>>France: Emmanuel Macron finit par accepter la démission de Collomb
>>Macron reprend l'initiative après un été calamiteux
Le président Emmanuel Macron à côté du portrait du général de Gaulle, le 4 octobre à la mairie de Colombey-les-Deux-Eglises. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
À quelque 250 km de Paris, où est attendu le remaniement après le départ soudain du ministre de l'Intérieur, le chef de l'État a pris son temps à Colombey-les-Deux-Eglises (Haute-Marne), où il a visité la maison de la famille de de Gaulle, la Boisserie, avant de saluer les quelque centaines d'habitants et curieux rassemblés sous le soleil dans le petit village.
Sans s'exprimer directement sur la crise gouvernementale, Emmanuel Macron a simplement indiqué aux journalistes que le nom du prochain ministre de l'Intérieur serait annoncé "en temps voulu".
Il a surtout exprimé son attachement à la Constitution promulguée il y a 60 ans jour pour jour, le 4 octobre 1958, à l'initiative du général de Gaulle.
Le président Emmanuel Macron dépose une gerbe de fleurs sur la tombe du général de Gaulle, le 4 octobre à Colombey-les-Deux-Eglises. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"La force de cette Constitution, c'est qu'elle permet d'avancer", a-t-il expliqué à des journalistes après s'être recueilli devant la tombe du premier président de la Ve République.
Cette Constitution "permet d'éviter la tyrannie de l'immédiateté, qui est une absurdité contemporaine. Ce ne sont pas les péripéties du quotidien qui doivent décider pour une nation. Si on regarde tous les jours les péripéties du quotidien, tout ce qui se passe, les sondages, etc... on n'avance plus, on ne fait plus rien", a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron avait déjà minimisé mercredi 3 octobre la portée de la démission de son ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, estimant "qu'il y a un gouvernement au travail" et que "le reste ce sont des péripéties". "Non, je ne crois pas", a-t-il par ailleurs répondu à la question de savoir si la Constitution concentrait trop les pouvoirs aux mains du président.
"Je crois que ceux qui vont dans ce sens et, comme dirait le général, sautent comme des cabris sur leur chaise pour vouloir une VIe République, n'aiment tout simplement pas l'État et n'aiment pas qu'on décide. Aucun pays n'avance si on ne décide pas. Regardez les pays autour de nous. Ils sont bousculés par les extrêmes ou il devient impossible de passer le moindre texte de loi", a-t-il ajouté.
Relancer la réforme
Le chef de l'État a par ailleurs vanté la "solidité" et la "souplesse" de la Constitution, qui "a été de très nombreuses fois modifiée" en 60 ans.
En fin d'après-midi, Emmanuel Macron est attendu au Conseil constitutionnel à Paris pour un discours sur cet anniversaire devant quelque 200 invités, dont les anciens présidents Valéry Giscard d'Estaing et Nicolas Sarkozy.
Il saisira cette occasion pour "relancer" sa réforme institutionnelle qui, après avoir été reportée pour cause d'affaire Benalla, doit être de nouveau examinée "en janvier à l'Assemblée nationale", selon l'Élysée.
Présent à Colombey, Jean-Louis Debré, fils de Michel Debré, l'un des initiateurs de la Ve République, a ainsi fait remarquer que la Constitution avait "survécu à huit présidents, 23 Premiers ministres et 1.400 ministres", ce qui "montre son efficacité".
Cette réforme vise à réduire le nombre de parlementaires et à limiter leur nombre de mandats dans le temps, mais aussi dans son volet constitutionnel à supprimer la Cour de justice de la République et à réformer le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
Un sondage Odoxa Dentsu Consulting pour Le Figaro et France Info indique que seuls 44% des Français expriment un attachement à ce régime. Ils ne sont également plus que 53% à se dire attachés à l'élection du président au suffrage universel, élément clé de la Ve République, qui "rend un peu fous les politiques", selon 71% d'entre eux.
À Colombey, village de 400 habitants, Emmanuel Macron a surtout été interpellé par des retraités sur la baisse de leur pension. À l'un d'eux qui la qualifiait de "douloureuse", il a répondu être conscient qu'il demandait "des efforts" aux retraités avant de défendre la politique de soutien aux actifs.
"Je voudrais bien une bise, moi", lui a aussi lancé une femme, quelques jours après les scènes très médiatisées des embrassades avec des habitants de l'île de Saint-Martin. "Vous êtes exigeante, vous!", a répliqué en souriant le président, avant de s'exécuter.