Coronavirus
À l'heure du confinement en Europe, la Suède fait cavalier seul dans sa lutte

À l'heure où de plus en plus de pays européens confinent leur population pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus, la Suède a choisi une autre voie, plus souple, laissant écoles primaires, restaurants et bars ouverts.

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Dans le pub Half way in, à Stockholm, le 23 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ce contraste saisissant fait débat dans l'opinion publique : et si la Suède n'en faisait pas assez pour protéger sa population ?

"Nous ne pouvons pas permettre de répéter en Suède le désespoir humain de Wuhan et de Bergame. Ce serait un pari qui violerait le principe le plus fondamental de la société : que chaque individu a une valeur propre", écrivait dimanche 22 mars le rédacteur en chef du quotidien de référence Dagens Nyheter, appelant à des mesures plus sévères, ou à un dépistage généralisé de la population.

Plus tard dans la journée, le Premier ministre social-démocrate Stefan Löfven s'est adressé à la population dans une rare allocution télévisée, exhortant chacun à "prendre ses responsabilités" et à suivre les recommandations du gouvernement : télétravail et distanciation sociale notamment. Les autorités recommandent aussi à toute personne "à risque" de rester chez elle. Les rassemblements de plus de 500 personnes sont interdits (la limite est de deux personnes en Allemagne), les lycées et universités sont fermés.

Mardi 24 mars, le gouvernement a exhorté les bars et les restaurants à se limiter aux services à table, afin d'éviter les files d'attente et assurer une distance minimale entre chaque client. Mais, pour beaucoup, la vie continue normalement. Samedi soir, bars et restaurants de la capitale ont fait le plein, et les transports continuent d'être pris d'assaut aux heures de pointe. Toutefois, comme chez la plupart de ses partenaires européens, les frontières suédoises sont désormais fermées aux voyages jugés "non essentiels". Le Parlement suédois a aussi accéléré l'adoption d'un projet de loi permettant la fermeture d'écoles primaires et maternelles si nécessaire.

Les autorités sanitaires en première ligne

Pourquoi cette attitude face à la propagation du virus ? s'interrogent les médias suédois. Le gouvernement répond qu'il suit les recommandations de l'Agence de santé publique et affirme être prêt. Si les autorités sanitaires n'ont pas encore demandé aux écoles de fermer, c'est car ce sont les personnes âgées qui doivent rester à la maison, pas les enfants, justifient-elles.

Les livraisons de courses à domicile ont augmenté à Stockholm, depuis le début de l'épidémie de coronavirus, ici dans la capitale suédoise, le 21 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Dès que l'Agence de santé publique demandera au gouvernement de prendre une décision, nous le ferons aussi rapidement", avait déclaré mi-mars, en claquant des doigts, la ministre suédoise de la Santé, Lena Hallengren. La confiance accordée par le gouvernement aux autorités sanitaires ne fait pourtant pas l'unanimité. Plusieurs experts et personnalités publiques ont accusé l'Agence de mettre la vie des gens en danger.

Maintenir le cap ?

La Suède a en partie justifié sa position en évoquant le cas du Royaume-Uni, qui suivait une stratégie similaire avant que Downing Street ne serre la vis. Alors même que la pression sur le gouvernement suédois et l'Agence de santé publique s'accroît, les autorités campent sur leur position, rejetant toutes mesures drastiques qu'elles n'estiment pas assez efficaces pour justifier leur impact sur la société.

Lundi 23 mars, Johan Giesecke, ancien épidémiologiste de l'Institut national suédois de contrôle des maladies infectieuses et actuel conseiller au sein de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a même encouragé les Suédois à sortir et à profiter du soleil printanier. "Amenez un ami et marchez à un mètre l'un de l'autre. N'étreignez pas votre voisin. Apportez un thermos et asseyez-vous sur un banc. C'est aussi mauvais pour la santé de rester assis à la maison", a affirmé M. Giesecke sur la chaîne publique SVT.

Le directeur général de l'Agence publique de la santé, Johan Carlson, et la ministre de la Santé, Lena Hallengren, lors du point presse quotidien sur le coronavirus, le 24 mars à Stockholm.
Photo : AFP/VNA/CVN

Reste à savoir si la Suède va s'en tenir à cette stratégie - le pays n'a, contre tout attente, pas encore subi les foudres de ses voisins nordiques, qui appliquent des mesures plus strices pour contenir la pandémie. Mardi 24 mars, 2.272 cas de nouveau coronavirus avaient été détectés dans le royaume scandinave de quelque 10 millions d'habitants, où 36 personnes sont mortes des suites de la maladie, selon les autorités sanitaires.

En Norvège et au Danemark - qui comptent chacun environ la moitié de la population suédoise - les autorités ont respectivement enregistré 2.566 et 1.703 cas. La Finlande, 5,5 millions d'habitants, dénombrait elle 792 cas lundi 23 mars. Cependant, le nombre réel de malades est certainement plus élevé car les tests ne sont effectués que sur une certaine frange de la population.


AFP/VNA/CVN

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