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Le maire de Hambourg, Olaf Scholz, dépose des fleurs le 29 juillet 2017, au lendemain d'une attaque au couteau. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Si les enquêteurs cherchent encore à percer les raisons précises de ce que le maire de Hambourg a qualifié d'"attentat odieux", le débat sur l'accueil des migrants, lui, a repris en Allemagne car l'assaillant est un demandeur d'asile débouté.
Vendredi après-midi 28 juillet, l'homme a attaqué des gens qui faisaient leurs courses dans une rue très commerçante d'un quartier du nord de Hambourg.
Le bilan s'établit à un mort et six blessés, cinq hommes et une femme, dont certains grièvement.
"Il était connu comme islamiste mais pas comme jihadiste", a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur de la ville-Etat de Hambourg, Andy Grote.
L'homme de 26 ans, un Palestinien né aux Emirats arabes unis arrivé en mars 2015 en Allemagne depuis la Norvège, était considéré comme "un cas suspect" suite à "des éléments montrant une radicalisation" religieuse.
"Changement"
"Pendant le dernier ramadan il a acheté des vêtements islamistes et lisait le Coran dans sa chambre a voix haute", a raconté son voisin de chambre, Mohamad, 31 ans.
Il s'était aussi rendu dans une université de la ville "pour faire des prêches, il criait aux étudiants qu'on tuait des musulmans, il parlait de la situation en Palestine", a-t-il ajouté.
Les experts de la police technique et scientifique, le 28 juillet 2017 à Hambourg. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mais dans le même temps, les autorités de Hambourg ont mentionné une "instabilité psychologique" chez l'homme. Au final il n'est pas encore possible de savoir "lequel des éléments a constitué l'élément déclencheur", a souligné M. Grote.
Le ministre fédéral de l'Intérieur, Thomas De Maizière, proche de la chancelière Angela Merkel, a appelé dans ce contexte à ne pas tirer de conclusions hâtives, alors que la droite nationaliste de l'AfD s'est empressée de mettre en cause "l'islam" à Hambourg.
"Il faut s'attendre à ce que l'idéologie jihadiste soit utilisée comme justification pour des actes qui ont d'autres motivations" et trouvent leur origine peut-être "dans la personnalité" des auteurs, a-t-il dit.
Malgré les doutes sur la santé mentale de l'homme, la justice de Hambourg a décidé samedi 29 juillet de le placer en détention à l'issue de sa garde à vue et non de le faire interner en hôpital psychiatrique.
"Aucun élément tangible" n'a été identifié pour permettre d'atténuer sa responsabilité, a indiqué la porte-parole du parquet local Nana Frombach.
L'homme a parlé de son parcours mais a refusé de s'exprimer sur les motivations de son acte, a-t-elle souligné auprès de l'agence de presse dpa.
Vendredi 28 juillet, il a fait irruption dans un supermarché, s'est emparé dans un rayon d'un couteau de cuisine et a poignardé mortellement un Allemand de 50 ans. Il a ensuite blessé deux autres clients à l'intérieur du magasin puis quatre autres dans la rue, en criant "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand) sur son passage.
"Cauchemar"
Des fleurs et des bougies en hommage aux victimes d'une attaque à Hambourg, le 29 juillet 2017. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Les courses pour le week-end de nombreux Hambourgeois ont tourné au cauchemar", a résumé le ministre de l'Intérieur.
Ce sont finalement des passants qui se sont lancés à sa poursuite et ont réussi à le maîtriser. Angela Merkel a salué "leur courage citoyen".
Sur le plan politique, les interrogations autour des migrants ressurgissent dans le pays, qui a accueilli plus d'un million de demandeurs d'asile depuis 2015. Angela Merkel se voit depuis accusée par la droite nationaliste d'avoir fait entrer des jihadistes en puissance en Allemagne.
"Que faisait encore cet homme en Allemagne?", demandait samedi 29 juillet le quotidien Bild, le plus lu du pays.
Débouté de sa demande, l'agresseur de Hambourg n'avait pu être reconduit à la frontière faute de papiers en règle.
Politiquement, ce point est délicat pour les autorités allemandes, dans un contexte chargé du fait de la proximité des élections législatives du 24 septembre, où Angela Merkel briguera un quatrième mandat.
Le lien a commencé en effet à être fait en Allemagne avec l'attentat jihadiste au camion-bélier contre le marché de Noël à Berlin en décembre (12 morts).
Il avait été commis par un demandeur d'asile tunisien, Anis Amri, qui était dans une situation juridique identique.