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Le président russe Vladimir Poutine assiste à une cérémonie militaire devant la tombe du soldat inconnu, le 23 février 2022 à Moscou. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans une adresse surprise à la télévision dans la nuit du 23 au 24 février, le président russe Vladimir Poutine a annoncé le lancement d'une "opération militaire" en Ukraine.
"J'ai pris la décision d'une opération militaire spéciale", a dit M. Poutine, sans préciser si cette intervention se limiterait à l'Est de l'Ukraine ou bien si elle serait plus large.
"Nous nous efforcerons d'arriver à une démilitarisation et une dénazification de l'Ukraine", a dit le maître du Kremlin assis à un bureau en bois sombre, promettant de conduire "au tribunal ceux qui ont commis de nombreux crimes, responsables de l'effusion de sang de civils, notamment des citoyens russes".
"Nous n'avons pas dans nos plans une occupation des territoires ukrainiens, nous ne comptons imposer rien par la force à personne", a-t-il assuré, appelant les militaires ukrainiens "à déposer les armes".
Puis, il s'est adressé à ceux "qui tenteraient d'interférer avec nous (...), ils doivent savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et conduira à des conséquences que vous n'avez encore jamais connues".
Quelques heures plus tôt, le Kremlin avait annoncé que les responsables des "républiques" séparatistes prorusses autoproclamées dans l'Est de l'Ukraine avaient demandé l'"aide" de Vladimir Poutine pour "repousser l'agression" ukrainienne.
Lundi 21 février, le président russe avait reconnu l'indépendance de ces "républiques" séparatistes de Donetsk et de Lougansk, puis obtenu le lendemain de la Chambre haute du Parlement russe son feu vert à un déploiement de forces.
Parallèlement à l'adresse télévisée de Vladimir Poutine, se déroulait une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de l'ONU portant sur la situation en Ukraine. L'ambassadeur russe à l'ONU a assuré que Moscou ciblait "la junte au pouvoir à Kiev".
Introduction de la loi martiale
Un soldat ukrainien dans une tranchée sur la ligne de front dans l'Est du pays, le 22 février 2022. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Quant au président ukrainien, il a appelé ses concitoyens à ne pas paniquer face à l'offensive russe qui frappe leur pays, annonçant par ailleurs l'introduction de la loi martiale et la fermeture de son espace aérien. "Pas de panique, nous sommes prêts pour tout, nous allons vaincre", a déclaré Volodymyr Zelensky dans un message vidéo sur Facebook, ajoutant que la Russie avait effectué des frappes contre des infrastructures militaires et des garde-frontières, au Nord et à l'Est du pays.
Selon le ministère russe de la Défense, les forces armées russes détruisent les "infrastructures militaires, les installations de défense aérienne, les aérodromes militaires et l'aviation des forces armées ukrainiennes" avec des "armes de hautes précisions", sans viser les villes ukrainiennes.
La Russie a fermé jeudi 24 février son espace aérien aux appareils civils à ses frontières occidentales avec l'Ukraine et le Bélarus, ont annoncé les autorités aéronautiques russes, peu après que le président Vladimir Poutine a autorisé une "opération militaire spéciale" dans la région du Donbass.
"Nos plans n'incluent pas l'occupation des territoires ukrainiens. Nous n'allons rien imposer à qui que ce soit par la force", a affirmé M. Poutine.
Le président russe avait martelé juste avant que les intérêts russes étaient "non-négociables". Lundi 21 février, dans un discours aux accents de colère, il avait remis en cause la légitimité même de l'existence de l'Ukraine, l'accusant d'être un outil de la politique d'agression antirusse de l'OTAN et d'orchestrer un "génocide" des Russes d'Ukraine, un terme qu'il a répété jeudi matin 24 février.
Au plan international, le Conseil de sécurité de l'ONU tenait mercredi soir 23 février une réunion d'urgence. Les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne devaient se réunir en sommet jeudi soir 24 février.
Beaucoup redoutent que la crise en Ukraine ne mène au plus grave conflit en Europe depuis 1945. Une intervention russe pourrait se traduire par "jusqu'à cinq millions de personnes supplémentaires déplacées", a averti l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield.
Sanctions
Washington et ses alliés occidentaux ont pris de premières sanctions en réaction à la reconnaissance des séparatistes que Kiev combat depuis huit ans, un conflit qui a fait plus de 14.000 morts.
L'Union européenne a annoncé mercredi soir 23 février des sanctions contre 23 personnalités russes "de premier plan", dont le ministre de la Défense, les chefs militaires et la patronne de la télévision Russia Today, ainsi que trois banques et 351 membres de la Douma pour leur implication dans la reconnaissance des régions séparatistes d'Ukraine.
Le président américain Joe Biden a, quant à lui, annoncé des sanctions contre l'entreprise chargée d'exploiter le gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l'Allemagne et que Berlin avait déjà mis en sommeil.
Moscou a promis une riposte "forte" et "douloureuse" aux Américains.
Les sanctions internationales annoncées jusqu'à présent restent modestes par rapport à celles promises en cas d'invasion, et Moscou peut se targuer d'avoir accumulé près de 640 milliards d'USD de réserves de change et 183 milliards dans un fonds souverain pour y faire face.