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Des clients font la queue devant le stand de saucisses "Wuerstelstand" près de la célèbre rue Kaertner à Vienne, en Autriche, le 18 juin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous croisons les doigts pour obtenir satisfaction", explique Patrick Tondl, l'un des fondateurs de l'association qui a déposé la candidature au patrimoine culturel immatériel, avec le soutien du maire de Vienne Michael Ludwig.
Propriétaire du plus vieux "Würstelstand" de la ville ouvert dès 1928, il propose jour et nuit, comme quelque 180 autres kiosques, des saucisses aux deux millions d'habitants dans une barquette en carton, avec une tranche de pain, de la moutarde et du raifort.
Si les clients sont au rendez-vous, le nombre d'échoppes a décliné ces dix dernières années, plus d'une centaine s'étant reconverties pour proposer désormais des pizzas, kebabs, hamburgers ou plats asiatiques, selon la Chambre de commerce.
Brassage social
Des saucisses grillées sont photographiées au plus ancien stand de saucisses de la ville, le "Wuerstelstand LEO", à Vienne, en Autriche, le 18 juin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Fier d'en être à la quatrième génération, M. Tondl, 36 ans, voit avant tout dans ces stands, purs produits de la gastronomie germanique, des lieux de "rencontres" et "d'échanges".
"Tout le monde est sur un pied d'égalité. Un banquier fortuné peut tout à fait venir y discuter avec quelqu'un qui gratte les fonds de tiroir", dit-il au sujet d'un brassage de plus en plus rare.
Car "ici, on peut encore boire et manger pour moins de dix euros. Pas négligeable quand on a moins d'argent qu'avant pour se nourrir", dans un contexte de forte inflation.
Les emplacements fixes ne sont autorisés par la ville de Vienne que depuis 1969, mais la tradition des stands ambulants remonte à l'époque impériale.
À l'époque, ils se déplaçaient en fonction de la demande, s'installant par exemple à la sortie des usines ou des écoles.
Attraction touristique
Des assiettes de saucisses grillées sont photographiées au plus ancien stand de saucisses de la ville, le "Wuerstelstand LEO", à Vienne, en Autriche, le 18 juin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Depuis, nombre d'entre eux ont su évoluer et s'adapter à leur clientèle. "Quand mon grand-père a commencé, il ne proposait que de la saucisse vendue au mètre", raconte Vera Tondl, 67 ans, la mère de Patrick.
Les traditionnelles "Bratwurst" ou "Käsekrainer" (saucisses au fromage) sont ensuite apparues au menu, sur lequel figure aujourd'hui également une version végétarienne.
Une carte revue au goût du temps, et parfois un design plus moderne, ont donné selon Patrick Tondl "un nouvel élan" à cette tradition qui a aussi conquis les touristes.
"C'est ce qu'on veut manger quand on vient en Autriche", témoigne Sam Bowden, un Australien de 28 ans qui savoure, sur une table haute, ce qu'il estime être "probablement l'une des meilleures saucisses" de sa vie.
Une image "typique" que la candidature à l'Unesco entend renforcer, note Sebastian Hackenschmidt, auteur d'un livre de photos sur le sujet.
En écho aux patrons des kiosques à saucisses, il met en avant la "fonction sociale" de ces lieux à la "clientèle d'habitués", qui ne se résument pas à "de la vente à emporter".
Mais leur aspect "inclusif" est "un peu un mythe" dans une capitale où 40% de la population est née à l'étranger, nuance-t-il.
Face aux "habitudes qui changent", la bataille est aussi culturelle, avec une extrême droite plus forte que jamais: donnée gagnante des législatives à l'automne, le parti FPÖ ne manque jamais l'occasion de dénoncer une standardisation sous les effets de la mondialisation.
AFP/VNA/CVN