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Un militaire près d'une favela de Rio de Janeiro, le 5 août 2017. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Un an jour pour jour après la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques, la "Ville Merveilleuse" ressemblait par endroits à une véritable zone de guerre. L'opération a été déclenchée après une multiplication des vols de cargaisons de camions et alors que 10.000 hommes sont mobilisés à Rio depuis huit jours pour lutter contre la flambée de violence.
Les raids de la police et de l'armée ont été lancés samedi 5 août à l'aube dans quatre favelas de la Zone Nord de Rio et dans une autre de la Zone Ouest, avec 40 mandats d'arrêt, a indiqué à l'AFP un porte-parole du secrétariat à la Sécurité de l'État de Rio (Seseg).
Quelque 3.600 militaires ont été déployés avec plus de 1.300 membres des forces de police, a précisé le Seseg. "Deux criminels sont morts lors d'affrontements" dans les quartiers de Lins et de Sao Joao, tous deux dans la Zone Nord, a déclaré le chef du Seseg, Roberto Sa.
Un policier est par ailleurs décédé dans un accident de la circulation non lié directement à l'opération contre les bandes armées, ont annoncé les autorités. Les forces de sécurité ont saisi au cours de l'opération quatre kilos de cocaïne, 13 kilos de marijuana, trois pistolets, deux grenades et 22 véhicules, selon le bilan final communiqué par le Seseg vers 18h00 (21h00 GMT).
"On a peur"
"Les forces armées ont encerclé quelques-unes de ces zones et se déploient dans des endroits stratégiques", avait indiqué auparavant le Seseg. "Certaines routes ont été fermées à la circulation et l'espace aérien est contrôlé par des aéronefs (...) dans les secteurs de l'intervention des forces armées".
Des dizaines de soldats étaient postés à l'entrée de la favela de Lins, le doigt sur la détente de leur fusil d'assaut, tandis que deux jeeps bloquaient la route d'accès, a constaté un journaliste de l'AFP.
Toute personne quittant la favela était minutieusement fouillée. Un homme a été longuement interrogé au sujet d'une cicatrice au niveau du ventre et un autre a été fouillé avec plus de zèle que les autres à cause d'un volume dans son sac, qui s'est avéré être une bible.
"Il y a une vraie tension dans l'air, on a peur", a confié à l'AFP Vanuza Barroso da Silva, 23 ans, qui a tenté en vain de se rendre à son travail dans un supermarché. "On nous traite comme des moins que rien", s'est insurgé son père, Roberto, 46 ans.
"On peut à peine sortir pour aller boire une bière dans la Zone Nord de Rio", a abondé Marta, 40 ans, qui, comme de nombreux habitants de la favela, n'a pas voulu donner son nom complet par peur de représailles.
Déchaînement de violence
Rio a enregistré au premier semestre son plus haut niveau de violences depuis 2009, avec 3.457 homicides, soit 15% de plus que sur la même période en 2016, selon des données de l'Institut de sécurité publique (ISP).
Des bandes rivales impliquées le trafic de drogue se disputent violemment le contrôle des favelas, provoquant des morts dans des échanges de tirs entre gangs, mais aussi avec la police. Depuis le début de l'année, 93 policiers ont été abattus à Rio. Dernière victime du côté de la police: un sergent de la police militaire a été tué par balles samedi dans sa voiture.
Les braquages de poids-lourds sont aussi de plus de plus fréquents. Les chaînes de télévision diffusent ainsi régulièrement des images captées par des caméras de surveillance montrant des camions obligés de s'immobiliser face à des voitures se mettant en travers de leur route. Leur cargaison est ensuite dévalisée en quelques minutes par des dizaines de malfaiteurs.
Selon la Fédération des industries de l'État de Rio, 10.000 cas de vols de cargaisons ont été signalés l'an dernier, essentiellement sur les routes d'accès à la mégalopole de 6,5 millions d'habitants.