À Alep, des milliers de personnes célèbrent la "victoire" de Damas

Joumaa Sabbouh a perdu son fils dans les combats avec les opposants qui ont ravagé Alep. Jeudi 21 décembre, comme des milliers d'habitants de la deuxième ville de Syrie, il célébrait dans les rues la victoire de Damas il y a un an.

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Des Syriens défilent le 21 décembre à Alep, pour célébrer "la victoire" du régime face aux rebelles à Alep il y a un an en brandissant la photo de leurs proches tués au combat.
Des Syriens défilent le 21 décembre à Alep, pour célébrer "la victoire" du régime face aux rebelles à Alep il y a un an en brandissant la photo de leurs proches tués au combat. Photo : AFP/VNA/CVN

"Bien sûr que j'ai été triste pour mon fils Ibrahim. Mais la joie de la victoire est venue éclipser la tristesse", confie le quinquagénaire au visage ridé, tenant à la main un portrait du jeune homme, tombé au combat en 2014.
Des milliers de personnes se sont rassemblées jeudi 21 décembre dans le centre d'Alep, pour des festivités organisées par les autorités commémorant la victoire du régime de Bachar al-Assad, qui annonçait le 22 décembre 2016 avoir repris le contrôle total de la métropole du nord syrien.
Au terme d'une offensive militaire soutenue par l'aviation russe, le pouvoir de Damas avait chassé les opposants, qui tenaient depuis quatre ans les quartiers est de la ville.
"Nous avons offert de nombreux martyrs pour obtenir la sécurité", estime M. Sabbouh, vêtu d'une jellabah et le crâne couvert par un traditionnel keffieh à carreaux.
Deux autres de ses fils servent toujours dans l'armée.
Près de la place Saadallah al-Jaberi dans le centre d'Alep, autrefois l'une des lignes de front les plus féroces entre le secteur est rebelle et les quartiers ouest tenus par le régime, des milliers de personnes se sont rassemblées pour admirer un défilé militaire.
Des centaines proches de soldats tués ont marché en tenant à la main le portrait d'un fils ou d'un frère tombé au combat, la plupart photographiés en uniforme.

Un homme marche dans les rues encore dévastées par les combats du quartier Kalasse d'Alep le 16 décembre, près d'une an après la victoire de Damas sur les opposants.
Un homme marche dans les rues encore dévastées par les combats du quartier Kalasse d'Alep le 16 décembre, près d'une an après la victoire de Damas sur les opposants. Photo : AFP/VNA/CVN

Joie irremplaçable
Hommes, femmes et enfants de tout âge brandissaient des portraits du président Bachar al-Assad, des drapeaux syriens ou encore des pancartes à la gloire des forces armées.
"L'armée arabe syrienne symbole du patriotisme, de l'honneur et de la loyauté", pouvait-on lire sur l'une d'entre elles.
Quatre ans durant, Alep, poumon économique de Syrie, a été divisée en deux. Les quartiers est, conquis par les rebelles à l'été 2012, portent toujours les stigmates des combats et des bombardements, avec des destructions visibles à tous les coins de rue.
Quelques jours avant la victoire de Damas, le secrétaire général de l'ONU de l'époque, Ban Ki-Moon, avait estimé qu'Alep était "désormais synonyme d'enfer".
Des dizaines de milliers d'habitants des zones opposantes avaient été évacués, en l'espace de quelques jours seulement, avant l'annonce du régime.
Les célèbres sites touristiques d'Alep - le plus grand souk couvert au monde, et la Vieille ville, site inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco qui était sur la ligne de démarcation - ont été ravagés.
Même si l'ouest d'Alep a essuyé des tirs de roquette meurtriers des opposants, il est moins dévasté que le secteur oriental.
Aujourd'hui, la vie reprend lentement son cours. L'électricité et l'eau ont été quasiment rétablies partout, et de nombreuses rues, dégagées des gravats, sont de nouveau asphaltées.
Jeudi 21 décembre, les festivités étaient rythmées par des chants patriotiques, les percussions de la fanfare militaire et les youyous des femmes.
Nouhaida Touroun a elle aussi perdu son fils soldat en 2013, dans une explosion visant un barrage militaire dans la province centrale de Homs.
"Le prix à payer était élevé. Mais quel que soit ce que l'on a dû offrir, c'est rien pour le pays", confie cette femme au foyer de 49 ans, vêtue d'un long manteau marron.
"On a perdu nos enfants, mais malgré ça et les destructions, notre joie avec la victoire est irremplaçable", poursuit-t-elle.

AFP/VNA/CVN

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