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Vaccination des enfants : l'ONU sonne l'alarme sur un risque de "catastrophe absolue"

L'ONU a sonné l'alarme jeudi 15 juillet sur un risque de "catastrophe absolue" si le dangereux retard pris dans la vaccination des enfants à cause de la pandémie de COVID-19 n'est pas rattrapé et si les restrictions sanitaires sont levées trop vite.

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Les enfants non vaccinés dans le monde
Photo : AFP/VNA/CVN

"En 2021, nous avons le potentiel que se produise une catastrophe absolue", a mis en garde la docteure Kate O'Brien, directrice du département Vaccination à l'Organisation mondiale de la santé à Genève. La pandémie a forcé à détourner ressources et personnels vers la lutte contre le COVID, nombre de services de soins ont dû fermer ou réduire leurs horaires. Les gens ont aussi été réticents à se déplacer de crainte de se contaminer, quand les mesures de confinement ne le leur interdisaient pas.

Des enfants non protégés et une levée trop rapide des restrictions sanitaires contre le COVID - qui protégeaient aussi en partie de certaines maladies infantiles - font déjà sentir leurs effets, avec par exemple des éruptions de rougeole au Pakistan, a souligné la responsable de l'OMS. Ces deux facteurs combinés sont "la catastrophe absolue contre laquelle nous sonnons l'alarme maintenant parce qu'il nous faut agir de suite pour protéger ces enfants", a-t-elle martelé.

Signal d'alarme

En 2020, 23 millions d'enfants sont passés à travers les mailles du filet et n'ont pas reçu les trois doses du vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche ou DTP3, qui sert de mesure de référence, selon les chiffres publiés jeudi par l'OMS et l'UNICEF. C'est le plus grand nombre depuis 2009 et cela touche 3,7 millions d'enfants de plus qu'en 2019. Plus grave encore aux yeux des deux agences, 17 millions d'enfants - qui vivent pour la plupart soit dans des zones de conflit, des endroits reculés ou des bidonvilles privés d'infrastructures de santé- n'ont sans doute eu aucune dose l'année dernière.

Ces chiffres "sont un signal d'alarme clair, la pandémie de COVID-19 et les perturbations qu'elle a causées nous ont fait perdre un précieux terrain que nous ne pouvons nous permettre de céder et les conséquences vont se payer en morts et en perte de qualité de vie des plus vulnérables", a insisté la directrice de l'UNICEF, Henrietta Fore, rappelant que la "pandémie a encore dégradé une situation qui était déjà mauvaise.

Campagne de vaccination contre la rougeole, la rubéole et la polio à Nkozi, proche de Kampala, en Ouganda.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le taux de vaccination DTP3 est resté bloqué à 86% depuis plusieurs années avant la pandémie et en 2020, il est tombé à seulement 83%. Dans le cas de la rougeole, une maladie extrêmement contagieuse nécessitant un taux de couverture vaccinale de 95% pour être bien maîtrisée, seulement 71% des enfants ont reçu la deuxième dose.

L'Inde recule

L'Asie du Sud-Est a été très affectée par les perturbations causées par la pandémie et le taux de couverture DPT3 a chuté de 91% à 85% en 2020 en Inde, qui comptait le plus grand nombre d'enfants sous-vaccinés ou pas vaccinés du tout l'année dernière : 3,5 millions. Le Pakistan, l'Indonésie et les Philippines ont aussi vu le nombre d'enfants non protégés augmenter.

La région des Amériques affiche pour sa part une "tendance inquiétante à long terme" même si le déclin lié à la pandémie a été modeste (2 points de pourcentage de moins qu'en 2019). "Alimentée par le manque de financements, la désinformation sur les vaccins, l'instabilité et d'autres facteurs forment un tableau inquiétant" dans la région où "le taux de vaccination continue de chuter", notent les deux agences.

Seulement 82% des enfants sont totalement immunisés avec le vaccin DTP, alors que ce taux de couverture était encore de 91% en 2016. Le Mexique fait partie des pays où le nombre d'enfants non couverts par une première dose de DTP a augmenté le plus vite, passant de 348.000 en 2019 à 454.000 l'année dernière. La région Méditerranée orientale, qui avait vu la chute la plus spectaculaire en termes d'immunisation, a en revanche pu rattraper une partie du terrain.

L'ONU souligne qu'il est important que la distribution des vaccins anti-COVID ne se fasse pas aux dépens des programmes de vaccination infantile. "Alors que les pays crient pour mettre la main sur des vaccins anti-COVID, nous avons reculé sur d'autres vaccinations, mettant les enfants en danger d'attraper des maladies graves mais évitables comme la rougeole, la polio ou la méningite", a rappelé le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. "Plusieurs épidémies seraient une catastrophe pour des communautés et systèmes de santé qui luttent déjà contre le COVID-19, rendant plus urgente que jamais la nécessité d'investir dans la vaccination infantile".


AFP/VNA/CVN

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