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La chancelière allemande Angela Merkel en discussion avec le ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel et le ministre des Finances par intérim (gauche) Peter Altmaier, le 21 novembre à Berlin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'Alternative pour l'Allemagne (AfD) a provoqué un séisme politique lors des élections législatives du 24 septembre en entrant à la chambre des députés avec 12,6% des voix.
Elle y compte désormais 92 représentants, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale pour une formation de ce type.
Fort de ce succès, l'AfD, également présente dans 14 des 16 parlements régionaux, réunit ce week-end environ 600 délégués à Hanovre, dans le nord du pays. Objectif: désigner ses nouveaux dirigeants et se doter d'une feuille de route politique pour se positionner comme principal opposant à Angela Merkel.
Depuis deux mois, la formation se délecte en effet des difficultés de la chancelière qui, après douze ans à la tête du pays, est sortie très affaiblie des législatives. Son camp conservateur les a certes remportées mais avec un score historiquement faible.
Depuis, Mme Merkel cherche désespérément à forger une majorité gouvernementale dans un paysage politique émietté.
En marge du congrès, quelque 8.500 opposants sont attendus à Hanovre où ils entendent donner de la voix contre les positions anti-migrants de l'AfD.
Mobilisation policière
Des milliers de policiers ont été mobilisés pour éviter tout débordement et le syndicat de police GdP a appelé au calme, après des échauffourées qui avaient éclaté lors du congrès du parti en avril à Cologne (Ouest). Plusieurs policiers avaient été blessés.
Le parti va également tenter d'apaiser le climat en interne, où se déchirent depuis des années l'aile la plus radicale et les tenants d'une ligne plus modérée.
Illustration spectaculaire de ces querelles: la démission, au lendemain des législatives, de la co-présidente Frauke Petry qui a claqué la porte pour protester contre la dérive droitière du parti.
"L'AfD ne parvient pas à s'apaiser, le parti bataille autour de la direction qu'elle veut prendre", analyse l'hebdomadaire Der Spiegel.
"Le parti est toujours divisé quant à savoir jusqu'où il doit se droitiser", poursuit le magazine.
Créé en 2013 sur une plateforme anti-euro, l'AfD n'a depuis cessé de se radicaliser, en surfant sur la crise des réfugiés et en pilonnant Angela Merkel
et sa décision d'ouvrir en 2015 la porte à des centaines de milliers de réfugiés.
Alexander Gauland, co-leader du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) le 23 novembre à Potsdam. Photo : AFP/VNA/CVN |
La Syrie, pays sûr
"Merkel est complètement sur le déclin, et c'est en partie grâce à nous", s'est félicité dans un entretien à l'AFP l'un des chefs de file de l'AfD, Alexander Gauland.
La question du leadership constituera donc un enjeu fort de ce congrès, après le départ de Frauke Petry.
Pour tenter de réconcilier les différentes tendances, le parti a opté pour une direction collégiale d'au moins deux personnes.
La bataille fait rage pour le deuxième poste au côté de l'actuel co-président Jörg Meuthen, un élu de l'Ouest du pays, professeur d'économie aux allures de notable.
L'aile modérée souhaite imposer le patron de l'AfD Berlin, Georg Pazderski, un ancien colonel de l'armée allemande.
Mais la frange la plus nationaliste entend faire élire un "dur". À 73 ans, Alexander Gauland, qui milite pour la fin de la repentance allemande pour les crimes nazis, pourrait en profiter pour obtenir le poste.
Côté programme, les délégués débattront de plusieurs motions, dont l'une appelant à interdire la circoncision des jeunes garçons, pratiqués par les musulmans et les juifs.
Une autre réclame une définition beaucoup plus restreinte de l'antisémitisme, afin de permettre davantage de critiques contre les juifs dans le pays sans risquer les tribunaux.
Récemment, le parti a aussi suscité un tollé en appelant au renvoi immédiat en Syrie de dizaines de milliers de réfugiés, soutenant que "de grandes parties" du pays étaient désormais sûres.
AFP/VNA/CVN