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Des spectateurs arrivent le 2 avril 2021 devant le "Shed", lieu de spectacles à l'ouest de Manhattan, qui organisait un concert pour la première fois depuis la fermeture des lieux de spectacles en mars 2020 |
Cette cinéaste de profession, accompagnée de son compagnon et son fils adolescent, a pénétré vendredi soir 2 avril avec un grand sourire dans l'enceinte du "Shed", centre artistique à l'Ouest de Manhattan, qui proposait un concert de l'artiste Kelsey Lu. Les 150 spectateurs étaient tous munis soit d'une preuve de vaccination contre le COVID, soit d'un test PCR négatif vieux de moins de six heures.
Certains espéraient que vendredi 2 avril marque la grande réouverture des lieux de spectacles de la capitale culturelle américaine qu'est New York, fermés depuis mars 2020. Mais le Shed a été l'un des rares grands lieux à profiter de l'autorisation donnée par le gouverneur de New York de rouvrir à partir du 2 avril. Avec une capacité limitée à 33%, ou 150 personnes maximum.
Ce lieu, flambant neuf puisqu'il a ouvert en 2019, a des avantages que les vieux théâtres n'ont pas : il est à but non lucratif, doté d'un système d'aération ultra-moderne et son espace est complètement modulable, ce qui a permis de monter un programme adapté à la pandémie, a indiqué son directeur artistique, Alex Poots.
"Le plus important pour nous est de maintenir en vie ce qu'on appelle le théâtre vivant, même si on doit ramener notre capacité de plus de 2.000 à 150 personnes", a-t-il ajouté.
Comme la plupart des autres grands lieux de spectacles new-yorkais, les théâtres de Broadway, en revanche, restent désespérément fermés, souvent parce que la jauge de 33% n'est pas rentable.
Le maire de New York, Bill de Blasio, a néanmoins tenu à saluer ce début de réouverture, très symbolique pour une métropole qui a hâte de retrouver les millions de touristes et l'effervescence qui la caractérisaient avant la pandémie.
"Les arts reviennent en force à New York", a-t-il déclaré après avoir assisté, dans un théâtre off-Broadway, à la première représentation new-yorkaise de Blindness (L'Aveuglement). Un spectacle, basé sur le roman éponyme de José Saramago, parfait pour la pandémie: sans acteurs, tout en immersion audio, et dystopique à souhait.
"Le monde du théâtre est tellement important pour notre ville, pour notre identité de New-Yorkais. Et économiquement, il pèse quelque 100 millards de dollars annuels, donc il faut qu'il revienne pour de nombreuses raisons", a souligné l'élu.
Bientôt "le réveil" ?
En attendant la réouverture des lieux prestigieux, les New-Yorkais peuvent aller rire un peu dans quelques salles dédiées au "stand-up".
Caroline Baron, au centre, montre le certificat de vaccination sur son téléphone portable, avant d'assister à un concert au "Shed" à New York, le 2 avril. |
Assister à ces spectacles à sketches, avec une seule personne sur scène et des spectateurs assis à des tables, "est aussi sûr que d'aller dans un restaurant ou magasin", souligne Emilio Savone, propriétaire du New York Comedy Club, ravi d'avoir vendu toutes les places disponibles pour ce premier soir.
Depuis la fermeture en mars 2020 de ses deux salles de Manhattan, il compensait comme il pouvait avec des représentations sur des "rooftops" aménagés.
Pas de réouverture spectaculaire, donc, mais une reprise des spectacles qui s'annonce graduelle. D'autant que le taux de positivité au Covid, avec l'arrivée des variants britannique et brésilien, se maintient - malgré une campagne de vaccination qui tourne à plein régime - entre 6 et 7% ces derniers temps à New York, après l'assouplissement de nombreuses restrictions, notamment dans les restaurants ou les stades ces derniers jours.
"Si on regarde jusqu'à l'automne, je crois que ça va être le réveil" du spectacle, dit Alex Poots. "Mais ce serait naïf de penser qu'il n'y a pas de risque. Si la pandémie reprend sensiblement, il faudra faire une pause".
Après plus d'un an de fermeture, Emilio Savone, lui, philosophe. "Que peut-il nous arriver de pire ?" dit-il. "Quoi qu'il arrive maintenant, on est blindé".