Vietnam-France : coopération approfondie entre Hanoi et Île-de-France

À l'occasion des 1.000 ans de Hanoi et des 20 ans de coopération entre la Région Île-de-France (IDF) et le Comité populaire de Hanoi, une délégation de la Région IDF, conduite par son président Jean-Paul Huchon, s'est rendue dans la capitale vietnamienne du 31 octobre au 3 novembre 2010.

Initiée en décembre 1989, la coopération entre les deux partenaires a été orientée prioritairement, à partir de 1999, vers les questions de développement urbain. L'engagement de l'Île-de-France s'est matérialisé en 2001 par la création d'une plateforme de coopération, l'Institut des Métiers de la Ville (IMV). En 2006, les axes de coopération majeurs que sont l'urbanisme et le développement des transports publics se sont enrichis de la protection de l'environnement (adduction d'eau potable et assainissement) et du tourisme. L'IMV assure le pilotage des projets cofinancés par les partenaires, conduit des formations pour les cadres techniques, réalise des études et des expertises pour les services de la ville de Hanoi.

Lors de cette visite, les deux collectivités ont défini les orientations de la coopération pour la période 2011-2015. Celle-ci devrait être renforcée dans les domaines de l'urbanisme, du développement des transports publics (réseau de bus et ligne de métro Nhôn - gare de Hanoi), de la protection de l'environnement en zone périurbaine dans le district de Gia Lâm, de la protection du patrimoine urbain et du tourisme. De nouvelles actions en faveur des entreprises des deux collectivités devraient être également engagées, ainsi que des actions en matière de formation professionnelle, notamment dans le domaine de la mode et du textile.

L'IMV en vue d'une coopération approfondie et durable

L'afflux massif de nouveaux habitants lié à l'expansion économique de la capitale vietnamienne entraîne une transformation incessante de son tissu urbain. Pour accompagner de façon cohérente et maîtrisée ces mutations, le Comité populaire de Hanoi et la Région Île-de-France ont créé en mars 2001 un IMV, avec le soutien du ministère de la Construction.

Ses missions sont d'améliorer les compétences de la maîtrise d'ouvrages publics dans les domaines de l'urbanisme (planification, réglementation, projets urbains...), du transport collectif (bus et métro) et de l'environnement urbain (eau et assainissement).

Codirigé par la région et le Comité populaire, l'IMV accompagne la mise en œuvre de nouvelles méthodes de planification et de gestion urbaine, répondant aux principes du développement durable. Il organise des formations pour les cadres dirigeants et techniques sur la planification des transports publics, la gestion des immeubles de logement collectif, celle des ressources en eau, les outils de planification et de réglementation urbaine, etc.

L'IMV réalise également des études sur les besoins et les projets du Comité populaire de Hanoi. Lieu ouvert, favorisant le partage de savoir-faire et d'expériences, il fait appel à de nombreux intervenants. Avec ses plus proches partenaires, les conseils généraux de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, il organise et met en place à Hanoi un programme de formations sur le cycle de l'eau (2009-2010) au profit des partenaires vietnamiens de ces collectivités (Hanoi, Hai Duong et Yên Bái).

Ces études débouchent le plus souvent sur des projets opérationnels, comme l'étude de faisabilité d'une ligne de tramway de 12 km sur l'axe Est-Ouest de Hanoi (gare de Hanoi-Nhôn), devenu le premier projet de ligne de métro de la capitale avec une mise en service prévue pour 2012. Autres exemples : l'élaboration d'un schéma de transport public (2003) et du schéma d'aménagement régional de Hanoi, premier de ce genre au Vietnam (2005), le programme d'installation d'un réseau d'eau et d'assainissement dans le village des métiers de Kiêu Ky (en cours de déploiement).

Enfin, l'IMV, qui dispose d'un fonds de ressources documentaires, assure une importante mission de diffusion des savoirs en traduisant et en publiant des ouvrages et des travaux de recherche en vietnamien.

Développement des transports publics

La ville de Hanoi étant menacée d'asphyxie par la circulation, il était urgent de la doter de moyens de transports en commun modernes et confortables.

Le Comité populaire de Hanoi et la Région Île-de-France se sont associés de 2002 à 2008 pour solliciter des financements de la Commission européenne, au travers des programmes communautaires Asia Urbs et Asia ProEco, afin de monter des projets d'amélioration des transports publics dans la capitale vietnamienne. Le projet Asiatrans (2002-2005) a été réalisé avec le partenariat de la Région Bruxelles-Capitale, puis le projet Ecotrans (2006-2008) a reçu le soutien complémentaire de la ville de Hanovre (Allemagne).

Avec l'objectif d'assister la municipalité de Hanoi dans la mise en place d'un nouveau réseau de bus, une équipe internationale d'experts français et allemands a été constituée au sein du Centre de gestion et de régulation du transport public de Hanoi (TRAMOC). Cette présence permanente a facilité la mise en œuvre de nombreuses actions : réalisation d'enquêtes statistiques et de plans du réseau, livraison de 50 bus par la RATP, équipement d'un dépôt de maintenance, introduction d'une carte d'abonnement électronique, construction de deux pôles d'échanges (Câu Giây et Long Biên), et formation d'une vingtaine de conducteurs de bus, grâce au partenariat associé de la RATP.

