Victorieux de Trump, Biden promet de rassembler l'Amérique

Joe Biden a promis samedi 7 novembre d'être le président qui unifiera l'Amérique, après quatre années de tumulte et de divisions, célébrant dans sa ville de Wilmington "une victoire convaincante" face à Donald Trump.

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Le président élu Joe Biden s'adresse à ses supporteurs à Wilmington le 7 novembre, après avoir été déclaré vainqueur de l'élection américaine. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Quelques heures après l'annonce des résultats de l'élection, devant une foule en liesse rassemblée en "drive-in", le démocrate a appelé les Américains à ne plus traiter leurs "opposants comme des ennemis".

"Je m'engage à être un président qui rassemble et non pas qui divise", a-t-il lancé lors d'un discours enflammé dans son fief du Delaware.

Élu à 77 ans président des États-Unis, il met fin à une séquence politique inédite qui a secoué l'Amérique et le monde.

Après quatre jours de suspense tendu, l'ancien vice-président de Barack Obama a franchi le seuil "magique" de 270 grands électeurs.

Donald Trump, dont le mandat s'achèvera le 20 janvier, n'a, à ce stade, pas reconnu sa défaite. Dans un message épinglé comme "trompeur" par Twitter, il a au contraire continué à revendiquer une victoire qui lui aurait été volée.

Sans un mot pour son adversaire, Joe Biden a célébré sa "victoire convaincante", tout en tendant la main aux électeurs du président républicain dont il a dit comprendre la "déception".

"Voyons-nous, parlons-nous", "donnons nous une chance", a-t-il insisté, sous le son des klaxons enthousiastes. Il est "temps de panser les plaies" du pays et d'en finir avec les "diabolisations".

Remerciant la "coalition large et diverse" qui a porté sa candidature, il a rendu hommage aux Afros-Américains, qui ont joué un rôle central dans sa victoire. "Ils me soutiennent toujours, comme je les soutiendrai".

"J'ai fait campagne pour restaurer l'âme de l'Amérique", a-t-il répété.

Première femme 

Éléments de biographique et de programme du 46e président des États-Unis, Joe Biden.

Portant un masque noir, Joe Biden est arrivé en courant sur la scène de son discours de victoire, sur fond d'une chanson de Bruce Springsteen, comme pour démentir l'image de candidat vieillissant qui a pesé sur sa campagne menée en sourdine.

Il sera le président le plus âgé de l'histoire des États-Unis au début de son mandat, en janvier.

Plus de 350 voitures étaient rassemblées devant la scène, et des milliers de partisans se trouvaient à l'extérieur du grand parking où était installée la scène.

Imaginés pour éviter la propagation du coronavirus, ces rassemblements ont porté le message d'un candidat qui a placé la lutte contre la pandémie au centre de son programme. Joe Biden a d'ailleurs annoncé qu'il mettrait en place dès lundi 9 novembre une cellule de crise sur le COVID-19.

Sa colistière Kamala Harris entrera elle dans l'Histoire en devenant la première femme à accéder à la vice-présidence. Toute vêtue de blanc, en hommage aux suffragettes, elle a affirmé samedi qu'elle ne serait "pas la dernière".

La sénatrice noire de Californie a rendu hommage aux "générations de femmes", de toutes origines, qui lui ont "ouvert la voie".

Un tir de feu d'artifices a conclu la soirée, le nombre "46" s'inscrivant dans le ciel de Wilmington : Joe Biden va devenir le 46e président des États-Unis. Leurs familles les ont ensuite rejoints sur scène, masquées.

"Soulagée

Scène de liesse à côté de la Maison Blanche le 7 novembre 2020 après l'annonce de la victoire de Joe Biden face à Donald Trump. 
Photo : AFP/VNA/CVN

L'annonce de la consécration de Joe Biden a provoqué des scènes de liesse à travers les États-Unis.

À Washington, des milliers de personnes ont afflué vers la Maison Blanche et la Black Lives Matter Plaza, une partie de l'artère menant à la résidence présidentielle, renommée au printemps dernier pour dénoncer les violences policières contre les Africains-Américains.

"Soulagée. Très soulagée", disait Alex Norton, jeune femme 31 ans, son nourrisson dans les bras. "On sait enfin qu'on ne va pas avoir quatre ans de plus de Donald Trump!".

