Allemagne
Merkel tente de rallier les sociaux-démocrates à un gouvernement

Angela Merkel rencontre jeudi soir 30 novembre le président des sociaux-démocrates pour tenter de sortir l’Allemagne de la crise politique, dans un contexte alourdi par une controverse autour de l'autorisation du glyphosate.

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La chancelière allemande Angela Merkel et le président des sociaux-démocrates Martin Schulz avant un débat télévisé le 24 septembre.
La chancelière allemande Angela Merkel et le président des sociaux-démocrates Martin Schulz avant un débat télévisé le 24 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'entrevue au sommet entre la chancelière et Martin Schulz, qui a lieu dans le bureau du chef de l'État, Frank-Walter Steinmeier, médiateur de cette crise, débute à 20h00 (19h00 GMT). Elle vise à sonder la possibilité d'une alliance en vue de former un nouveau gouvernement.

"Pour Merkel, c'est un combat pour sa survie politique qui commence", estime le Spiegel, "Merkel doit tout faire pour forger cette alliance, la seule susceptible de lui assurer un pouvoir stable".

Depuis plus d'un mois, le pays est dirigé par un cabinet chargé d'expédier les affaires courantes, avec la chancelière conservatrice à sa tête. Et l'incertitude devrait durer jusqu'au printemps.

En cause : les élections législatives de septembre, qui n'ont pas permis de dégager une majorité évidente, puis l'échec dans la foulée d'une tentative de formation d'un gouvernement hétéroclite à quatre, démocrates-chrétiens de la chancelière (CDU), leur allié bavarois CSU, les libéraux et les écologistes.

Arithmétiquement, seule une poursuite de l'alliance existante depuis 2013 entre conservateurs et sociaux-démocrates du SPD peut encore permettre d'obtenir une majorité.

Après avoir opté pour une cure d'opposition, le SPD a accepté de discuter faute d'alternative et sous la pression du président allemand, lui-même social-démocrate.

Selon un sondage publié jeudi 30 novembre, une majorité d'Allemands (61%) est favorable à l'ouverture de négociations sur le sujet. À défaut, ne resterait comme issue que de nouvelles élections. Sans aucune garantie que la donne politique en soit modifiée.

La rencontre de jeudi soir 30 novembre, à laquelle participe aussi le patron de la CSU Horst Seehofer, doit en principe mettre les consultations sur les rails.

Gouvernement minoritaire ?

Martin Schulz dit s'attendre à ce que d'autres discussions soient décidées ensuite dans les jours et semaines à venir. "Et nous verrons bien alors dans quel processus nous nous engagerons", a-t-il dit cette semaine.

Le SPD avance à reculons à l'idée de faire perdurer la coalition des deux grands partis rivaux au plan national, avec le risque de nourrir par ce biais les extrêmes. Cette alliance a déjà dirigé le pays à deux reprises depuis 2005.

Du coup, le SPD veut aussi discuter d'alternatives, comme un soutien sur certains dossiers à un gouvernement minoritaire des seuls conservateurs de la chancelière, où de la CDU alliée aux écologistes.

"Il est possible que le pays aboutisse à une constellation que nous n'avons encore jamais connue dans l'histoire" d'après-guerre, a jugé Martin Schulz.

Angela Merkel a jusqu'ici exclu un tel gouvernement minoritaire en invoquant le besoin de stabilité du pays.

"Il y a en Europe de grandes attentes à des questions urgentes", a argumenté la chancelière.

Mais certains médias allemands croient savoir qu'elle préférera cette formule à de nouvelles élections en cas d'échec des pourparlers avec les sociaux-démocrates.

Ces derniers ne démarrent pas sous les meilleurs auspices : les sociaux-démocrates ne décolèrent pas depuis que l'actuel ministre de l'Agriculture, un conservateur de la CSU proche des milieux agricoles, a donné son feu vert à Bruxelles à la réautorisation de l'herbicide controversé glyphosate, sans concertation avec le reste de son gouvernement.

Ce coup d'éclat "va sans aucun doute peser sur les négociations" avec les sociaux-démocrates, a convenu un responsable de la CDU, Carsten Linemann.

"Soit Mme Merkel ne tient pas son gouvernement soit on a voulu porter un coup au SPD", a dit jeudi 30 novembre un responsable social-démocrate, Ralf Stegner.

Ces discussions sont en outre menées par trois présidents de partis affaiblis suite à la victoire sur un score historiquement faible des conservateurs aux législatives et à la défaite cuisante des sociaux-démocrates, dans un contexte de poussée de l'extrême droite.

Angela Merkel reste critiquée en interne pour sa politique migratoire, Horst Seehofer doit affronter une rébellion à la CSU de rivaux voulant sa place, tandis que Martin Schulz donne l'impression d'un président en sursis.


AFP/VNA/CVN

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