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L'attentat contre le Premier ministre libanais Rafic Hariri à Beyrouth, le 14 février 2005. |
Le tribunal basé aux Pays-Bas avait reporté la lecture du verdict, initialement prévue le 7 août, "par respect pour les innombrables victimes" de l'explosion dévastatrice trois jours plus tôt au port de la capitale libanaise, qui a fait au moins 177 morts et plus de 6.500 blessés.
Le juge président David Re a appelé le tribunal à observer une "minute de silence pour rendre hommage aux victimes de cette catstrophe, à ceux qui ont perdu la vie, à ceux qui ont été mutilés ou blessés, à leurs familles, à ceux qui ont perdu leur maison".
Les juges du TSL doivent prononcer plus tard mardi 18 août leur décision en l'absence des suspects, tous membres présumés du mouvement chiite Hezbollah, plus de 15 ans après l'attentat dans le centre de Beyrouth qui avait causé la mort de Rafic Hariri et de 21 autres personnes.
Aucun des accusés n'ayant été remis au tribunal, ils sont jugés par contumace.
Saad Hariri, fils de Rafic Hariri et également ancien Premier ministre libanais, était présent pour assister à l'audience, ouverte à 11h00 (09h00 GMT) à Leidschendam, près de La Haye, prévue pour durer plusieurs heures.
"Haussement d'épaules"
Les quatre accusés jugés pour l'attentat contre Rafic Hariri. De gauche à droite et de haut en bas : Moustafa Badreddine, Assad Sabra, Hussein Oneissi et Salim Ayyash. |
Rafic Hariri, Premier ministre jusqu'à sa démission en octobre 2004, a été tué en février 2005, lorsqu'un kamikaze a fait sauter une camionnette remplie d'explosifs au passage de son convoi blindé sur le front de mer de Beyrouth, faisant 226 blessés.
Sa mort, dans laquelle quatre généraux libanais prosyriens ont été dans un premier temps accusés d'être impliqués, avait déclenché à l'époque une vague de manifestations, entraînant le retrait des troupes syriennes après près de 30 ans de présence au Liban.
Au cours du procès, l'accusation a martelé que l'assassinat de Rafic Hariri "avait un but politique", arguant que le milliardaire sunnite "était perçu comme une grave menace par les prosyriens et pro-Hezbollah".
Le Hezbollah, allié du régime syrien et de l'Iran, a rejeté toute responsabilité et a déclaré ne pas reconnaître le TSL.
Mis en place suite à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, le tribunal "a été très largement contesté", les Libanais restant "profondément divisés" à son sujet, selon Karim Bitar, professeur en relations internationales à Paris et Beyrouth.
Mais ils "ont tellement d'autres problèmes qu'ils ont tendance à regarder ça avec un haussement d'épaules, à l'exception de ceux qui sont directement concernés", avait-il expliqué quelques jours avant la double déflagration sur le port de Beyrouth.
Des milliers d'habitants ont manifesté leur colère contre les autorités après cette explosion déclenchée par un incendie dans un entrepôt abritant depuis six ans quelque 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium.
La catastrophe a entraîné la démission du gouvernement libanais, alors que le pays est plongé depuis des mois dans une très grave crise économique.
Possible appel
S'ils sont reconnus coupables, les quatre accusés dans l'assassinat de Rafic Hariri risquent la prison à perpétuité, bien que les peines seront prononcées à une date ultérieure. L'accusation et la défense peuvent tous deux faire appel du jugement.
Le principal suspect dans l'affaire, Salim Ayyash, 56 ans, est accusé d'"homicide intentionnel" et d'avoir été à la tête de l'équipe qui a mené l'attaque.
Deux autres hommes, Hussein Oneissi, 46 ans, et Assad Sabra, 43 ans, sont notamment poursuivis pour avoir enregistré une fausse cassette vidéo qui revendiquait le crime au nom d'un groupe fictif.
Le dernier suspect, Hassan Habib Merhi, 54 ans, fait également face à plusieurs chefs d'accusation, tels que complicité de perpétration d'un acte de terrorisme et complot en vue de commettre cet acte.
Moustafa Badreddine, le principal suspect décrit comme le "cerveau" de l'attentat par les enquêteurs, est mort depuis et n'a donc pas été jugé.
L'année dernière, le TSL a ouvert une affaire distincte en accusant un des suspects, Salim Ayyash, de trois autres attentats contre des hommes politiques en 2004 et 2005.
AFP/VNA/CVN