Vingt ans de création à Monaco pour le chorégraphe Jean-Christophe Maillot

Inclassable, mêlant virtuosité classique et vocabulaire contemporain, le Français Jean-Christophe Maillot a fêté dans la liesse à Monaco ses vingt ans de direction des Ballets de Monte-Carlo, sur un petit air de revanche.

Le chorégraphe Jean-Christophe Maillot.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour fêter ses deux décennies monégasques, il a présenté du 26 décembre au 5 janvier une nouvelle création, Casse-noisette compagnie, sur l’éternelle musique de Tchaïkovski, truffée de fantaisie et de références à son parcours de chorégraphe éclectique. La danse classique se mêle progressivement au cirque, au théâtre de marionnettes, à l’acrobatie, suscitant des ovations debout à Monaco.

Dans la scénographie, les rêves d’une petite fille (la princesse Caroline de Monaco qui a fondé les Ballets) se réalisent. Le personnage de Casse-noisette est un fou furieux (représentant Maillot) qui va tout bouleverser dans une école de danse, en jetant les ponts entre danse classique et contemporaine.

Jean-Christophe Maillot, 53 ans, a toujours refusé les carcans au fil d’une carrière de chorégraphe jalonnée d’une soixantaine de créations. Études de danse au conservatoire de Tours (Centre de la France), puis à l’école de l’Américaine Rosella Hightower, à Cannes, Jean-Christophe Maillot fut soliste au ballet de Hambourg (direction John Neumeier) pendant cinq ans, mais arrêta sa carrière de danseur après un accident.

Il dirige dix ans le ballet de Tours, avant de devenir en 1993, à 33 ans, le directeur-chorégraphe des Ballets de Monte-Carlo, une compagnie initialement classique, créée par la princesse Caroline en 1985.

«J’ai vécu à Tours dans les années 80 toute l’explosion de la danse contemporaine. Dieu sait si elle a fait du bien à ce monde très réactionnaire qu’était la danse académique à un moment donné. Elle a ouvert des portes extraordinaires», juge-t-il.

Mais il confie avoir «souffert humainement» du sectarisme de l’époque et des coteries de certaines salles parisiennes.

Marque de fabrique

«Je n’ai jamais compris ce besoin souvent exprimé par un danseur contemporain d’être en réaction avec un danseur classique. Si on aime Merce Cunningham, on ne peut pas aimer le Lac des Cygnes... c’est un non-sens pour moi».

Pour ses vingt ans à la tête des Ballets de Monte-Carlo, Jean-Christophe Maillot a présenté un +Casse-noisette compagnie+ très personnel.

Des chorégraphes comme Lucinda Childs, danseuse contemporaine américaine associée au mouvement minimaliste, «ont travaillé avec une feuille de l’arbre chorégraphique», note-t-il. «Pendant toute une vie, ils vont explorer tous les possibles dans cette feuille. Moi, c’est l’arbre qui m’intéresse».

De fait, Maillot a revisité des ballets classiques narratifs, travaillé la dimension d’acteur du danseur, tout en explorant des thèmes abstraits.

Il convie régulièrement d’autres chorégraphes à faire travailler ses danseurs à Monaco pour «les nourrir de propositions différentes». Lui-même ira cette année créer pour la première fois un spectacle à l’étranger, avec le Bolchoï.

Il revendique aussi son amour des pointes, typiquement associées au ballet classique. «La pointe n’est pas un outil technique, c’est le prolongement de la jambe féminine, elle fait partie du corps».

De son enfance avec un père peintre et scénographe de spectacles, il a aussi développé un goût pour la fusion des arts.

«Ma marque de fabrique, qui m’a parfois desservi, est d’avoir toujours attaché une grande importance à l’élégance du spectacle, dans sa dimension esthétique, dans sa fusion au niveau des costumes, des lumières», décrit Maillot. «C’est viscéral chez moi : quelqu’un qui ne connaît rien à la danse, s’assoit et passe un bon moment».

«Aujourd’hui, les propositions de danse deviennent de plus en plus maigres, il n’y a parfois même plus de rythme», critique le chorégraphe, qui estime qu’on a trop abusé de la curiosité du public, notamment à Paris. «Si le spectacle est ennuyant, pourquoi devrait-on s’en contenter sous prétexte que la démarche est intéressante?».

L’admirable troupe de 47 danseurs, habituée des tournées internationales de Pékin à New York mais rarement invitée à Paris, se produira en juin, avec le ballet Lac, au Théâtre national de Chaillot après sept ans d’absence de la capitale française.

«C’est une histoire très ancienne avec la France. Il y a trente ans, en pleine émergence de la danse contemporaine, j’étais le néoclassique qu’il fallait abattre», se souvient Maillot, désormais triomphant après deux décennies sur le Rocher de Monaco.

AFP/VNA/CVN

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