>>Le Vietnam et le Japon élargissent leur coopération dans l’emploi
>>Chômeurs à 35 ans : la tragédie paradoxale des ouvriers vietnamiens
Un cours d’apprentissage dans l’École de technique industrielle LOD dans la province de Hung Yên (Nord). |
Actuellement, les marchés comme le Japon, Taïwan (Chine), la République de Corée, la Malaisie recrutent du personnel étranger à tour de bras. Une aubaine pour les travailleurs vietnamiens. Nguyên Xuân Lanh, assistant du directeur chargé de la stratégie et des relations extérieures de la compagnie Esuhai, spécialisée dans l’envoi de travailleurs vers le Japon, Taïwan et la République de Corée, explique qu’en 2015, Esuhai a envoyé près d’un millier d’ingénieurs et stagiaires vietnamiens au Japon. Et depuis le début de l’année, le chiffre atteint plus de 1.500 travailleurs.
Idem pour le centre d’envoi des travailleurs de la Compagnie par actions du textile-habillement Saigon, qui a mis à disposition 7.110 travailleurs vietnamiens au Japon durant le premier trimestre.
De grands débouchés à pourvoir
Selon le Service du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales de Hô Chi Minh-Ville, depuis 2011, pas moins de 55.600 travailleurs vietnamiens sont partis travailler à l’étranger. Sur ce total, seuls 22% ont un diplôme de niveau secondaire et universitaire.
Sur cette période, c’est le Japon qui a recruté le plus de personnel vietnamien, avec 31.000 personnes. Viennent ensuite Taïwan (12.000), la Malaisie (5.000) et la République de Corée (3.500). Ces pays ont essentiellement besoin de travailleurs qualifiés dans le textile-habillement, la transformation alimentaire, les hommes d’équipage. En 2017, la demande est estimée à 16.000 travailleurs vietnamiens.
À l’issue de leur contrat de travail à l’étranger, en dehors d’un revenu élevé pour améliorer leur niveau de vie, les travailleurs peuvent acquérir une haute qualification professionnelle et linguistique qu’ils peuvent valoriser une fois rentrés. Le revenu moyen de ces vietnamiens expatriés varie de 5 à 20 millions de dôngs, parfois même 60 millions par mois selon la profession, le pays et les qualifications de chacun. La rémunération mensuelle oscille entre 5 et 12 millions de dôngs en Malaisie, 13 et 20 millions au Japon, au Portugal, à Taïwan, et tourne autour de 60 millions de dôngs en Australie.
Nguyên Thi Ly, directrice de l’École secondaire technologique de Thu Duc, à Hô Chi Minh-Ville, fait savoir que parmi les 300 élèves formés pour partir travailler au Japon, plusieurs d’entre eux ont amassé la coquette somme de 850 millions de dôngs en trois années de travail. D’après Huynh Hô Dai Nghia, du centre de l’envoi des travailleurs de la Compagnie par actions du textile-habillement Saigon, après trois ans de vie active à l’étranger, les personnes hautement qualifiées -
en d’autres termes, qui ont un haut degré de maîtrise d’une langue étrangère et une bonne attitude professionnelle - n’ont aucune difficulté à trouver un emploi dans une entreprise à participation étrangère, voire à créer leur propre société.
Miser sur la formation professionnelle
Dans une foire d'emploi en juin dernier à Hô Chi Minh-Ville. |
Photo : Phuong Vy/VNA/CVN |
S’ils proposent (souvent) un salaire alléchant, les employeurs étrangers exigent aussi des travailleurs qualifiés qui répondent à leurs besoins. Pourtant, selon plusieurs entreprises spécialisées dans l’envoi de personnel à l’étranger, les travailleurs sélectionnés ne sont pour la plupart pas formés. Les chiffres du Service municipal du travail, des invalides de guerre et des affaires étrangères sont implacables : les travailleurs manuels représentent 78% des effectifs, contre seulement 12,2% pour ceux diplômés du secondaire ou de l’université.
Trân Viêt Phu, directeur adjoint de l’École des technologies et de la technique de Hô Chi Minh-Ville, estime que le Vietnam fait partie des pays disposant de la plus abondante ressource de travailleurs pour l’étranger. Mais d’un point de vue général, le travail en équipe n’est pas leur fort, de même que l’informatique et les langues étrangères.
Actuellement, la mégapole du Sud recense 46 entreprises et 23 centres spécialisés dans l’envoi de personnel. En outre, plusieurs écoles d’apprentissage ont signé avec le Japon, la République de Corée des contrats de formation professionnelle concernant les futurs travailleurs avant de les y envoyer durant trois ans. Mais la pénurie de travailleurs qualifiés reste plus que jamais d’actualité.
Lê Quôc Binh, directeur de l’École de la formation professionnelle de la ville, a parfaitement cerné le problème. Conscient des enjeux, il propose que les écoles élaborent leur propre programme de formation en fonction des demandes des recruteurs.
«Avec le programme que nous avons mis en place, les travailleurs qualifiés peuvent répondre rapidement aux exigences des employeurs étrangers. Une fois leur contrat arrivé à échéance, ils peuvent appliquer les avancées technologiques et scientifiques qu’ils ont acquises pour le développement du pays», partage M. Binh. Et d’ajouter que les entreprises encadrant les candidats à l’expatriation doivent collaborer avec les établissements de formation dans l’optique de recruter davantage de travailleurs aptes immédiatement.
Pour Trân Anh Tuân, directeur adjoint du Centre de prévisions sur les besoins en personnel et d’information sur le marché de l’emploi de Hô Chi Minh-Ville, le monde globalisé ne laisse pas d’alternative au Vietnam. Pour que le pays soit attractif au regard des recruteurs étrangers, il faut du personnel compétent. Enfin, outre la collaboration centres d’apprentissage-entreprises, les organismes de gestion des travailleurs doivent coopérer avec les entreprises s’occupant de l’envoi des travailleurs pour mettre à profit les connaissances et compétences des travailleurs de retour au pays.
Huong Linh/CVN