À quoi la ville de demain ressemblera-t-elle?

Un séminaire intitulé "La ville de demain" a été organisé le 25 mai par France Alumni lors de son programme Café Alumni, en coopération avec l’Institut français au Vietnam (IFV) à la Résidence française, dans la mégapole du Sud.

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Séminaire sur "La ville de demain", organisé par France Alumni.

De nombreuses conceptions ont été débattues en ce qui concerne l’aménagement foncier, l’urbanisation ainsi que la préservation des monuments, vestiges historiques ainsi que des valeurs patrimoniales pour bâtir des villes durables et intelligentes.

"À quoi la ville de demain ressemblera-t-elle? Quels seront les défis et les impacts des villes futures sur l’environnement? Comment peut-on préserver des patrimoines architecturaux et historiques?", a interrogé Vincent Floréani, consul général de France. Des questions majeures pour les urbanistes, architectes, autorités ainsi que citadins qui vivent dans une période où l’urbanisation rapide entraîne de nombreux changements socio-économiques et environnementaux.

Selon Ngô Viêt Nam Son, du Bureau d’architecture Ngô Viêt, les préoccupations autour de la ville du futur reposent sur la protection des valeurs patrimoniales anciennes, la construction d’une ville moderne risquant d’entraîner la démolition de monuments architecturaux et historiques de valeur. "Il est primordial de prendre en compte les valeurs du passé et de préciser quels sont les acteurs principaux de l’émergence de cette ville du futur", a insisté M. Son.

Selon lui, ces acteurs devraient être le gouvernement, les participants composés de fournisseurs de produits, services, matières premières et la communauté ainsi que leurs utilisateurs en plus des architectes, urbanistes, journalistes, sociologues, entre autres.

"Il y aura certainement encore d’autres acteurs, néanmoins, les acteurs précités joueront un rôle fondamental dans la mise en place d’une future ville, a estimé M. Son. Il est important que ces acteurs harmonisent les intérêts de la communauté et privés".

Ngô Viêt Nam Son, architecte, urbaniste et président du Bureau d’architectes Ngô Viêt.

Cet architecte a également montré des photos de Saigon, Hanoï, Sapa et Dà Lat autrefois pour des comparaisons au fil du temps. Selon M. Son, vu que l’économie du Vietnam connaît une croissance rapide, le besoin d’élargir ces villes est tellement fort que la naissance de gratte-ciels s’affirme comme une tendance irréversible. Il a déploré que des villes de Hanoï et Hô Chi Minh perdent des espaces verts ainsi que d’anciens patrimoines coloniaux.

"On peut planifier de nouvelles cités élargies dans une autre zone au lieu de détruire d’anciens ouvrages architecturaux et historiques, a fait remarquer M. Son. Si les autorités locales coopèrent étroitement avec des consultants expérimentés pour analyser les retombées culturelles, touristiques de ces anciens ouvrages, elles sauront pourquoi et comment les préserver".

Par ailleurs, il a déploré la disparition d’ouvrages de plus de cent ans dont bon nombre datant de l’époque coloniale. Selon lui, le gouvernement vietnamien n’a pas décrété de lois pour répertorier les ouvrages devant être protégés, même la cathédrale Notre-Dame de Saigon, la poste municipale ou le marché Bên Thành, entre autres, qui sont des symboles de la mégapole du Sud.

"Par contre, l’ancienne cité impériale de Huê et l’ancienne ville de Hôi An ont bien été préservées. Est-ce dû au fait que ces villes sont de petite taille et qu’il est ainsi plus facile de les sauvegarder; ou alors est-ce le fruit de la volonté et de la responsabilité des autorités locales?", s’est interrogé M. Son.

Concernant d’autres villes, il a comparé des images de Sapa d’autrefois et de Sapa d’aujourd’hui, de Dà Lat d’autrefois et de Dà Lat d’aujourd’hui. Les images démontrant des modifications radicales voire des disparitions de nombreuses structures anciennes le choquent profondément. La disparition des espaces verts et d’anciens ouvrages pour laisser la place à des centres commerciaux ou des hôtels suscitent en lui de grands regrets et… une certaine colère.

"Il est urgent de reconsidérer la planification de ces deux villes pittoresques! Sinon, les beaux ouvrages de plus d'un siècle ne seront bientôt plus que de beaux souvenirs que l'on contemplera sur des photos jaunies", a estimé M. Son.

Tôn Nu Quynh Trân, professeur et directrice du Centre de recherche urbaine et de développement de Hô Chi Minh-Ville.
Tôn Nu Quynh Trân, professeur et directrice du Centre de recherche urbaine et de développement de Hô Chi Minh-Ville.

La Professeur Tôn Nu Quynh Trân, directrice du Centre de recherches urbaines et de développement de Hô Chi Minh-Ville, a, quant à elle, abordé les notions de ville intelligente pour le cas particulier de la mégapole du Sud. Selon elle, il existe de nombreuses notions sur la ville de demain, mais il faut d’abord satisfaire des critères fondamentaux.
"Un site urbain se doit d’être plus civilisé qu’une site rural! Sinon, l’adjectif +urbain+ est inadéquat", a précisé le Prof. Trân. Selon elle, la durabilité de la ville de demain se caractérise par deux critères que sont bonne protection de l’environnement et bonne qualité de vie. En plus, le développement d’une ville intelligente doit suivre l’innovation scientifique et technologique.

En se basant sur les villes intelligentes des États-Unis et d’Europe, la Prof. Trân a analysé la possibilité de faire de la mégapole du Sud une ville intelligente, suite au projet de "Ville intelligente", ratifié en 2017 par le Comité populaire municipal pour la période 2017-2020, vision 2025.

Au niveau des défis, selon la Prof. Trân, le niveau d’éducation et de civisme des habitants de la ville est encore globalement faible, et ce en dépit du nombre d’intellectuels et d’élites, ce qui rendra difficile leur capacité d’adaptation aux infrastructures fondamentales d’une ville intelligente, sans compter le manque de connectivité entre les organismes compétents ainsi que les difficultés dans l’établissement des données digitales intégrées en matière de gestion.

"Néanmoins, la détermination du gouvernement et des habitants d’élaborer une ville intelligente est réelle. Et compte tenu de la croissance économique du pays et de la place de la ville dans l’économie nationale, la mégapole du Sud n'a pas d'autre choix que de suivre cette voie, celle de l’avenir", a fait remarquer la Prof. Trân.


Nguyên Khanh Duy, architecte, directeur du Bureau d’architectes DE-SO Asia.


Partageant les mêmes points de vue que les deux orateurs précités, l’architecte Nguyên Khanh Duy, directeur du Bureau d’architecture DE-SO Asia, a ajouté que la planification d’une ville du futur doit se focaliser sur les facilités de communication entre différentes localités. D’autre part, M. Duy a estimé que la capacité d’adaptation et d’intégration sociale dans ce nouveau milieu qu’est la ville intelligente était une autre donnée indispensable à prendre en compte.

Texte et photos : Truong Giang/CVN

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