Émanant du pouvoir royal, le sac phong est un certificat revêtu du sceau du roi, attestant la qualité du génie tutélaire vénéré dans les villages et communes vietnamiens. L'édit royal sert également à investir les mandarins, à conférer des titres de noblesse et à récompenser les serviteurs les plus méritants.
L'édit royal est exprimé sur un tissu de soie jaune brodée (couleur impériale) ou un papier de très bonne qualité de couleur jaune bien entendu. Sur cette soie ou papier, les décorations sont variées selon les différentes dynasties, mais on y voit toujours un dragon comme animal mythique symbolisant l'empereur. L'écriture de cet édit traduit l'art de calligraphie de chaque étape historique.
Les édits impériaux ont ainsi une valeur importante, tant sur le plan historique que culturel. Ils transmettent aux générations suivantes des messages authentiques sur la réputation, l'action d'éclat de nombreuses personnalités historiques. Ces textes apportent des informations fiables relatives au système administratif, aux noms des lieux, aux subdivisions administratives concrètes à travers les dynasties...
Considérés comme des trésors dans chaque village et commune dans l'ancienne société, les édits impériaux sortent de leurs boîtes de bois précieux richement décorées ou en argent le temps des cérémonies cultuelles.
Pour des raisons sociales et naturelles, de nombreux édits impériaux ont été dispersés, abîmés et volés. Pendant certains temps, ces textes anciens ont été considérés comme des objets de commerce, de collection... À présent, il n'y a aucune statistique sur les édits impériaux du Vietnam. D'après les historiens, il reste des douzaines de millier d'édits impériaux nécessitant d'être conservés.
L'Association des historiens vietnamiens (AHV) et l'Association UNESCO de Hanoi déploient depuis juin 2009 le projet de collection et de restitution des édits impériaux à leurs propriétaires.
"Le projet vise à retrouver les édits royaux dispersés", a déclaré le secrétaire général de l'AHV, Duong Trung Quôc. "Nous procéderons ensuite à l'examen technique de ces objets, à la restauration des écrits abîmés et à l'établissement de leur dossier pour trouver l'adresse exacte des propriétaires. Sur la base de ces informations, nous les restituerons aux propriétaires ou aux musées locaux concernés", a-t-il ajouté.
Le projet porte une autre signification. Il permet à la communauté, surtout aux jeunes, d'apprendre la valeur de cet héritage national. Ainsi, les jeunes respecteront ces objets antiques et les vestiges historiques en général, prendront conscience de la sauvegarde de ces patrimoines nationaux.
Après le lancement du fameux projet, les organisateurs ont reçu certains édits de la part d'étrangers ou de Viêt kiêu. Ces derniers ont demandé aux historiens de rechercher l'adresse des propriétaires de ces anciens textes pour les leur rendre. Ainsi, Trinh Bach, Viêt kiêu des États-Unis, a remis aux auteurs du projet une série d'édits impériaux, collectionnés par certains Américains lors de leur voyage au Vietnam.
La première opération de restitution des édits dispersés à leurs propriétaires a été réalisée fin 2009. Le succès de cette activité encouragera la livraison des objets antiques dispersés et la sauvegarde de ces héritages.
Thanh Hang/CVN