Une éventuelle industrie des cellules souches

La récente création de la première banque de cellules souches au Vietnam a été considérée comme "le prélude" de l'industrie des cellules souches dans le pays. Le professeur-Docteur Phan Toàn Thang, expert en la matière travaillant depuis 2004 à l'Université nationale de Singapour et représentant de CellResearch Corporation, a accordé au journal en ligne VietnamNet une interview sur les nouveaux progrès et le processus convenant à la recherche scientifique en ce domaine.

* Comment pouvez-vous qualifier l'itinéraire de développement de la recherche sur les cellules souches au Vietnam lors de ces 3 dernières années ?

Les résultats obtenus au cours de ces 3 dernières années, notamment la création de la première banque de cellules souches au Vietnam, ont jeté les fondements de la création d'une nouvelle industrie, non seulement capable de satisfaire aux futurs besoins nationaux, mais aussi de devenir un nouveau segment d'exportation. Lorsque leur développement aura atteint plus de maturité pour en arriver au stade du commerce pour le traitement de traumatismes ou esthétiques, elles génèreront de nombreux emplois de haute qualification. La Compagnie par actions de biologie et de médecine de la régénération se consacre à la recherche en ce domaine. De plus, l'Université nationale de Hô Chi Minh-Ville, celle de médecine de Hanoi, l'Institut de médecine militaire... ont effectué plusieurs recherches sur la création de cellules souches et leurs applications dans la vie quotidienne. De premiers résultats encourageants ont été obtenus, ce qui explique que ce secteur de la recherche retient désormais l'attention non seulement du gouvernement et des chercheurs, mais aussi des entreprises et même de particuliers. Les cellules souches commencent à être commercialisées.

* Les premières recherches sur les cellules souches ont été effectuées puis appliquées dans le traitement des brûlures à partir des années 90. Pourquoi peu d'avancées ces 3 dernières années dans ce domaine ?

Depuis 1994, nombre de recherches sur la culture de cellules souches pour le traitement des brûlures ont été réalisées mais les résultats dans leur application n'étaient pas suffisamment satisfaisants, d'où la poursuite d'études systématiques ces 3 dernières années. Grâce à la croissance des ressources humaines comme des investissements du gouvernement et des entreprises, bon nombre d'avancées ont pu être appliquées, et plusieurs autres sont actuellement généralisées, donnant ainsi un nouvel élan à la recherche et à l'emploi de ces cellules. Il reste que l'important, c'est de savoir où nous en sommes et quels en sont les avantages et désavantages… Les réponses à ces questions nous permettront de définir des orientations adaptées à la réalité et au développement de ce secteur, tout en remédiant aux difficultés, notamment, selon moi, au manque de capitaux. Aussi faut-il toujours garder à l'esprit rentabilité dans le cadre des recherches sur cette technologie et ses applications.

* Singapour nous a devancé de seulement quelques années, mais a pris une grande avance sur le Vietnam. Qu'en pensez-vous ?

Oui, Singapour a commencé à étudier cette technologie 4-5 ans avant nous. Initialement, comme le Vietnam, il n'a réussi qu'à appliquer les cellules souches dans le traitement des cancers et les greffes cutanées pour les brûlés. Puis à partir de l'an 2000, sa recherche a connu un bel essor, à mon avis, parce qu'il dispose de 2 facteurs décisifs que sont ressources humaines et financement. Ce pays a dès lors été en condition de devancer notre recherche.

* À votre avis, comment faire pour réduire les écarts entre le Vietnam et d'autres pays dans ce domaine ?

Je pense qu'il faudrait diviser la recherche sur les cellules souches en 2 groupes, l'un de recherche fondamentale et l'autre de recherche des applications. Des géants comme les États-Unis et le Japon ont des dizaines d'années d'ancienneté en ce domaine, avec des infrastructures modernes et une grande expérience. Difficile donc de les rattraper. Nous devons assimiler les données du progrès qui nous sont transférées par les experts étrangers. Puis, nous pourrions nous consacrer aux applications thérapeutiques, ce qui nous économisera des pertes de temps compte tenu de notre retard, mais en outre d'éviter erreurs, pertes et voies sans issues... La récente création de la Banque de cellules souches MekoStem nous permettra de nous rapprocher progressivement de ces géants.

Le professeur-Docteur Phan Toàn Thang (département chirurgical de l'Université nationale de Singapour) est auteur de la technologie de culture et de conservation des celles souches de la membrane de cordon ombilical. Il y a 4 ans, cet événement était réputé au sein des milieux de chercheurs en la matière. Né en 1968 à Hanoi et diplômé de l'Institut de médecine militaire en 1991, Phan Toàn Thang a travaillé à l'Institut national des brûlures. Il a fait son stage chez l'Institut de recherche sur les traumatismes de l'Université d'Oxford (Grande-Bretagne). De 1997 à 2002, il a soutenu sa thèse de doctorat puis travaillé au département de chirurgie plastique de la Polyclinique de Singapour. De 2002-2004, il était enseignant de l'Institut de chirurgie pédiatrique de l'Université de Stanford, en Californie (États-Unis).

Lê Hà/CVN

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