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| La table ronde "La vie moderne : À quel prix ?" s'est tenue le 26 septembre à L'Espace - Institut français de Hanoï. |
| Photo : Dang Duong/CVN |
Cet événement a eu lieu à L’Espace - Institut français de Hanoï, le 26 septembre, en collaboration avec la maison des éditions de Nha Nam, attirant plusieurs lecteurs amateurs de littérature française. Sous l’animation de Nguyên Hoàng Anh, professeure de l’École supérieure de commerce extérieur de Hanoï et l’enseignante de littérature du lycée Chu Van An de Hanoï Nguyên Thanh Nguyêt, la table-ronde autour du livre de l’écrivaine Leïla Slimani a abordé plusieurs aspects sociaux ainsi que des valeurs humaines cachées derrière des phrases pleines de poésie du roman Chanson douce. Un ouvrage littéraire qui a «su toucher et saisir le fond de l’âme féminine», a estimé Nguyên Hoàng Anh.
Le point de départ de Chanson Douce, c’est l’assassinat de deux enfants par leur nounou Louise à Paris. De là, on suit le cheminement qui a mené à ce drame : une mère de famille qui veut retrouver sa vie professionnelle, les entretiens d’embauches rigoureux pour trouver la nourrice idéale, la bonne entente des enfants avec Louise, son assiduité, ses heures supplémentaires sans jamais rien réclamer, l’appartement qui est toujours nettoyé à la perfection à la fin de la journée, les délicieux repas qu’elle prépare… La nounou parfaite devient incontournable dans la famille, indispensable aux yeux des enfants comme des parents, au point même de l’emmener avec eux en vacances l’été. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
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| Le roman "Chanson douce", vainqueur du Goncourt 2016, apporte une vision très humaine, en valorisant le destin des femmes à l’heure actuelle. |
| Photo : Duong Dang/CVN |
La solitude des femmes au milieu de la vie moderne
Nguyên Hoàng Anh aborde des problèmes sociétaux actuels dans la vie moderne à travers le drame de la famille de Myriam et Paul Massé, du couple ayant subi la perte de leurs enfants et aussi du destin de la mystérieuse nounou Louise. Myriam est une femme moderne, épanouie au travail comme à la maison, avec son homme et ses deux enfants. C’est la nounou Louise qui les aide avec les tâches familières consacrées traditionnellement aux femmes. Elle devient désormais indispensable mais aussi invisible dans la famille du jeune couple.
Cependant, la femme reste toujours discrète et personne ne connait son passé douloureux. Malgré son dévouement à la famille, ni Myriam ni Paul n’ont idée de l’affreuse solitude qui se cache derrière la nourrice, de sorte que la jeune femme n’est autre qu’une simple inconnue dans la famille des Massé. Le couple n’arrive pas à montrer une véritable intimité à la jeune femme, hormis une attitude de reconnaissance et de gratitude envers elle. «La vie moderne crée de grandes distances entre les hommes. Chacun son ambition, chacun sa route, en s’enroulant dans le rythme pressé de la vie moderne», a partagé Nguyên Hoàng Anh, en soulignant ainsi : «Ce roman apporte une vision très humaine, en valorisant le destin des femmes à l’heure actuelle».
De son côté, Nguyên Thanh Nguyêt a apprécié un style original de la lauréate du Prix Goncourt 2016. «Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, resserre le cœur des lecteurs, en témoignant la de la mort brutale des deux enfants et du destin tragique de la nounou», a conclu la jeune enseignante de littérature.
Dans le cadre de cette table ronde, les deux intervenantes ont également discuté du rôle des femmes dans la société moderne en s’interrogeant sur la manière de balancer harmonieusement vie privée et carrière professionnelle. Nguyên Hoàng Anh a partagé sa propre expérience sur l’embauche d’une nourrice pour l’aider avec les tâches ménagères pendant qu’elle travaille à l’université. Elle a affirmé que «la présence des nounous semble inéluctable dans plusieurs familles au Vietnam actuellement. Pourtant, il faut avoir un angle de vue plus équilibré sur leur rôle dans la famille, afin d’éviter les conflits, les confusions entre les membres de la famille, notamment sur les problèmes liés au soin des enfants».
Les participants ont conclu que la vie moderne nous apporte autant de bénéfices que des risques, non seulement dans la société mais aussi dans la famille. Les femmes, elles-mêmes, sont aussi les plus fragiles face aux bouleversements. Une attitude plus impartiale, plus humaine de la société les fortifiera à surmonter toutes ces barrières de préjugés, de stress ou de risques récurrents dans cette vie moderne.
Hông Anh/CVN