Ces actions ont permis de renforcer la sécurité et la fiabilité des transports, de réduire significativement la pollution et, enfin, de passer dans la capitale vietnamienne de 10 millions d'usagers des transports en commun en 2001 à 300 millions en 2007.

Engagé en 2008, le programme Ecotrans 2 consiste quant à lui à aménager un couloir de bus réservé sur l'axe important de Yên Phu, ainsi qu'un pôle d'échanges de bus à Hoàng Quôc Viêt. Il comprend également l'achat par le Comité populaire d'un bus de démonstration, de conception européenne, adapté au contexte urbain de Hanoi.

Enfin, sont envisagées la création d'un service de train de banlieue et touristique sur la ligne Long Biên - Cô Loa - Ðông Anh et la rénovation des gares de Long Biên et de Cô Loa.

Depuis 2009, la région finance d'autres opérations d'amélioration des transports publics, dans le cadre du projet IMV/TRAMOC qui prévoit, entre autres, de construire un nouveau pôle d'échange de bus et la première ligne de bus pilote en axial et en site propre.

Pôle d'échange de Long Biên

Situé aux pieds des piles du pont Long Biên, la construction et la mise en opération en mars 2009 du pôle d'échange de bus se sont effectuées dans le cadre du projet Ecotrans, lancé en 2006 par le Comité populaire de Hanoi et la Région Île-de-France et cofinancé par la Commission européenne dans le cadre du programme Asia Pro Eco (1,2 million d'euros).

Ce projet avait pour objectif de financer des opérations visant l'amélioration des transports en commun de la capitale vietnamienne. Durant trois années, Ecotrans a permis d'améliorer le réseau de transport public sur la base d'expertises, de formations et de réalisations pilotes. La création du pôle d'échange de bus de Long Biên constitue l'une des réalisations les plus visibles du projet Ecotrans.

La conception de cette infrastructure s'articulait autour de trois points : la réalisation d'un pôle d'échange de bus, la réduction des conflits de circulation et la conception d'une architecture et d'espaces publics de qualité.

D'abord, la réalisation d'un pôle d'échange de bus efficace à même de répondre à l'importance des flux d'autobus. Installé au centre de la route digue pour faciliter les correspondances, ce site est considéré comme le plus important pour les services de transports publics de Hanoi (19 lignes de bus et une gare ferroviaire interrégionale - gare de Long Biên). Aujourd'hui, en période de pointe, le pôle accueille près de 200 bus/h, son dimensionnement a été prévu pour supporter le passage de 300 bus/h.

On estime en 2010 que près de 30.000 passagers par jour (total comptabilisé en montées-descentes) transitent par ce site. La construction de deux plateformes d'attente et de quatre zone d'arrêt, ainsi que la création de lignes de bus dédiées, facilitent la redistribution des flux de passagers dans les quartiers centraux et historiques de la capitale et vers les zones suburbaines. En complément, ce site propose d'autres équipements : guichets pour l'achat des tickets et abonnements, toilettes, taxis et parking relais (motos) à proximité. L'intermodalité s'illustre ici par la connexion rapide à la gare de Long Biên qui assure déjà des liaisons ferroviaires interrégionales.

Ensuite, la réduction des conflits de circulation. Auparavant, les conflits entre les différents usagers de la chaussée étaient prédominants dans ce secteur (piétons, vélos, motos, autos, bus, camions). En conférant au pôle d'échange le rôle de "sens giratoire", le nombre de conflits a largement diminué.

Enfin, une architecture et des espaces publics de qualité. Les abribus, comme le mobilier urbain (bancs publics, horloge…) bénéficient d'un design innovant en relation avec les éléments du paysage urbain hanoïen dans lequel s'insère ce projet - le pont Long Biên, la proximité du fleuve Rouge. Pour ce qui est de l'espace public, l'aménagement de ce site sera complété par une valorisation des zones situées en contrebas de la rampe d'accès au pont Long Biên.

Ainsi, au-delà du succès fonctionnel de cet aménagement et de l'amélioration du réseau de transport public, la réalisation du pôle d'échange s'est accompagnée d'une opération de valorisation de l'espace public de la capitale vietnamienne. Derrière cela se dessine une véritable réappropriation des lieux par les Hanoïens attirés par leur patrimoine vernaculaire et le renforcement des liens entre les habitants et l'un des symboles historiques de la ville, le pont Long Biên.

Pôle d'échange de Câu Giây

Il n'existait pas à Hanoi de stations de correspondances de bus, alors que certains arrêts situés à l'intersection de corridors majeurs sont desservis par plus d'une douzaine de lignes.

Avant la construction du pôle d'échange de Câu Giây, les montées et descentes des piétons se faisaient dans le plus grand désordre, et les abribus n'étaient pas suffisants pour accueillir tous les passagers en correspondance.

Le projet de Câu Giây a été conçu en juin 2005 comme un projet pilote de pôle d'échange sur un site d'entrée de ville qui est desservie par 15 lignes de bus. Son objectif était de capitaliser la capacité d'accueil du site en augmentant le nombre de lignes, de bus et de passagers transitant chaque jour par ce site.

On estime en 2010 qu'environ 40.000 passagers (montées et descentes) transitent par ce pôle chaque jour. Aux heures de pointe, c'est près de 200 bus par heure qui passent par Câu Giây.

Minh Quang/CVN

(07/11/2010)

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