>>Les «Couleurs du printemps» bientôt en fête à Hanoi
>>Les femmes de l'ethnie H'mông préservent un métier traditionnel
Lorsque les premiers pêchers et pruniers fleurissent sur les éperons rocheux au bord de la rivière Noire (Nord-Ouest), les H’Mông de tous les villages vivant près du cours d’eau entament en grande pompe les préparatifs pour le Nouvel An traditionnel.
Des papiers colorés sont collés sur les outils de travail. Ils sont ensuite déposés sur l’autel en signe de remerciement après une année de travail. |
Photo : VNP/CVN |
Cette floraison correspond au moment de la récolte du riz. Elle marque aussi la fin des travaux champêtres et le début d’un- temps de repos et de festivités. Après la récolte du riz et du maïs, les H’Mông ont souvent un mois de congé, du 1er au 30e jour du dernier mois du calendrier lunaire. Ils nettoient l’autel des ancêtres et de la maison, confectionne des banh giây (gâteaux ronds de riz gluant pilé) et préparent leurs plus beaux vêtements.
Des plumes de pouletsur l’autel
L’une de leurs coutumes consiste à coller des papiers colorés sur leurs outils de travail, qu’ils déposent ensuite sur l’autel pendant les trois jours du Têt, en signe de gratitude. En outre, des papiers colorés sont aussi collés sur les murs pour attirer les faveurs des génies. Les H’Mông pensent que leurs prières se concrétiseront grâce à ces papiers, qu’ils fabriquent eux-mêmes pour les grandes occasions.
Au moment du réveillon, les habitants vont puiser de l’eau au ruisseau et demandent au génie de leur en accorder en suffisance pour eux et les cultures. Ils apportent aussi avec eux un paquet de riz et invitent les génies à profiter du Têt.
Le coq est un animal sacré. Il est indispensable durant les cérémonies du Têt des H’Mông. |
Le coq, considéré comme un animal sacré par les H’Mông, est une offrande indispensable lors des cérémonies du Nouvel An. Selon une légende, il est le symbole du génie du Soleil, qui donne lumière et vie à l’être humain.
L’autel tient une place très importante dans la maison. À l’approche du Nouvel An, on y colle des plumes de poulet.
Le chef de famille organise une cérémonie l’après-midi du dernier jour de l’année lunaire pour inviter les ancêtres et les esprits à entrer dans son domicile et à profiter des réjouissances du Têt.
Les villageois préparent des gâteaux ronds de riz gluant pilé, appelés banh giây. |
Les villageois préparent des gâteaux ronds de riz gluant pilé, appelés banh giây. Photo : Net/CVN |
Dès le 23e jour du dernier mois du calendrier lunaire, les habitants tuent les cochons. La viande est partagée entre voisins. Toutefois, les individus qui portent le prénom de Giàng ne mangent jamais le coeur du porc.
On raconte qu’un jour, alors qu’un porc avait été tué pour le présenter en offrande au fantôme, le plus jeune d’une famille de trois frères surveillait la viande pendant qu’elle cuisait. Lorsque ses deux grands frères sont arrivés, ils n’ont pas trouvé le cœur du porc. De peur que cela ne se sache, ils ont tué leur petit frère pour lui prendre son cœur et le faire passer pour celui du porc. Plus tard, le cœur du porc a été retrouvé et le meurtre a été découvert.
Ne pas laisser mourir le feu
Le plateau d’offrandes des H’Mông pour le Têt comporte de la viande de poulet, du banh giây, du mèn men (un plat préparé à base du maïs) et une bouteille d’alcool de maïs. Le banh giây des H’Mông est très particulier. Il est composé de jaune d’œuf mélangé avec du riz gluant, enveloppé dans des feuilles de bananier ou de maranta.
L’autel et la maison sont nettoyés pour la Nouvelle Année. |
Les H’Mông ont plusieurs croyances. Pour que la récolte soit abondante et les animaux en bonne santé, ils évitent de marcher sur le feu durant le Têt, ne soufflent pas dessus, ne laissent pas l’eau l’éteindre et évitent de faire brûler le banh giây lorsqu’il cuit.
Durant cette période, les enfants jouent à des jeux traditionnels avec des bâtons et des toupies ainsi qu’au lancer de pao, qui permet aux jeunes gens de trouver l’élu(e) de leur cœur. À noter que cette période de relâche est aussi propice aux mariages.
Comme dans toutes les régions du pays, le 1er jour du premier mois lunaire, les gens se souhaitent une bonne année, une bonne santé et de bonnes récoltes. Les femmes déposent des offrandes sur l’autel des ancêtres.
Les villageois rendent visite à leurs voisins et à leur parenté, mangent des gâteaux ronds de riz gluant et boivent de l’alcool de maïs, qui finit par leur faire tourner la tête!
Thuy Hà/CVN