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Les leaders du parti d'extrême droite (AfD), Beatrix von Storch Alexander Gauland (centre) et Joerg Meuthen (droite), se retrouvent pour le congrès de leur formation à Hanovre, en Allemagne, le 2 décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Réunis à Hanovre (Nord), les 600 délégués de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) ont reconduit Jörg Meuthen, 56 ans, seul leader depuis le départ fracassant de l'ex-figure de proue Frauke Petry, avant de lui adjoindre Alexander Gauland, 76 ans, patron du groupe parlementaire.
Auteur de propos controversés sur l'islam et le refus de la "repentance" allemande pour les crimes nazis, M. Gauland s'est déclaré à la dernière minute, à l'heure de départager deux autres candidats qui ont aussitôt jeté l'éponge.
"Ce n'est pas ce que je cherchais", a-t-il assuré, "mais le destin en a décidé autrement et mes amis m'ont convaincu d'y aller".
Ce double choix entérine la droitisation du parti, mais ni Jörg Meuthen, avec 72% des voix, ni M. Gauland, à 68%, n'ont pleinement réconcilié radicaux et conservateurs modérés, alors qu'aucun n'avait d'opposant déclaré.
Leur but est désormais de "faire la chasse" à Angela Merkel, comme l'a promis M. Gauland, alors que la chancelière, après douze ans à la tête du pays, cherche désespérément à forger une majorité gouvernementale dans un paysage politique émietté.
"Bac à sable"
L'AfD a en effet rongé la base des autres partis lors des législatives du 24 septembre en entrant à la chambre des députés avec 12,6% des voix pour décrocher 92 représentants, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale pour une formation de ce type.
Des policiers contrôlent l'entrée au congrès du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) qui se tient à Hanovre, en Allemagne, le 2 décembre |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Affaiblie comme jamais après ce séisme politique, Mme Merkel a d'abord tenté de s'allier avec les Verts et les Libéraux, en vain, et elle s'efforce désormais de convaincre les sociaux-démocrates, ses partenaires de la coalition sortante.
Ces "pathétiques petits jeux de bac à sable" sont "bons pour nous" et "nous apportent plus de partisans", s'est réjoui Jörg Meuthen dans son discours d'ouverture.
Signe de l'importance prise par l'AfD et des craintes qu'elle suscite, environ 8.500 manifestants sont attendus sur l'ensemble du week-end à Hanovre, pour dénoncer notamment les positions anti-migrants de cette formation déjà présente dans 14 des 16 parlements régionaux.
Plusieurs centaines de personnes ont tenté samedi matin de bloquer l'accès au congrès, avant que la police, qui a mobilisé des milliers d'agents pour éviter tout débordement, ne fasse usage de canons à eau pour libérer la chaussée.
Ces échauffourées ont fait plusieurs blessés parmi les forces de l'ordre, dont un policier touché à la main par un jet de bouteille, alors qu'un manifestant qui s'était enchaîné à une barricade s'est cassé la jambe et a été hospitalisé, selon la police.
Renvoi en Syrie
En milieu de journée, plus de 6.000 manifestants ont déambulé dans le centre de Hanovre pour défendre la politique migratoire de Mme Merkel, qui s'est traduite par l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile depuis 2015.
La police allemande empêche des militants antifascistes d'entrer au congrès du parti d'extrême droite AfD qui se tient à Hanovre, en Allemagne, le 2 décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour l'AfD, ressuscitée par la crise des réfugiés après une crise interne qui avait failli lui être fatale à l'été 2015, définir une ligne cohérente reste le principal enjeu des prochaines années.
L'aile radicale et la ligne conservatrice plus modérée se déchirent en effet depuis les origines du parti, au point de voir la coprésidente Frauke Petry claquer la porte au lendemain des législatives pour protester contre la dérive droitière.
Créée en 2013 sur une plateforme anti-euro, l'AfD n'a depuis cessé de se radicaliser, en surfant sur la crise des réfugiés et en pilonnant Angela Merkel, se présentant désormais comme seul parti à défendre "des politiques patriotes", selon Jörg Meuthen.
Côté programme, les délégués doivent débattre de plusieurs motions, dont l'une appelant à interdire la circoncision des jeunes garçons, pratiqués par les musulmans et les juifs.
Une autre réclame une définition beaucoup plus restreinte de l'antisémitisme, afin de permettre davantage de critiques contre les juifs dans le pays sans risquer les tribunaux.
Récemment, le parti a aussi suscité un tollé en appelant au renvoi immédiat en Syrie de dizaines de milliers de réfugiés, soutenant que "de grandes parties" du pays étaient désormais sûres.
AFP/VNA/CVN