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L'ancien Premier ministre français Manuel Valls arrive à un meeting du Parti de centre-droit Ciudadanos à Barcelone, le 16 décembre. |
L'ancien Premier ministre socialiste français Manuel Valls multiplie les interviews aux médias espagnols. En début de semaine, il était à Barcelone, puis à Madrid. Il a rencontré le roi, le chef de file socialiste catalan Miquel Iceta et des entrepreneurs. Samedi 16 décembre à l'aube il quittait à nouveau Paris pour la Catalogne, pour une vraie journée de politique en campagne: petit déjeuner-colloque, débat sur l'Europe et rencontre avec une association anti-indépendantiste le soir.
Il soutient des candidats de partis opposés à la sécession: le Parti socialiste, mais aussi le Parti populaire de Mariano Rajoy (droite) et le libéral Ciudadanos, fer de lance de la lutte contre les séparatistes.
"Je fais campagne pour la Catalogne, l'Espagne, l'Europe", répond-il quand on lui demande de quel côté il se place.
L'ancien chef du gouvernement (2014-2016), né espagnol mais naturalisé français, aime rappeler qu'il a grandi à Barcelone où il a même participé à une manifestation pour défendre l'autonomie catalane, "en 1976 ou 77", alors que l'Espagne découvrait la démocratie, après la mort du dictateur Francisco Franco.
"Je viens ici bien sûr avec ces racines qui sont celles de ma famille, mais je viens d'abord comme Français et d'abord comme Européen", a-t-il confié à l'AFPTV samedi 16 décembre.
Plus tard, participant à un débat organisé par le Parti Ciudadanos, avec le prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa, il assure que les clivages gauche-droite sont dépassés par celui qui oppose les partisans de l'Europe des Nations et les "populismes".
L'ancien Premier ministre Manuel Valls (droite), le 11 décembre à Barcelone (Espagne). Photo : AFP/VNA/CVN |
Interpellé sur Twitter
Témoin des débats qui agitent les familles catalanes, sa propre soeur, Giovanna Valls, qui vit à Barcelone et s'oppose à la mise sous tutelle de la région par Madrid, l'a interpellé sur Twitter, contre son soutien affiché à cette suspension de facto de l'autonomie catalane.
"Basta, au nom du grand-père Magi", lui-a-t-elle écrit. M. Valls répond que sa soeur n'en est pas pour autant indépendantiste et qu'ils gardent des "relations affectueuses". Il demande de ne pas l'inclure dans le débat car elle n'est pas "une politique".
Il refuse d'entrer dans les controverses sur les violences policières qui ont émaillé le référendum interdit du 1er octobre, ou encore sur l'absence de dialogue entre le gouvernement de Mariano Rajoy et les dirigeants catalans qui a précédé la tentative de sécession du 27 octobre suivie de la destitution immédiate du gouvernement régional par Madrid.
"Je pourrais parler des rendez-vous réussis ou ratés, dit-il à l'AFP, mais "j'interviens car il y a un État démocratique (...) et je considère que le séparatisme aurait des conséquences majeures pour l'Espagne et l'Europe".
En France, le député Manuel Valls avait annoncé en juin qu'il quittait le Parti socialiste et affiche son soutien au mouvement du président Emmanuel Macron, La République en marche (LREM).
Il siège comme député apparenté du groupe LREM. Depuis quelques mois, il multiplie les voyages à l'étranger. Son engagement catalan est-il la première étape d'un nouveauprojet politique ?
Manuel Valls répond simplement que c'est "le fruit d'une réflexion approfondie sur l'Europe, qui est à un tournant" après avoir vécu le Brexit, l'essor des populismes, la crise des réfugiés, la multiplication des attentats jihadistes. "Elle est en manque de projets" et il faut la défendre.
Un de ses adversaires les plus féroces en France, Jean-Luc Mélenchon, le président de la France Insoumise, fait lui aussi campagne en Catalogne, au côté de la liste Catalunya en Comun, proche de son allié Podemos (extrême-gauche).
Podemos est contre la sécession mais pour un référendum d'autodétermination. M. Mélenchon en a profité pour l'égratigner. "Vous n'avez pas besoin qu'un ex-Premier ministre français vienne vous dire comment vous taper dessus n'est-ce pas?", a-t-il ironisé dans un entretien à un journal catalan, en assurant que M, Valls aimait "la bagarre".
Celui-ci a préféré ne pas répondre "à une énième polémique avec ce personnage".
AFP/VNA/CVN