France
À Bordeaux, Macron courtise l'électorat juppéiste et cogne Fillon

Venu sur les terres bordelaises d'Alain Juppé, Emmanuel Macron s'est efforcé le 9 mars de séduire l'électorat juppéiste, qu'il espère ravir à un François Fillon affaibli par l'affaire des emplois présumés fictifs.

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Emmanuel Macron en meeting à Talence près de Bordeaux le 9 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Lors d'un meeting qui a fait le plein à Talence (Gironde), ville de proche banlieue bordelaise au maire Modem, le candidat d'En Marche ! à la présidentielle a commencé son discours par un hommage appuyé au "grand maire" de Bordeaux, "grand responsable politique français", et décoché ses flèches les plus acérées au "triste candidat" Fillon.

Sur la décision "pas facile" de renoncer définitivement à jouer le +plan B+ pour la droite, M. Macron, qui compte François Bayrou dans ses soutiens, a aussi été louangeur : "Quand on a sa carrière, quand on a eu son engagement, reconnaître le besoin qu'a ce pays à la fois de renouvellement et en même temps d'extrême probité, ce n'était pas facile et il l'a fait. Il y a très peu de gens qui sont capables de faire ça".

Applaudissements nourris et exclamations de soutien ont retenti quand il a prononcé le nom d'Alain Juppé.

Et l'ancien ministre de l’Économie s'en est pris le plus vivement à droite à François Fillon, l'estimant pas en mesure de gouverner s'il était élu, faute de majorité solide.

"Ne pensez pas que le triste candidat de la droite, qui marie les réactionnaires et les opportunistes, puisse construire quoi que ce soit", a-t-il lancé devant 2.000 personnes.

"Les 15 derniers jours ont suffi à vous montrer une chose: ils ne partagent plus les mêmes valeurs, ils n'ont plus le même projet, le moindre coup de vent fait filer tout le monde... Et ils reviennent dès après, quand l'intérêt est là", a ironisé M. Macron.

Pour l'ancien conseiller de François Hollande, "ils ne construiront rien parce que des coups de vent nous en aurons dans les cinq années à venir. Il faudra savoir résister et vous avez déjà la liste de toutes celles et de ceux qui se déroutent".

La renonciation définitive d'Alain Juppé à jouer un éventuel recours pour la droite a semblé ouvrir un espace au centre, dont le candidat d'En Marche ! espère profiter. Il poursuivra son déplacement à Bordeaux vendredi matin 10 mars.

Claire, retraitée faisant la queue pour le meeting, semblait convertie : "Si Juppé s’était présenté, j’aurais voté pour Juppé, mais bon vu les circonstances (...) finalement ils ont un programme qui se ressemble un peu, l’idée d’ouverture, c’est un peu commun aux deux".

Le Drian, cible de choix

À l'entrée de la salle, des affiches du candidat Macron dissimulaient des dégâts commis la nuit précédente et imputés à "un groupe extrémiste" non identifié, qui a brisé plusieurs vitres et tagué des slogans hostiles à l'ancien banquier d'affaires.

Emmanuel Macron avec ses partisans à Talence près de Bordeaux le 9 mars
Emmanuel Macron avec ses partisans à Talence près de Bordeaux le 9 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

S'il était prévu avant qu'Alain Juppé ne jette l'éponge, ce déplacement est tombé à pic pour l'ex-ministre de Bercy.

Pour l'heure, le seul ralliement juppéiste officiel se résume à l'élue régionale francilienne LR Aurore Bergé. Mais "cinq ou six" membres de l'équipe de campagne d'Alain Juppé ont rejoint ou sont en passe de rejoindre l'équipe Macron, selon des sources concordantes.

Après Bertrand Delanoë, figure du centre gauche, En marche ! espère engranger rapidement d'autres soutiens, surtout celui du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, cible d'un "traitement spécifique", selon l'entourage du candidat.

"Il est effectivement en discussion avec Macron", a déclaré un membre de l'entourage du président de la région Bretagne, assurant que la décision n'était pas encore prise, contrairement à ce qu'affirment plusieurs médias.

Le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis a encore appelé les socialistes "tentés par Macron" à "garder leur sang-froid". Et Bernard Cazeneuve a rendu visite jeudi 9 mars au QG du candidat socialiste Benoît Hamon, confronté aux doutes de certains hiérarques.

Selon un sondage Harris Interactive pour France Télévisions, Emmanuel Macron est passé pour la première fois en tête des intentions de vote au premier tour, à 26%, devant Marine Le Pen (25%, stable) et François Fillon (20%, -1 point). Il battrait nettement, avec 65%, la candidate frontiste au second tour.

AFP/VNA/CVN

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