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Li Chau-jing (gauche) et une cliente dans sa boutique à Hong Kong (Chine). |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mme Li pratique l’art chinois plusieurs fois millénaire de lire sur les visages. Mais elle pousse le concept un peu plus loin : en modifiant légèrement le regard de ses clients, elle pense qu’elle améliore leurs chances dans la vie.
Les étals proposant cette discipline ancestrale sont toujours présents dans les marchés et près des temples de Hong Kong, mieux connue pour sa forêt de gratte-ciel ultramodernes.
Ses praticiens pensent pouvoir prédire l’avenir des gens en interprétant leurs caractéristiques faciales : un front volontaire témoigne de la capacité de la personne à planifier longtemps à l’avance ; des pommettes saillantes sont un signe de pouvoir.
Un visage peut être lu comme un livre, assurent-ils, c’est la vitrine de la santé, de la richesse et de l’histoire familiale d’une personne. Mais Mme Li pense qu’elle peut modifier les destins grâce à sa pince à épiler.
«C’est un changement immédiat et on peut apporter ce changement à tous», dit-elle, dont la clientèle va de sept à 77 ans. «Je peux aider quelqu’un dans un laps de temps très court, en lui apportant énergie et bonheur».
Dans sa longue robe blanche à pois violets, elle refuse de dire son âge mais explique travailler depuis 43 ans et avoir été initiée par un mentor.
Discipline «scientifique»
Cette ancienne maquilleuse officie depuis six ans à Sham Shui Po, quartier populaire de la partie continentale de l’ancienne colonie britannique repassée sous tutelle chinoise en 1997. Les murs de sa boutique sont recouverts de photographies des yeux et des sourcils de ses clients.
Les femmes ont tendance à lui demander de résoudre leurs problèmes conjugaux et sentimentaux, dit-elle. Les hommes veulent améliorer leurs chances au bureau.
D’après Sham Shui Po, les sourcils droits sont de meilleur augure que les sourcils incurvés. «Les gens dont les sourcils sont très droits n’auront pas à subir des épreuves trop nombreuses», dit-elle.
Edward Lam, 35 ans, technicien de télévision, assure avoir plus d’énergie depuis que ses sourcils ont été redessinés. «Je pense que l’impression que j’ai donnée» pendant des entretiens de travail «était meilleure», raconte-t-il. «Mon but principal c’est d’obtenir des postes, d’améliorer mon réseau et ma carrière».
Chow Hon-ming, un «liseur de visage». |
Chow Hon-ming, un «liseur de visage» traditionnel, assure qu’il s’agit d’une discipline scientifique présentant des accointances avec certains aspects de la médecine chinoise traditionnelle.
Cette pratique, qui existe en Chine depuis 2.000 ans, s’est vraiment développée à la fin du Xe siècle, aux derniers jours de la dynastie Tang, époque synonyme de peur de l’avenir, explique M. Chow.
«Le nez de Jackie Chan»
«Il y a des tournants dans la vie de quelqu’un et si on n’arrive pas à faire des choix à ces moments déterminants, on peut avoir envie d’aller voir un maître de la discipline», poursuit-il.
Pour lire sur un visage, il faut commencer par l’oreille gauche, qui évoque les sept premières années de la vie. L’oreille droite parle des sept années suivantes tandis que le nez, le menton et les yeux servent à prédire l’avenir.
Certaines caractéristiques faciales ont une signification: un menton en galoche ou une mâchoire carrée veulent dire que la personne aura du pouvoir quand elle avancera en âge ; des narines ouvertes et larges sont le signe qu’une personne a les poches percées...
«Le nez représente la richesse, vous n’avez qu’à voir le nez de (l’acteur) Jackie Chan, il est très grand», dit M. Chow, qui prédit aussi la victoire à la présidentielle américaine de Hillary Clinton car son menton est «plus fort» que celui de son rival Donald Trump.
Pour lui, modifier un visage à la marge, comme en épilant les sourcils, ne mange pas de pain et peut insuffler de l’énergie à court terme. Mais tout changement drastique, en cas d’opération de chirurgie esthétique notamment, peut faire plus de mal que de bien, prévient-il.
De nombreux clients préfèrent la pratique traditionnelle de la discipline, celle qui se passe de pince à épiler.
Près du temple très fréquenté de Wong Tai Sin, des dizaines d’étals bondés proposent à des milliers de touristes et de fidèles de se faire lire le visage.
Fu Xiaohong, touriste chinoise de 26 ans, est venue pour régler un souci personnel. «J’ai un désir dans mon cœur», avoue-t-elle seulement. En sortant, elle se dit plus confiante, bien que circonspecte. «Je n’y crois pas totalement. Je suis juste venue essayer».
AFP/VNA/CVN