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Le Théâtre du Gymnase, à Marseille, le 30 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Jeudi soir 30 septembre, c'est avec Le Cabaret des absents, mis en scène par François Cervantes, que le rideau est tombé une dernière fois sur la scène du plus vieux théâtre de Marseille, et le seul à l'italienne, si on exclut l'opéra, construit quelques années auparavant.
Inauguré en 1804, celui qui s'appelait à l'origine "Théâtre Français" était alors "en concurrence systématique avec l'opéra. (...) Il a fermé, il a réouvert, il a été vendu aux enchères", raconte M. Cervantes, dont la pièce évoque une précédente renaissance du théâtre, dans les années 80, grâce à un milliardaire américain.
"+Le Cabaret des absents+ raconte pour partie l'histoire de la reconstruction du Gymnase, et comment ce Armand Hammer, président d'une grande compagnie pétrolière, vient sauver le théâtre", explique son directeur depuis 1993, Dominique Bluzet.
Mais "le théâtre du Gymnase Armand Hammer", son nom complet, a peut-être failli mourir une nouvelle fois. Car c'est presque par hasard que l'état réel du bâtiment est découvert, en février 2020, après une simple visite de contrôle.
Il s'agissait alors de changer la moquette et les fauteuils. Mais les techniciens se "rendent compte que les poutres qui soutiennent les étages, la corbeille, le poulailler, ne sont plus solidaires des murs de soutien, et que tout risque de s'écrouler", raconte Dominique Bluzet, contraint alors de condamner les étages de la salle. Seul l'orchestre du théâtre est désormais accessible au public, soit 300 places sur une jauge totale de 680 spectateurs.
"Phénix"
Concernant les travaux, "nous avons certainement eu une réponse avant l'effondrement", lance M. Bluzet, évoquant la rue d'Aubagne, à 500 m à peine, dans le quartier de Noailles, où huit personnes ont perdu la vie dans l'effondrement de deux immeubles d'habitations en novembre 2018.
Le Théâtre du Gymnase à Marseille. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La réfection totale du théâtre, dont le budget a été estimé à 13,5 millions par la mairie, s'est donc imposée dans l'urgence. Mais le chantier pourrait durer plus longtemps que les trois ans prévus.
La ville annonce déjà un retard de six mois sur le calendrier prévisionnel : "On va refaire une consultation de maîtrise d'oeuvre pour les études", explique Jean-Marc Coppola, adjoint à la culture, selon qui les offres reçues jusque-là étaient bien au-dessus des 990.000 euros votés au conseil municipal.
Mais "il y a une histoire autour de ce théâtre, c'est un théâtre qui fonctionne bien, qui accueille chaque année plus de 50.000 spectateurs", insiste M. Coppola.
"Ce territoire n'a jamais laissé tombé un théâtre, que ce soit le Merlan ou la Criée", se rassure Dominique Bluzet, assurant avoir reçu des engagements forts de la mairie de Marseille.
"Quand on a appris que ça fermait, tout le monde m'a dit +mais c'est une catastrophe+. Pour moi ça ne l'était pas, pas plus que la pandémie, parce que ce sont des choses qui nous obligent à réinventer la relation que nous avons avec le public", relativise-t-il.
Car la désaffection des spectateurs de théâtre est une réalité qui ne date pas du COVID-19. Nous avons affaire à "un changement profond de la société sur sa manière d'appréhender l'effort culturel", selon M. Bluzet, avec des gens "habitués à picorer", qui "associent beaucoup plus qu'il y a vingt ans le théâtre à un lieu de divertissement".
En attendant la réouverture du théâtre, espérée en septembre 2024, la saison 2021/2022 se déploiera hors les murs, allant à la rencontre du public dans des églises, des écoles ou des cafés. Et pour 2024, une nouvelle pièce est déjà commandée à François Cervantes : "Ce théâtre est un phénix : il renaît toujours de ses cendres", veut croire son directeur.