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Pour Diêu Van Thuyên, chaque manuscrit en thaï est un bien estimable. |
Photo : HMH/CVN |
Depuis longtemps, la petite maison de Điêu Van Thuyên, située dans le hameau de Huu Nghi, district de Phong Thô, province montagneuse de Lai Châu (Nord), est une adresse fréquentée chaque semaine par les membres du Club de préservation du folklore des Thái qui y viennent pour des échanges culturels.
Lorsqu’il était enfant, accompagné souvent par son père dans les cérémonies de pratique des rituels du village, il a eu l’occasion de voir des anciens livres des Thái. Au début, ce n’était que la curiosité d’un jeune garçon, mais avec le temps, sa passion a grandi à tel point qu’il avait une grande motivation pour découvrir la culture traditionnelle de ses ancêtres.
Sorti du lycée, il a choisi d’étudier la pédagogie pour enseigner aux enfants de son ethnie. En dehors des heures de classe, le jeune homme se rendait chez les chamans et les personnes âgées du village afin de recueillir des informations, des archives et des documents relatifs à cette minorité ethnique. Il notait avec soin ce qu’il avait accumulé et ramassait également de vieux ouvrages sur la culture ethnique tout en apprenant à écrire en thaï.
Malgré son âge, M. Thuyên consacre la plupart du temps aux études de la langue et de la culture des Thái. Photo : HMH/CVN |
En 2005, à sa retraite, il a consacré plus de temps encore à la recherche et à la collecte d’anciens ouvrages concernant le folklore de ce groupe ethnique.
Aujourd’hui, M. Thuyên en possède une trentaine, la plupart sont des manuscrits. Certains étant endommagés, il cherche à les restaurer.
En particulier, il a traduit et écrit des livres en langue thaï tels que Truyên Trang nguyên (littéralement "Histoire du premier lauréat au concours suprême"), Truyên Pham Công Cúc Hoa (Histoire de Pham Công- Cúc Hoa)...
Focus sur l’art
En 2011, Điêu Van Thuyên a rejoint le réseau "Préservation et développement des savoirs indigènes de l’ethnie Thái au Vietnam" (VTIK). Il est également membre actif du groupe de rédaction des documents sur le lexique (vocabulaire) thaï à Muong Lay et participe régulièrement à des conférences et séminaires en la matière.
Les Thái résident essentiellement dans les provinces du Nord du Vietnam. |
Photo : VNA/CVN |
En plus de protéger d’anciennes lettres des Thái, Điêu Van Thuyên ne néglige pas de stimuler les activités artistiques grâce à son club, ses cours d’enseignement de la culture et de l’art folklorique ethnique destinés aux générations futures. Il a fondé la troupe d’art populaire des Thái dans le hameau de Ðoàn Kêt ainsi que le Club de conservation du folklore des Thái en 2021. Le club est chargé d’organiser des activités en lien avec la culture folklorique, la fabrication et l’utilisation des instruments de musique, l’artisanat et la gastronomie des Thái.
Selon Ðiêu Van Suong, chef du club de conservation de la culture folklorique des Thái, "malgré son âge, M. Thuyên vient souvent au club pour enseigner des chants et des danses aux membres. De nombreuses chansons ont été interprétées en vietnamien et en thaï, ce qui les rend populaires dans notre village".
Pour donner vie aux œuvres littéraires des Thái, M. Thuyên consulte des seniors et des professionnels.
Mai Thi Hông Sim, vice-présidente du Comité populaire du district de Phong Thô, affirme que le chercheur Điêu Van Thuyên joue un rôle important dans la protection et la transmission aux jeunes des valeurs culturelles immatérielles de l’ethnie Thái.
Grâce aux adeptes de la tradition ethnique tels que M. Thuyên, les coutumes, les vêtements et les arts folkloriques prennent une place importante dans l’intégrité culturelle du Vietnam.
Thái blancs et Thái noirs
Vivant depuis des siècles au Vietnam, l’ethnie Thái est une pièce du puzzle ethnique du pays. Elle comprend deux groupes : les Thái blancs et les Thái noirs, qui se distinguent par leurs costumes. Les femmes Thái blancs portent un chemisier à col en V avec un foulard blanc ou indigo sur la tête, une longue jupe noire avec une ceinture en coton ou en soie. Les femmes Thái noirs portent une chemise de couleur foncée, soit indigo soit noire, à col rond et montant, avec un foulard appelé Piêu.
Les femmes Thái noirs, lorsqu’elles sont mariées, attachent leurs cheveux sur le dessus de la tête, alors que les Thái blancs n’ont pas cette coutume. Il s’agit du point principal qui distingue ces deux groupes.
Les Thái habitent dans les provinces septentrionales telles que Hoà Binh, Lai Châu, Ðiên Biên, Lào Cai et Yên Bái. Au cours de leurs émigrations dans les années 1990, ils se sont étendus vers d’autres régions, notamment les hauts plateaux du Centre.
Hà Minh Hung - My Anh/CVN