>>La production mondiale de vin 2016 parmi les plus basses depuis 20 ans
Vendanges à Port-Vendres (Pyrénnées-Orientales), le 15 août en France. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La production 2017 de vin, "historiquement faible", est due aux faibles récoltes consécutives aux aléas climatiques enregistrés par les trois plus gros producteurs de vin du monde. Les volumes en Italie, premier producteur mondial, ont chuté de 23%, à 39,3 millions d'hectolitres (Mhl). En France, ils ont baissé de 19%, à 36,7 Mhl et en Espagne de 15%, à 33,5 Mhl.
Au total l'an passé, le volume de vin produit sur la planète est tombé à 246,7 millions d'hectolitres, contre 268,8 Mhl en 2016, soit un recul de 8,2%, selon l'OIV. Une telle faiblesse est "inédite" depuis la fin des années 1950 et le début des années 1960 : la production s'élevait à 213,5 Mhl en 1961 et à 173,8 Mhl en 1957.
"Ces baisses s'expliquent par les gels de printemps qui ont affecté les vignobles des grands pays producteurs, suivis d'été secs qui ont donné de petits raisins, donc moins de jus", a souligné Jean-Marie Aurand, directeur général de l'OIV, lors d'une conférence de presse à Paris, où l'organisation est basée.
Depuis une vingtaine d'années, "on observe de plus en plus d'accidents climatiques (gel, grêle, excès de pluie, sécheresse) et surtout avec des ampleurs plus importantes" a-t-il noté, soulignant néanmoins l'exceptionnelle résilience de la vigne, "exploitée depuis 8.000 ans" et "capable de s'adapter à tout".
Entre les deux extrêmes, il a cité les "marmites" volcaniques de Santorin (Grèce) et de Lanzarote (Espagne), où les vignes n'ont que la rosée nocturne pour survivre sur des rochers brûlants, et les zones très froides de Chine, où les ceps sont recouverts de terre chaque hiver pour les préserver contre les températures extrêmes (au-dessous de -20 degrés C).
"Lisser" le marché grâce aux stocks
La conséquence des faibles récoltes sur le marché du vin, estimé globalement aux alentours de 75 milliards d'euros par an à l'échelle mondiale, devrait être "limitée", en raison des "stocks existants", d'après M. Aurand : "Au 31 juillet, en France par exemple, il y avait 54 millions d'hectolitres de vin en stock dans les chais et chez les cavistes, soit 2,5 millions d'hectolitres de plus que l'an dernier, ce qui permet de lisser l'offre sur le marché".
Selon lui, par simple effet mathématique et en raison de leurs bonnes récoltes, deux pays au moins devraient "gagner un accès" au marché cette année : les vins australiens et sud-africains, dont la production a respectivement augmenté de 6% et 2%.
L'Argentine, 6e producteur mondial, n'est pas parvenue à retrouver son niveau de 2015 malgré un bond de 25%, à 11,8 millions d'hectolitres, après une très mauvaise année 2016 due aussi à des problèmes climatiques et à la résurgence du phénomène El Nino.
Les États-Unis ont, eux, plutôt bien tiré leur épingle du jeu, avec 23,3 millions d'hectolitres en 2017 (-1%).
Brandy et vinaigres viendront aussi des stocks
Les estimations de l'OIV n'intègrent pas les ravages causés par les incendies en Californie en octobre. Mais M. Aurand s'est voulu rassurant : "au-delà du caractère spectaculaire des incendies, l'impact sera très limité, les vignobles de Napa et Sonoma touchés par les feux ne représentent que 12% de la production totale de Californie".
Pour 2017, l'OIV estime la consommation mondiale de vin entre 240,5 et 245,8 millions d'hectolitres.
Fait assez rare, les chiffres de production et de consommation mondiales sont presque identiques cette année, alors qu'il existe en général une différence de 25 à 30 millions d'hectolitres, frange dans laquelle puisent les industriels qui utilisent du vin pour fabriquer des brandy, des vinaigres et des vermouth.
"Cette année, la disponibilité pour les industriels n'est que de 3 millions d'hectolitres mais, là aussi, il y a de gros stocks car les fabricants de brandy et de vinaigre ont dû se couvrir en 2013 lorsque les prix étaient très bas et les volumes élevés" a rassuré M. Aurand.