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La librairie des Abbesses à Paris, le 2 novembre 2020. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Grandes, petites et moyennes, toutes sont le bébé de passionnés qui espèrent se faire une petite place sur un marché encombré. On compte près de 200 parutions chaque jour en France, de la part de 7.000 maisons différentes.
“On voulait se lancer sur le segment de la littérature blanche (qui ne relève pas d’un genre en particulier, ndlr), qui est la vitrine, la référence pour tous les éditeurs”, dit Romain Naudin, directeur éditorial de Faubourg Marigny, une maison qui fera paraître en mars ses deux premiers romans.
Elle est adossée à un groupe, La Geste, implanté dans les Deux-Sèvres, qui a créé ces dernières années six autres labels, comme les Presses universitaires de Nouvelle-Aquitaine (recherche) ou Marmaille & Compagnie (jeunesse).
Que ce groupe ait perdu près d’un tiers de chiffre d’affaires en 2020 ne l’a pas découragé. “Au contraire, on a vu ce réflexe citoyen des Français qui se sont précipités dans leur librairie quand elle était ouverte. Je n’espérais même pas voir ça dans ma vie. On nous avait tellement répété, dans les années 2000, que le numérique allait tout emporter sur son passage...”, affirme M. Naudin.
L’écrivain Jean Teulé à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Faubourg Marigny compte être une maison de taille moyenne, avec une douzaine de romans par an, d’auteurs qui ne feront pas la Une des magazines ou le tour des télévisions. Plus ambitieuse, Mialet-Barrault s’est invitée directement à la table des grands de l’édition parisienne. Son premier titre Crénom, Baudelaire ! de Jean Teulé, en octobre, s’est placé sur le podium des livres les plus vendus en France.
"Savoir tout faire"
Derrière ce nouvel arrivant, deux éditeurs chevronnés qui venaient d’une autre maison, Julliard : Betty Mialet et Bernard Barrault. “Bernard et moi, nous n’avions pas envie de retraite. Tout a commencé par une boutade, d’Antoine Gallimard, qui nous disait qu’il nous trouvait des locaux quand nous voulions. Et puis c’est devenu sérieux”, raconte Mme Mialet.
Ces locaux sont au cœur de la rive gauche, place de l’Odéon. Et Mialet-Barrault est devenu une filiale de Flammarion, elle-même intégrée dans le groupe Madrigall (Gallimard, POL, Casterman, etc.). Et des auteurs ont suivi - Philippe Jaenada, Yasmina Khadra, Mazarine Pingeot, Lionel Duroy - en quittant Julliard et donc sa maison mère Editis (groupe Vivendi).
“Le lecteur ne se préoccupe pas de l’éditeur, il recherche un auteur. Mais un label, ça compte. Et ça, chez Editis, ils ne le comprenaient pas bien”, selon l’éditrice. À l’autre bout du spectre, les plus petits doivent s’armer d’une foi inébranlable. C’est le cas de Marina Anca, qui crée une maison qu’elle appelle Blinkline Books, “sans aucune aide publique”.
Après l’édition de livres jeunesse bilingues qu’elle a écrits, elle fait paraître en mai un récit de la Première Guerre mondiale, “La Grande Guerre à 18 ans”, par le jeune soldat Paul Pourcelot, revu par son fils Léandre.
“Seule dans une maison d’édition, il faut savoir tout faire. Écrire, mettre en page, le commercial, la comptabilité, un site Internet, la gestion des commandes et l’envoi des factures, la négociation des contrats avec les chaînes, etc. C’est vrai que c’est épuisant, mais c’est aussi un bonheur, avec l’idée qu’on va peut-être apporter quelque chose, ce récit d’un être à part, j’allais dire mon soldat, qui était un homme d’un tel caractère !”, explique Marina Anca.
La certitude qu’ont en commun toutes ces maisons, c’est que la matière première - les textes à publier - ne manquera jamais.
“Le confinement a eu cet effet de libérer l’écriture. Nous ne sommes pas les plus connus, et nous recevons dix manuscrits par jour”, relève Betty Mialet.
AFP/VNA/CVN