À New York, ville natale du président républicain, un concert de klaxons a accueilli l'annonce de sa défaite. "Je suis ravi", s'exclamait J.D. Beebe, 35 ans.

Nombre de dirigeants internationaux de premier plan ont rapidement félicité Joe Biden, renforçant l'idée que personne - ni aux États-Uni, ni ailleurs - ne prenait véritablement au sérieux les recours en justice engagés par l'équipe Trump.

La chancelière allemande Angela Merkel, qui a entretenu des relations difficiles avec Donald Trump, a insisté sur la relation transatlantique "irremplaçable".

L'Union européenne, malmenée par l'actuel locataire de la Maison Blanche, a formé le voeu de Charles Michel d'un "partenariat solide" avec les États-Unis.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui souhaitait une victoire de Donald Trump pour sa politique très favorable envers l'Etat hébreu, a aussi félicité en Joe Biden un "grand ami d'Israël", espérant "approfondir encore davantage l'alliance spéciale" entre les deux pays.

46e président de l'histoire 

Barack Obama et Joe Biden le 31 octobre 2020 à Flint, dans le Michigan. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Barack Obama, 44e président américain, a salué samedi 7 novembre la victoire "historique" de son "ami".

La date de la passation de pouvoir est inscrite dans la Constitution : le 20 janvier. D'ici là, les États certifieront leurs résultats, et les 538 grands électeurs se réuniront en décembre pour formellement désigner le président.

Donald Trump se trouvait, au moment de l'annonce des résultats, dans son club de golf non loin de Washington.

Il a accusé Joe Biden de se "précipiter pour se présenter faussement" en vainqueur.

Rien n'oblige le président républicain à le faire formellement, mais admettre sa défaite fait partie de la tradition à Washington.

M. Trump a dès mardi soir 3 novembre adopté une posture très belliqueuse, promettant une véritable guérilla judiciaire. Le tempétueux président de 74 ans a échoué à se faire réélire, contrairement à ses trois prédécesseurs Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton.

Consécration tardive 

Joe Biden en Pennsylvanie le 24 octobre 2020. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour Joseph Robinette Biden Jr., la consécration suprême sera arrivée tard, à l'issue d'une riche vie en politique jalonnée de tragédies.

Après avoir échoué en 1988 et 2008, puis hésité en 2016, celui qui a débuté sa carrière politique nationale au Sénat il y a près d'un demi-siècle - et connaît le fonctionnement de Washington sur le bout des doigts - s'est contenté d'apparitions limitées, en faisant à l'Amérique une promesse de calme.

Dans un contraste saisissant avec l'énergie déployée sur les estrades de campagne par Donald Trump, celui que le président a affublé du surnom moqueur de "Joe l'endormi" a parfois donné l'image d'un homme frêle, fragile. Ses discours, comme samedi soir, durent rarement plus de 20 minutes.

Il a finalement réussi son pari en remportant la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin, trois États industriels traditionnellement démocrates que Donald Trump avait arrachés à Hillary Clinton en 2016.

Mais dans une Amérique profondément divisée, et face à un Sénat qui pourrait rester aux mains des républicains, il devra trouver le ton juste.

Au total, malgré la pandémie, la participation a atteint un niveau record dans l'ère moderne: autour de 66% des électeurs ont voté, selon le US Elections Project. Joe Biden a obtenu plus de 74,5 millions de voix, contre 70 millions pour Donald Trump.

L'ombre de la pandémie 

Le président américain Donald Trump rentre à la Maison Blanche le 7 novembre 2020 quelques heures après l'annonce de sa défaite face à Joe Biden qui lui succédera le 20 janvier 2021.

Pour Donald Trump, entré avec fracas en politique en remportant la présidentielle en 2016 à la stupéfaction générale, cette défaite marque selon toute vraisemblance la fin de sa carrière politique.

Si la vague démocrate annoncée par certains n'a pas eu lieu, et s'il a montré qu'il disposait d'un très solide socle d'électeurs, son refus obstiné d'élargir son audience a fini par lui coûter cher.

Sa gestion de la pandémie, qu'il a sans cesse minimisée en dépit d'un lourd bilan de plus de 236.000 morts, lui a valu de vives critiques, jusque dans son propre camp.


AFP/VNA/CVN

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