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Rma H’Tuyêt publie ses produits sur son compte Facebook. |
Photo : VOV/VNA/CVN |
La boutique de Rmah H’Tuyêt, à Phu Thiên, qui est un petit bourg de la province de Gia Lai, est à la fois son atelier et son studio audiovisuel. Elle y réalise des clips vidéo sur son travail et ses produits qu’elle postera ensuite sur son compte Facebook. Des vidéos qui attirent beaucoup de monde. H’Tuyêt présente son travail en chantant, ou invite des jeunes femmes Jrai à essayer ses costumes devant la caméra. Chaque mois, elle reçoit une centaine de commandes en provenance d’autres localités, voire de l’étranger.
"Je réalise des émissions en direct sur Facebook et Zalo, par le biais desquels les clients me contactent. Certains commencent par envoyer des messages d’encouragement, d’autres passent immédiatement commande. Grâce à ces réseaux sociaux, je communique également avec des couturières de Dak Lak, de Lâm Dông ou de Kon Tum et j’apprends beaucoup d’elles", indique-t-elle.
Il y a plus de dix ans, H’Tuyêt constatait avec amertume que les brocatelles traditionnelles de son ethnie n’avaient plus la cote et que même les Jrai les avaient délaissées au profit des habits à l’occidentale. La couturière a alors eu l’idée de se faire elle-même des tenues de ville à base de brocatelles. Le succès a été tel que beaucoup lui ont demandé de leur faire pareils vêtements. En 2013, H’Tuyêt a reçu la première commande importante : 50 uniformes en brocatelles pour les élèves de l’école-internat des minorités ethniques de Phu Thiên. Les enseignantes de l’école lui ont ensuite demandé de leur confectionner des ao dài (tunique traditionnelle). De fil en aiguille, les commandes se sont multipliées, les habitants étant de plus en plus nombreux à vouloir s’habiller à la traditionnelle pour les grandes occasions. Siu H’July est désormais une cliente fidèle de H’Tuyêt.
"Les habits tissés à la traditionnelle demandaient beaucoup de temps de confection et ne se faisaient malheureusement pas sur mesure. H’Tuyêt, elle, utilise la machine à coudre et nous fait des habits sur mesure, qui sont très agréables à porter. C’est pourquoi je les porte à toutes les sorties et à toutes les fêtes. Nos ascendants nous ont légué ce patrimoine culturel que nous nous devons de préserver et de transmettre aux générations futures", déclare-t-elle.
Avec un prix unitaire allant de 400.000 dôngs (15 USD) à 1 million de dôngs (50 USD), la vente d’habits de brocatelles rapporte chaque année à H’Tuyêt plusieurs centaines de millions de dôngs et lui permet d’employer quatre couturiers. Mais ce qui la rend vraiment heureuse, c’est de constater que son modèle a fait des émules et a permis à des couturières de communes voisines d’avoir des revenus supplémentaires pendant les intersaisons agricoles. En novembre 2022, le district de Phu Thiên a choisi ses produits pour représenter la localité lors du programme "À chaque commune son produit", organisé à Hanoï. Dinh Van Chinh, président du Comité populaire du bourg de Phu Thiên, chef-lieu du district, en était tout fier.
"La boutique de Rmah H’Tuyêt s’est avérée très efficace dans la promotion du savoir-faire local. Je suis convaincu que ses habits exposés à Hanoï donneront aux touristes un aperçu de l’identité culturelle des hauts plateaux. Nous avons en tout cas décidé de faire de la confection d’habits de brocatelles une filière économique qui, tout en créant des emplois, contribue à la préservation d’un savoir-faire traditionnel", avait-il affirmé.
Grâce aux réseaux sociaux et à leur propre créativité, Rmah H’Tuyêt et ses semblables ont donc réussi à sauvegarder un métier traditionnel en l’adaptant au goût du jour. En plus de ses affaires, H’Tuyêt donne également gratuitement des cours de couture sur brocatelles, à celles et ceux qui s’intéressent à la culture de son ethnie.
VOV/VNA/CVN