>>L’explorateur de nouvelles voies picturales
Vu Thi Nguyêt Anh cherche toujours à enrichir sa galerie. |
En dépit d’une courte durée de vie (de quelques jours à quelques semaines), le papillon est considéré comme le «roi» des insectes en raison de sa beauté. Ses ailes sont très minces et fragiles. Vu Thi Nguyêt Anh, âgée d’une quarantaine d’années, en est passionné. Cette femme handicapée confectionne de magnifiques tableaux faits à partir d'ailes de papillons et qu’elle expose dans sa galerie au 28/2 rue Trân Phu, ville de Bao Lôc, province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre). Beaucoup de ses œuvres ont été vendues à des Américains et Japonais.
Reproduction en captivité d’espèces rares
Dans le passé, la jeune fille aimait se rendre dans les prairies à perte de vue pour chasser les papillons. Par la suite, elles les séchaient et les plaçaient dans un livre. Cette explosion de couleurs émerveillait ses amis. Puis Anh a visité des villages de taxidermie pour apprendre les techniques de conservation des animaux morts. Elle les a appliquées sur ses papillons pour préserver leurs couleurs et leur durabilité. Ses œuvres, d’une vivacité particulière, font la fierté de cette artiste autodidacte.
Elle se soucie de la préservation des espèces rares telles que l’Attacus atlas, l’un des plus grands papillons du monde avec une envergure d’environ 25 cm ! Elle a donc décidé d’en capturer et de les élever, une façon de résoudre le problème de la pénurie en «matières premières» et de protéger cet animal. Ces dix dernières années, Anh peut s’enorgueillir d’avoir élevé une dizaine d’espèces.
Des œuvres originales mais méconnues
En règle générale, le prix des tableaux d’Anh est raisonnable : de 40.000 à 50.000 dôngs pour un simple papillon sous verre, mais beaucoup plus pour un tableau composé de centaines d’ailes. Ces tableaux constituent une voie picturale originale, qui exige de la patience, de l’habilité et, bien sûr, de la créativité, comme tout art digne de ce nom. Chaque œuvre lui prend des mois, voire des années en raison de l’énorme quantité d’ailes nécessaire.
Une des œuvres de Nguyêt Anh. |
Est-ce que les centaines d’ailes disposées sur un tableau perturbent le spectateur ? La réponse semble être non, car chaque œuvre est composée de façon très minutieuse, avec un souci constant de l’harmonie entre les couleurs. Il semblerait même que les bouquets de fleurs en ailes de papillons soient plus appréciés que ceux composés de vraies fleurs.
Certaines œuvres de cette artiste ont reçu le titre d’Élite vietnamienne de l’artisanat. D’autres ont remporté un prix au concours de création de souvenirs de la province de Lâm Dông. Son talent n’est pas passé inaperçu. C’est ainsi que Nguyên Thi Thùy Duong, reporter dans un magazine de Hanoi, a décidé d’abandonner son travail pour rejoindre Anh. «Ses produits sont magnifiques mais demeurent inconnus. Je veux l’aider à intégrer un marché plus vaste», a-t-elle confié. Prochainement, Anh va collaborer avec une compagnie singapourienne pour exporter ses œuvres dans certains pays d'Asie du Sud-Est. Nul doute le début d’une belle aventure.
Ngoc Yên/CVN