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Pham Thi Huyên Dung et sa petite librairie dans la rue Dang Tiên Dông, à Hanoï. |
Tous les jours, à 06h00 du matin, une dame âgée porte d’énormes tas de livres et autres journaux à un étal déployé devant sa maison rue Dang Tiên Dông, arrondissement de Dông Da, à Hanoï. La mini librairie est gratuite pour les passants et les voisins qui peuvent lire et consulter.
La dame en question, Pham Thi Huyên Dung, est bien connue parmi les habitants du quartier. À l’âge de 72 ans, elle s’est retirée de son métier de professeur à l’Académie nationale de la politique Hô Chi Minh. En février 2016, elle a profité des terrains vacants devant sa maison pour mettre en place un étal où elle affiche des livres anciens et des journaux qui peuvent être lus gratuitement par tout le monde.
Partager le savoir avec d’autres personnes
L’étal de livres se trouve derrière le mamelon Dông Da, devant sa maison au 56, rue Dang Tiên Dông. Cela attire souvent l’attention des passants. Les lecteurs de tous les âges viennent à cette bibliothèque de fortune pour trouver des livres qu’ils désirent, ou même pour se laisser surprendre par de nouvelles découvertes.
L’idée lui est venue lorsque, au mois de février l’année dernière, elle a fêté les 50 ans de son adhésion comme membre du Parti communiste du Vietnam. Chaque jour, elle reçoit une copie gratuite du journal Hà Nôi Moi (Hanoï Nouvelle) en récompense de sa fidélité à l’organisation et de ses contributions au pays.
«Je trouvais ça dommage de lire seule, et que si peu de gens s’intéressent à la lecture. Je souhaitais partager les connaissances acquises en lisant ce journal avec d’autres personnes... J’ai alors pensé à inviter d’autres personnes à venir lire gratuitement», explique-t-elle. Et d’espérer que «les gens vont venir passer un peu de leur temps libre à lire des journaux et des livres avec moi et, ensemble, nous pourrons collecter des livres pour permettre à bien d’autres personnes de lire aussi».
Rendre les livres populaires de nouveau
Mme Dung propose des chaises en plastique et de l’eau gratuite à ses lecteurs. |
Photo : BM/CVN |
Au début, sa petite bibliothèque avait une modeste collection de journaux et de vieux livres sur la santé et la spiritualité. Au bout de quelques semaines, elle a commencé à rencontrer des gens de son voisinage qui venaient chercher des livres avant leurs exercices matinaux. Remarquant la popularité de son initiative, elle a alors acheté d’autres recueils et journaux pour donner à ses lecteurs davantage de choix et une plus grande variété de thèmes.
Touchés par sa gentillesse, les gens de tout âge, des retraités aux étudiants, ont fait don de livres à Mme Dung. Elle rappelle qu’au départ, peu de gens étaient intéressés par son idée. «Au tout début, j’ai dû inviter les passants à s’asseoir et passer du temps à lire. De nombreuses personnes ne croyaient pas à ma sincérité... Il a fallu du temps pour gagner la confiance des gens», se souvient-elle avec un grand sourire.
Elle propose aussi des chaises en plastique et de l’eau gratuite à ses lecteurs. La petite bibliothèque est devenue un lieu de vie pour la communauté, plusieurs personnes font même des dons d’objets pour faciliter son travail et améliorer l’aménagement du lieu. Par exemple, un voisin lui a offert une bibliothèque en fer, un marchand de ferraille lui a mis à disposition des étagères, tandis qu’un autre voisin a donné un parasol.
«J’ai reçu le soutien de nombreuses personnes alors que certains pensaient que j’étais un peu folle. Mais chaque fois que j’ai vu des personnes âgées et des enfants lire mes livres avec enthousiasme, j’ai réalisé que je faisais quelque chose de très utile», partage-t-elle.
«À titre personnel, je peux trouver de nombreux livres intéressants sur la nature et la science. J’adore ces deux sujets, et il est agréable de pouvoir les approfondir en lisant ici gratuitement. Même en été, quand il fait chaud, cet endroit est très confortable, car il y a de l’eau et des sièges à l’ombre sous les arbres», exprime Nguyên Ngoc Tuyêt, une étudiante qui se rend souvent à l’étal de livres.
Mme Dung est triste de voir que la culture de la lecture se perd progressivement chez les Vietnamiens. Mais les jeunes étudiants comme Tuyêt suscitent un certain espoir. Elle peut contribuer à rendre les livres populaires de nouveau, même si c’est juste à l’échelle de son entourage ou de son voisinage.
«Un bon livre est comme un bon ami pour tout le monde. Il restera avec vous pour le restant de votre vie. Nous devrions donc le conserver et le partager avec d’autres personnes dans le besoin», conclut Mme Dung.
Huong Linh/CVN