : à Londres, sus à l'immobilier douteux

La saisie de biens immobiliers détenus par des ressortissants étrangers et dont le financement pose question est désormais chose possible à Londres, après l'adoption cette semaine d'un nouvel arsenal destiné à répondre au problème de blanchiment d'argent.

Baptisé "Décret sur la richesse inexpliquée", ce train de mesures a été salué par les organisations de lutte contre la corruption, qui considèrent qu'il pourra contribuer à empêcher le blanchiment d'argent via l'acquisition de luxueuses résidences dans les quartiers cossus de la capitale britannique.

Le dispositif, qui découle d'une loi sur la criminalité financière adoptée jeudi 27 avril, donne aux autorités le pouvoir de saisir, et de vendre le cas échéant, les biens suspects. "Si un quelconque responsable corrompu, dont on sait qu'il gagne entre 30.000 et 40.000 livres par an, achète une maison au Royaume-Uni pour deux millions de livres, alors on peut parler de richesse inexpliquée", a souligné la députée de l'opposition travailliste Margaret Hodge, qui milite activement contre le blanchiment d'argent.

Le parc Greenwich au sud-est de Londres. Photo :

5 milliards d'euros

Le problème a atteint des proportions vertigineuse dans la capitale britannique: selon un rapport de l'organisation Transparency International, les propriétés londoniennes détenues par des individus aux revenus suspects représentent 4,2 milliards de livres (environ 5 milliards d'euros). Soit autant de "fruits prêts être cueillis" grâce aux nouvelles mesures, se réjouit Duncan Hames, un responsable de l'ONG.

Qui prévient néanmoins: "Une loi ne vaut que par son application, et nous appelons maintenant les autorités à utiliser le décret aussi vite que possible".

Mettre en oeuvre ce type de dispositif n'a effectivement rien d'une sinécure, explique à l'AFP Matthew Page, un ancien analyste du renseignement américain. il souligne qu'aux États-Unis, des mesures similaires se heurtent parfois à des armées d'avocats, quand ce n'est pas la politique qui s'en mêle. Ou les relations internationales.

La Russie a ainsi inspiré une autre mesure de la loi contre la criminalité financière qui permet aux autorités de geler les avoirs de responsables étrangers coupables d'agressions à l'encontre de défenseurs des droits de l'Homme ou de militants anti-corruption.

Une sorte d'hommage posthume à Sergueï Magnitski: ce juriste russe, un symbole de la lutte contre la corruption, avait été arrêté à Moscou en 2008 après avoir dénoncé une vaste machination financière ourdie, selon lui, par des responsables de la police et du fisc russes au détriment de l’État russe et du fonds d'investissement britannique Hermitage Capital. Il est mort en prison fin 2009, en Russie. Pour William Browder, fondateur du Hermitage Capital, le Royaume-Uni dispose désormais de "nouveaux outils extrêmement puissants". "J'espère que les autorités vont commencer à les utiliser énergiquement pour montrer au monde que Londres n'est plus un refuge", dit-il. "Mais si rien ne se passe, il faudra en tirer les conclusions qui s'imposent".

Paradis fiscaux

Lors d'un sommet international l'an passé, le gouvernement britannique s'était engagé à mener le combat mondial contre la corruption, et a depuis ouvert un registre public recensant qui possède et contrôle les entreprises britanniques. Une consultation a en outre été lancée sur la création d'un registre similaire pour les compagnies étrangères possédant des propriétés au Royaume-Uni.

Applaudi d'un côté, le gouvernement britannique s'est aussi attiré des critiques pour ne pas avoir prévu des mesures de transparence contre les paradis fiscaux que peuvent constituer ses territoires d'outre-mer, et par lesquels peuvent transiter, via des sociétés anonymes, des fonds destinés à l'achat de biens à Londres. "A moins que le gouvernement ne légifère pour empêcher (ces) sociétés (...), nous continuerons à perdre le combat contre la corruption", met en garde Naomi Hirst, une responsable de l'ONG Global Witness.

La députée Margaret Hodge n'hésite pas, elle, à accuser la Première ministre conservatrice Theresa May de mettre sciemment la pédale douce, pour éviter de "froisser qui que ce soit" à l'heure où, Brexit oblige, le pays doit forger de nouveaux accords internationaux.

AFP/VNA/CVN

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