>>Le FMI abaisse sa prévision de croissance mondiale pour 2020 et 2021
>>L'Argentine prend des mesures d'urgence pour sortir de la crise
Le dôme du Congrès argentin, reflété sur des vitres, le 5 février à Buenos Aires. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Il s'agit de la première mission du Fonds monétaire international (FMI) depuis la prise de fonction du nouveau chef de l'État, le 10 décembre 2019, en remplacement du libéral Mauricio Macri (2015-2019) qui avait négocié un prêt de 57 milliards d'USD auprès de l'organisme financier.
Pour le nouveau président, un péroniste de centre-gauche, la dette n'est pas remboursable tant que le pays, touché de plein fouet par l'inflation, le chômage, l'augmentation de la pauvreté et la récession économique, ne retrouve pas le chemin de la croissance. Pour cela, il demande aux créanciers des délais pour rembourser.
Le gouvernement cherche ainsi à renégocier avec les organismes multilatéraux et les détenteurs d'obligations privés un total de 195 milliards d'USD (57% du PIB), dont 44 milliards décaissés par le FMI.
L'Argentine n'a en effet touché que 44 milliards sur le total du prêt du FMI : face à l'approfondissement de la crise, Alberto Fernandez avait rapidement annoncé que son pays renonçait à la dernière tranche du prêt.
Parallèlement, le ministre de l'Économie, Martin Guzman, doit présenter mercredi 12 février devant le Parlement la stratégie du gouvernement face à la dette.
"La réunion avec le FMI va permettre de commencer à voir quel est le programme économique du gouvernement. Les créanciers ont besoin de le connaître pour savoir quelle est la marge de paiement de l'Argentine", a expliqué à l'AFP l'économiste Hector Rubini, de l'Université del Salvador de Buenos Aires.
"Au-delà des déclarations (de Fernandez) sur sa volonté de payer, il a manqué jusqu'à présent au gouvernement de la clarté concernant des décisions politiques cruciales", estime l'agence d'évaluation des risques Verisk Maplecroft.
"Bonnes dispositions"
Le ministre argentin de l'Économie a déjà rencontré à plusieurs reprises des représentants du FMI, et Alberto Fernandez vient d'achever une tournée en Europe pour obtenir des soutiens en faveur d'une restructuration. Jusque-là, le gouvernement argentin et le FMI se sont dits satisfaits de leurs échanges.
"Le FMI montre de bonnes dispositions parce qu'il veut être payé et aussi parce qu'il a contribué en partie à cette situation", estime Hector Rubini, dans une référence au prêt de 57 milliards d'USD, le plus important jamais accordé à un pays par l'organisme financier.
Face à la fermeture des marchés, le gouvernement argentin doit faire vite pour parvenir à un accord d'ici le 31 mars, car les échéances de paiement deviendraient alors difficiles à supporter.
Pour l'économiste Marina Dal Poggetto, de la société EcoGo, "il y a de la marge pour une négociation gagnant-gagnant, mais le problème c'est qu'elle traîne en longueur". "Le meilleur accord est celui qui intervient rapidement", estime-t-elle.
Pour 2020, les remboursements de capital et d'intérêts atteignent 34,3 milliards d'USD. Hector Rubini estime qu'ils vont représenter au cours des quatre prochaines années quelque 200 milliards de dollars.
Les réserves internationales de l'Argentine sont actuellement de 44,68 milliards d'USD.
Buenos Aires propose de présenter son offre de rééchelonnement aux créanciers mi-mars.
"La négociation est simultanée avec le FMI et avec les détenteurs d'obligations (...) A un moment, il va falloir qu'ils se rencontrent tous : les autorités argentines, les techniciens du FMI et les groupes de créanciers", souligne M. Rubini.
L'Argentine, qui a connu en 2001 un défaut de paiement historique de 100 milliards d'USD, lutte pour éloigner le spectre du défaut.
Elle y a échappé jusqu'à présent, même si la dette auprès des détenteurs d'obligations sous législation locale a été renégociée l'an dernier par le gouvernement Macri.
Mardi 11 février, le gouvernement a annoncé le report au 30 septembre du paiement d'une double obligation émise en 2018 et qui arrivait à échéance jeudi, après l'échec d'un échange avec d'autres titres et celui d'un nouvel emprunt obligataire.
"Cette question de la dette doit être résolue, car soit l'Argentine retrouve la croissance économique, soit elle connaît une nouvelle explosion sociale", prédit M. Rubini.
AFP/VNA/CVN