Vendée Globe : l'heure du départ, des larmes et des au revoir

"Compressés par l'émotion", 40 skippers de la dixième édition du Vendée Globe s'élancent dimanche pour un nouveau périple en solitaire autour du monde, acclamés par des centaines de milliers de personnes réunies aux Sables-d'Olonne pour leur dire au revoir.

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Des visiteurs se pressent sur le ponton principal à la veille du départ de la 10e édition du Vendée Globe, au large des Sables-d'Olonne, le 9 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les dernières heures passées à terre de ces héros de la mer ont, à chaque édition depuis 1989, attiré un public bien plus large que les simples passionnés de voile, permettant à l'événement d'acquérir une aura quasi-mystique.

Comme tous les jours de départ de l'"Everest des Mers" : les aspirants tourdumondistes ont descendu un à un le ponton d'honneur au petit matin, rejoignant à leur bateau quelques techniciens triés sur le volet occupés aux derniers préparatifs.

Le navigateur Charlie Dalin (Macif) a été le premier à se prêter à cette émouvante tradition à partir de 7h22. Sollicité par de nombreux médias et officiels, il a réservé ses dernières minutes à terre à longues embrassades avec son fils et sa femme.

Ce jeune père avait été le premier à passer la ligne d'arrivée il y a trois ans après un tour du monde éprouvant, conclu sobrement en pleine épidémie de COVID dans la nuit vendéenne.

Finalement reclassé deuxième en raison d'une bonification de temps accordé à Yannick Bestaven pour avoir participé au sauvetage de Kevin Escoffier, le Normand a, comme un symbole, quitté les pontons à 8 heures avant tous ses concurrents.

"Tout le monde pleure

"Très content, super heureux de prendre le départ de ce 2e Vendée pour moi. On a travaillé dur pour être prêt donc c'est vraiment un jour de fête", a dit en souriant Dalin, qui porte cette année encore le costume de favori avec Thomas Ruyant (Vulnérable), Yoann Richomme (Paprec Arkea) et Jérémie Beyou (Charal).

Avant de rejoindre le large, où le départ sera donné à 13h02, les concurrents vont tous descendre le légendaire chenal des Sables-d'Olonne, dont les quais étaient déjà bondés au lever du soleil.

La skipper britannique Samantha Davies pose à bord de son monocoque Imoca ''Initiatives-Coeur'' avant de prendre le départ pour la 4e fois du Vendée Globe qui est donné le 10 novembre aux Sables d'Olonne.
Photo : AFP/VNA/CVN

Depuis le pont de leurs monocoques de 18 m, les bizuths Violette Dorange (Devenir), Benjamin Ferret (Monnoyeur-Duo For a Job) ou encore Tanguy Le Turquais (Lazare) découvriront alors cornes de brume et banderoles de soutien à perte de vue.

"On se retrouve tous très petits au milieu de la foule. Tout le monde à bord du bateau pleure, les gens sur les quais pleurent, tu ne peux pas te retenir, tu es compressé de partout par l'émotion", racontait quelques jours avant le départ le Suisse Alan Roura (Hublot), qui s'élance pour la troisième fois.

À quatre minutes du coup de canon, le dernier équipier présent sur les voiliers sautera en mer pour laisser seul son skipper se rendre sur la ligne. "Cela peut être un moment assez brutal de passer de cette émotion au grand vide", a dit la Britannique Samantha Davies (Initiatives Coeur), à la veille de sa 4e participation.

"Tu te dis que tu as trois mois devant toi, seule, et en même temps il faut très vite se reconcentrer sur la course", ajoute la navigatrice de 50 ans. Devant les étraves, 24.300 milles théoriques, soit 45.000 km, à parcourir sans aide extérieure.

Vers un record ?

Le plus rapide à avoir jamais bouclé l'exercice est Armel Le Cléac'h en 2016/2017 (74 jours et 3 heures). "Il n'y a pas de recette miracle, mais sur un parcours d'une telle durée, ce qui peut faire la différence c'est le mental", explique le marin à l'AFP.

"Pendant un Vendée Globe, on est beaucoup confronté à soi-même, poussé dans nos retranchements d'être humain. Cette victoire a changé ma vie", a-t-il ajouté, estimant qu'une "dizaine de bateaux" pouvaient gagner cette année.

Lui, comme le marin François Gabart, vainqueur en 2012/2013, pense que le record pourrait tomber sur cette 10e édition. "Ces nouveaux bateaux à foils ont le potentiel pour aller très vite autour de la planète", juge le navigateur charentais.

La météo annoncée dans les premiers jours de course ne va toutefois pas jouer en leur faveur. Le petit temps - 3 à 10 noeuds dans l'après-midi - devrait limiter les risques de casse, mais aussi ralentir la flotte de manière conséquente jusqu'au Cap Finisterre.

Les premiers marins sont attendus de retour en Vendée à la mi-janvier.

AFP/VNA/CVN

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