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Des clients attablés le 14 avril à une terrasse de restaurant à Eckernfoerde (Allemagne) osant une timide réouverture après de sévères restrictions dues au coronavirus. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il y a des raisons d'être optimiste", a confié samedi 24 avril au groupe de presse régionale Funke le ministre de l'Économie Peter Altmaier, qui doit dévoiler mardi ses nouvelles prévisions de croissance pour la première économie européenne.
En janvier, celui-ci tablait encore sur 3% cette année, après une chute historique de 4,9% du PIB en raison de la crise sanitaire en 2020.
Mais les "chiffres actuels montrent que ce sera un peu plus", a prévenu le ministre, se réjouissant d'une "évolution de l'économie plus solide qu'attendu".
Selon la presse allemande, le gouvernement devrait relever son pronostic à 3,5% cette année puis à 3,6% en 2022.
Les principaux instituts économiques du pays ont déjà affiché mi-avril plus d'optimisme que les autorités, tablant sur une croissance de 3,7%. "Dès que le risque des infections aura été écarté, l'économie connaîtra un fort rebond", ont-ils assuré.
"Rebond"
La première économie de la zone euro est pour l'instant freinée par les restrictions liées au coronavirus.
L'Allemagne a fermé ses cafés, bars, restaurants, lieux de culture et de loisir depuis novembre, et une grande partie de ses magasins depuis décembre.
Une timide réouvertures a été stoppée net en avril, en raison d'une augmentation du taux d'incidence dans le pays.
Conséquence: l'économie devrait connaître une chute de 1,8% du PIB au premier trimestre, selon les prévisions des instituts économiques. Les chiffres officiels seront publiés vendredi.
Mais plusieurs facteurs permettent d'espérer une rapide amélioration.
La campagne de vaccination s'accélère progressivement après des débuts poussifs. Près d'un quart de la population a pu bénéficier d'une première injection et 7,2% sont totalement immunisés.
Mais c'est surtout la résistance de l'industrie, pilier de l'économie qui nourrit l'optimisme. Le secteur, très dépendant des exportations, profite de la reprise mondiale, notamment en Chine et aux États-Unis.
"L'industrie continue de tourner à plein régime", affirme Carsten Brzeski, analyste pour la banque ING.
La production industrielle a connu deux mois de baisse en janvier et février, à cause "d'effets exceptionnels" liés notamment au Brexit, mais les chiffres de mars devraient être positifs, estime l'expert.
Et le secteur devrait largement profiter, par la suite, des "plans de relance américains et européens", qui soutiendront ses carnets de commandes.
"120.000 magasins" menacés
Le gouvernement prévoit un retour à un niveau d'avant la pandémie "au plus tard en 2022".
Mais la crise laissera des traces : le potentiel de production du pays sera amoindri jusqu'en 2024, selon les instituts économiques.
Et les secteurs les plus touchés devraient peiner à se relever. La fédération des commerçants HDE a récemment chiffré à "120.000" le nombre de magasins en "danger existentiel".
Le ministère de l'Économie veut donc prolonger jusqu'à la fin de l'année ses aides d'urgence et réfléchit à un soutien supplémentaire pour les secteurs les plus touchés.
Berlin devra par conséquent continuer à laisser filer sa dette, après des années de rigueur budgétaire.
Le pays va emprunter la somme record de 240,2 milliards d'euros en 2021, et suspendre en 2022, pour la troisième année consécutive, sa sacro-sainte règle de frein à l'endettement.
Cette disposition, inscrite dans la constitution, impose à l'État fédéral de ne pas s'endetter à plus de 0,35% de son PIB chaque année.
Ce bouleversement fait débat dans un pays longtemps habitué à la rigueur budgétaire et alors que se profilent les élections législatives en septembre.
Les conservateurs tiennent à revenir le plus tôt possible à cette règle, tandis que sociaux-démocrates et Verts souhaitent la modifier.
AFP/VNA/CVN