À Nam Dinh, on fabrique des tambours depuis 300 ans

Le village de Tông Xa (Nord) est connu depuis 300 ans pour son métier traditionnel de factage de tambour à peau de buffle. Mais aujourd’hui, cet artisanat se perd peu à peu.

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À Tông Xa, le métier de facteur de tambour a traversé trois siècles grâce à 14 générations de la famille Nguyên. «Pour se souvenir du premier facteur, les habitants ont construit une maison de culte et ont choisi le 10e jour du 3e mois lunaire annuel pour commémorer l’anniversaire de sa mort. Cette journée a pour but de témoigner de la reconnaissance envers cet ancêtre, mais aussi de prouver que ce métier est pratiqué de génération en génération», explique Nguyên Van Thuong, de la 14e génération des Nguyên.
Le bois de jaquier est idéal pour fabriquer les tambours : tendre et souple, il donne un son clair. Photo : Net/CVN

Le son du tambour des Nguyên fait partie de la vie quotidienne des habitants de ce village, situé dans la commune d’Yên Xa (district d’Y Yên, province de Nam Dinh, Nord). Nombre d’activités communautaires impliquent obligatoirement la présence d’au moins un tambour, rappelant à chacun les générations successives de facteurs.
«Autrefois, la fabrication de tambours était la profession principale des habitants de Tông Xa et, à l’époque, les meilleurs artisans voyageaient un peu partout pour pratiquer leur métier», explique Nguyên Van Phong, 60 ans, chef de la lignée des Nguyên.
Les tambours, de taille et de dimension variées, sont réalisés sur commande. Comme par exemple le trông com (le tambourin oblong) ou le trông con (tambourin). Leur dimension va de 10 cm à 1,5 m. Le pic de production a lieu durant les 1er et 2e mois lunaire, pour le Têt et les fêtes de la Nouvelle Année, et les 7e et 8e mois lunaire, pour la rentrée scolaire, la Fête nationale et la Fête de la mi-automne. Les produits sont vendus dans toutes les provinces du pays.
Fabriquer un tambour nécessite deux matières premières : du bois et de la peau de buffle. Le bois de jaquier, de Hoà Binh, de Quang Ninh (Nord), de Quang Binh (Centre) ou encore du Cambodge, est idéal pour fabriquer les tambours. Tendre et souple, il donne un son clair. La peau de buffle, elle aussi, est importée. «Essentielle pour le son du tambour, elle doit satisfaire trois exigences : rendre un son clair, rond et qui porte», confie M. Thuong.
Avec le temps, les artisans se sont modernisés en achetant des machines telles que raboteuses, tours, ce qui leur a permis de porter leur production à plusieurs centaines de tambours par an. Le métier n’en demeure pas moins délicat, car la fabrication d’un tambour comprend plusieurs étapes qui, toutes, nécessitent patience, précision et passion.
Préservation du métier traditionnel
Ce métier, comme tous les métiers nobles, ne permet guère de s’enrichir, en dépit de l’augmentation de la demande. Il faut dire aussi que les produits chinois sont de rudes concurrents.
Pose de la peau de buffle. Photo : Net/CVN

Pour fabriquer un grand tambour, il faut 10 jours et 800.000 dôngs de matières premières, pour un prix de vente d’un million à 1,2 million de dôngs, soit un bénéfice de 400.000 dôngs.
«J’achète le bois à Cat Dang, dans le district d’Y Yên, d’un bon rapport qualité-prix. Mais je gagne seulement de 1,8 à 2 millions de dôngs par mois. Un revenu très modeste, c’est la raison pour laquelle ce métier se raréfie peu à peu», explique Nguyên Van Moc, un ancien du métier, 70 ans.
Les XVIIIe et XIXe siècles ont marqué la période la plus prospère de ce métier. Auparavant, 100% des Nguyên le pratiquaient. Mais depuis quelques dizaines d’années, le nombre d’artisans diminue, de plus en plus. Nombreux sont ceux qui quittent ou ne s’engagent plus dans ce métier en raison des faibles revenus qu’il procure. Aujourd’hui, Tông Xa compte quatre hameaux avec près de 1.000 foyers au total, mais seulement 20 foyers environ perpétuent la tradition.
Le métier du tambour de Tông Xa s’est créé son propre label. Si la passion du tambour des habitants de Tông Xa est grande pour cette profession, il est devenu difficile aujourd’hui de la sauver.

Mai Huong/CVN


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