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Des journalistes devant la propriété d'Alain Delon à Douchy (Loiret), le 18 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Depuis l'annonce en début de matinée de la mort de ce géant du cinéma français, ils étaient de plus en plus nombreux au fil de la journée à défiler devant l'une des entrées du domaine, niché au milieu de cette forêt du Loiret à 120 km de Paris, pour y poser des fleurs ou se recueillir.
"Je suis très triste", confie, Jean-Pierre Lecluse, projectionniste pendant 22 ans dans la propriété d'Alain Delon. Intime de l'acteur et voisin d'une dizaine de kilomètres, il s'est rendu sur place à l'annonce de son décès.
Les larmes aux yeux, il décrit "un homme formidable, un monstre sacré du cinéma." "Je n'oublierai pas tous nos souvenirs, la première fois que je l'ai rencontré. C'était mémorable".
Des gens attachent des fleurs aux grilles de la propriété d'Alain Delon, à Douchy (Loiret), le 18 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Quelques notes d'accordéon résonnent à l'entrée du domaine : c'est "Titi l'accordéoniste", chapeau blanc sur la tête, venu "rendre hommage" et saluer "un immense acteur". Il avait rencontré la star à la Société française de production (SFP).
L'acteur lui avait demandé de venir jouer devant chez lui le jour de sa mort, a-t-il raconté aux très nombreux journalistes rassemblés devant la propriété et dans le village de Douchy. Dans le centre du village, la fleuriste d'ordinaire fermée le dimanche après-midi 18 août, est restée ouverte pour l'occasion.
Des habitants près de la propriété d'Alain Delon, à Douchy (Loiret), le 18 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Toute la journée, le téléphone a sonné, parfois pour des gens très loin", raconte Agnès Bourgoin, après avoir échangé avec une retraitée du Gard. Elle s'attend à "avoir beaucoup de travail" toute la semaine et s'inquiète de manquer de bouquets. Son mari, retraité, est même venu prêter main forte.
Pendant "30 ans", cette commerçante a livré des fleurs et des sapins à l'acteur, y compris pour la naissance de sa fille Anouchka. "Je suis très triste, c'était comme quelqu'un de ma famille", s'émeut Mme Bourgoin.
Des fleurs sur les grilles ceignant la propriété d'Alain Delon, à Douchy (Loiret), le 18 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour Abel Martin, maire de cette commune d'environ 1.370 habitants, et familier des demandes régulières des journalistes au sujet de la santé de l'acteur, "c'est une icône qui s'en va". Il raconte avoir appris la nouvelle aux infos, en écoutant la radio puis en allumant la télé.
"Très protégé"
"Ça faisait deux ans qu'on ne le voyait plus, mais pour la commune, il a toujours été une personnalité notable. Avant, on le croisait dans les commerces, dans les restaurants. Mais tout le monde a toujours préservé son intimité", dit encore l'édile, venu superviser un dispositif de sécurité qui s'est musclé au fil des heures.
D'abord une dizaine dans la matinée, les gendarmes étaient plus d'une vingtaine à être mobilisés dans l'après-midi, postés tout autour du site. Une départementale longeant le domaine a même été coupée à la circulation. "On se doutait qu'il y aurait du monde le jour où ça arriverait...", glisse M. Martin.
Un homme tient des fleurs devant une entrée de la propriété d'Alain Delon, à Douchy (Loiret), le 18 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sophie Angevin, venue en voisine, a profité de sa balade dominicale à vélo pour s'arrêter le temps d'une "pensée" pour "une figure". "Il était cordial. Mais il était très protégé ici, personne ne disait rien. On a même parfois oublié qu'il logeait au bout de chez nous."
Comme elle, beaucoup sont gagnés par l'émotion. À l'image de ces deux sœurs, Marie et Michèle Arnold, qui se sont appelées à l'annonce de la nouvelle, pour parcourir une quinzaine de kilomètres en voiture et déposer ensemble quelques fleurs blanches.
"Dans notre tête, on croit que ces icônes sont éternelles. C'est très triste", dit la première. "C'est une partie de notre jeunesse qui s'en va, c'est très triste", renchérit la seconde, le regard tourné vers le portail marqué des lettres "AM", pour Alain Delon et l'actrice Mireille Darc, dont il a partagé la vie de 1968 à 1983.
D'autres, comme Marc, viennent dire adieu à leur "idole". "J'étais le premier sur place pour déposer une rose. Que dire de plus ? Le cinéma français perd sa plus grande figure et c'est très dur pour moi..."
AFP/VNA/CVN