Visas, pétrole, FMI, budget : le Congrès américain boucle l’année dans la paix

Le Congrès américain a bouclé le 18 décembre son année par le vote d’une grande loi qui, en plus de financer l’État fédéral, impose des visas à certains touristes et visiteurs étrangers, surtout européens, autorise les exportations de pétrole et approuve la réforme du FMI.

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La Chambre des représentants puis le Sénat ont successivement adopté en quelques heures, avant de filer vers l'aéroport pour les vacances de Noël, un compromis dévoilé mercredi 16 décembre après de longues négociations entre la majorité républicaine et la minorité démocrate, sous l'oeil bienveillant de Barack Obama. Le président pourra s'envoler l'esprit tranquille pour ses vacances à Hawaï.

L'année politique fut chaotique, elle a vu le renversement du président républicain de la Chambre John Boehner, remplacé en octobre par le fringant Paul Ryan, 45 ans. Celui-ci a habilement rétabli le contact entre les républicains modérés et les rebelles du Tea Party, qui ne se parlaient plus depuis des années.

La loi adoptée le 18 décembre répartit 1.149 milliards de dollars de dépenses fédérales pour terminer l'année budgétaire, soit jusqu'au 30 septembre 2016. Les administrations ne fermeront pas, et les plafonds d'austérité sont abrogés au passage.

Le Capitole à Washington.
Photo : AFP/VNA/CVN

La victoire appartient autant à Paul Ryan qu'au président démocrate. Le ton de confrontation jusqu'au-boutiste qui a empoisonné depuis 2011 les relations entre pouvoirs législatif et exécutif a disparu.

Les démocrates se félicitent que le compromis compte peu de "pilules empoisonnées" conservatrices : la réforme du système de santé Obamacare n'est pas touchée si ce n'est le report de deux taxes ; l'agenda climat de Barack Obama reste intact ; des crédits d'impôts pour l'éolien et le solaire sont renouvelés ; et des mesures d'aides fiscales aux familles longtemps réclamées par les démocrates sont pérennisées. Le bras de fer sur le planning familial et l'avortement, tant redouté à la rentrée, n'a pas eu lieu.

Pétrole, impôts

La minorité démocrate a certes avalé quelques "pilules" conservatrices: l'abrogation de l'interdiction d'exporter du pétrole américain, en place depuis 1975, est la plus symbolique. La mesure scandalise les écologistes qui regrettent que le Congrès fasse ce geste positif envers les énergies fossiles, mais la concession a été jugée acceptable par Barack Obama, d'autant plus que les marchés mondiaux n'en attendaient pas de bouleversement.

Le Congrès a remis un peu d'ordre dans la maison fiscale en renouvelant ou rendant permanentes une cinquantaine de déductions fiscales pour les ménages et les entreprises. Les patrons se plaignent depuis des années d'un manque de visibilité fiscale car les élus ont pris la fâcheuse habitude de laisser expirer certaines déductions en en sauvant d'autres in extremis, parfois rétroactivement.

Premiers durcissements à la frontière

Barack Obama veut accélérer l'accueil des réfugiés syriens aux États-Unis, avec 10.000 d'ici septembre.

Le durcissement des conditions d'entrée aux États-Unis pour certains ressortissants des 38 pays membres du programme d'exemption de visas (30 pays européens plus Japon, Australie...) a lui fait l'objet d'un relatif consensus. Si vous êtes Français ou Allemand et que vous avez la double nationalité avec l'Irak, la Syrie, l'Iran, la Syrie ou un autre pays désigné par l'administration comme risqué, vous ne pourrez plus venir aux États-Unis sans avoir obtenu un visa.

Si vous êtes allés dans ces quatre pays depuis le 1er mars 2011, il vous faudra aussi aller dans un consulat américain pour un entretien, lors duquel les autorités américaines prendront vos empreintes et votre photo. C'est le même régime que pour les touristes chinois ou polonais. La date d'entrée en vigueur restait inconnue le 18 décembre, à charge pour l'administration démocrate d'appliquer la réforme.

Ces restrictions, très critiquées par l'Union européenne, sont l'une des réponses des parlementaires aux attentats de Paris. Ils espèrent que la nouvelle procédure permettra de repérer d'éventuels jihadistes à passeports européens, même si les Européens assurent que la mesure discriminera surtout d'honnêtes touristes.

Mais le risque terroriste domine le débat politique et la campagne présidentielle aux États-Unis depuis Paris et l'attaque de San Bernardino (14 morts). D'autres réformes se préparent pour approfondir les contrôles sur les candidats aux visas.

Un autre dossier est laissé en suspens : les réfugiés syriens. Barack Obama veut accélérer leur accueil aux États-Unis, avec 10.000 d'ici septembre. Un peu plus de 2.000 sont déjà arrivés. La Chambre a approuvé une suspension du programme jusqu'à ce que les autorités soient en mesure de certifier qu'aucun réfugié ne pose de menace. Le débat reprendra en janvier au Sénat.

AFP/VNA/CVN

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