L'investissement étranger à la loupe

D'année en année, les investisseurs du Moyen-Orient, des États-Unis et d'Europe prennent une place de plus en plus importante au Vietnam, jusqu'à détrôner les pays et territoires asiatiques tels que Corée du Sud, Japon, Taïwan qui occupaient autrefois le haut du classement... Avis de Phan Huu Thang, directeur du Département de l'investissement étranger, ministère du Plan et de l'Investissement.

* Les 5 premiers mois de l'année, les États-Unis ont occupé la tête du classement des pays et territoires investisseurs au Vietnam en termes de capitaux. À votre avis, y resteront-ils longtemps ?

Malgré la forte croissance des fonds investis ces 5 premiers mois (9 nouveaux projets d'un capital inscrit de 53,5 millions de dollars et 3,8 milliards de fonds supplémentaires pour certains projets au Sud), rien ne montre que les États-Unis resteront en haut du classement, habituellement occupé par des investisseurs asiatiques, de Corée du Sud, Japon, Taïwan pour ne citer qu'eux. Je reviens d'un séjour en Suisse où ont été organisées des activités de promotion de l'investissement. J'ai pu remarquer là-bas que bon nombre d'entreprises suisses s'intéressent de près au Vietnam. Ces derniers temps, des délégations et groupes économiques allemands, français et suisses sont venus sonder les opportunités d'investissement au Vietnam. Ils recherchent de nouvelles destinations en Asie. Je pense que dans l'avenir, des pays d'Europe ou du Moyen-Orient pourraient bien occuper le haut de ce classement.

* Il semblerait que les investisseurs du Moyen-Orient s'intéressent de près au littoral du Centre ? Qu'en pensez-vous ?

En effet, des projets modestes d'investisseurs du Moyen-Orient sont en cours de déploiement. D'autres, de plus grande envergure, qui concernent l'aménagement urbain, sont en cours d'examen par les autorités compétentes. Pour qu'ils soient approuvés, ces projets devront s'accorder avec nos plans d'aménagement. Car la gestion urbaine est chez nous une question sociale de premier ordre. Rien ne presse donc pour leur délivrer la licence. Ces investisseurs ont de gros potentiels, aussi est-il bien naturel de chercher à les attirer. Le ministère du Plan et de l'Investissement a d'ailleurs demandé de créer au Moyen-Orient un organe chargé de la promotion de l'investissement.

* Que pensez-vous du faible taux de décaissement de l'investissement direct étranger (IDE) depuis le début de l'année ? Comment y remédier ?

De janvier à mai, environ 2,8 milliards de dollars d'IDE ont été décaissés, chiffre bien inférieur à la même période de 2008 (11,5 milliards de dollars). Je pense que la chute provisoire des devises étrangères tient aux modalités de paiement internationales et pas seulement à un rythme de décaissement trop lent. Il est prévu qu'environ 9 milliards de dollars seraient décaissés cette année. Cet objectif dépend à la fois du rythme d'accomplissement des formalités, considéré comme trop lent, et de celui d'expropriation des terres pour un certain nombre de projets.

* À présent, beaucoup de projets autorisés sont encore dans les tiroirs. Semble-t-il que la capacité de l'économie nationale à absorber les capitaux reste limitée alors que le volume de fonds inscrits, lui, ne cesse d'augmenter ?

Au Vietnam, le volume de capitaux inscrits devrait osciller cette année entre 20 et 25 milliards de dollars. Tandis que la capacité d'absorption de l'économie nationale ne serait que de 10 milliards, soit moitié moins. À mon avis, l'écart acceptable entre capital prescrit et volume décaissé se situe entre 15 et 20 milliards de dollars. L'an passé, l'écart était colossal, de l'ordre de 53,5 milliards de dollars. Par ailleurs, un autre signe encourageant a été constaté, c'est que la plupart des projets d'envergure autorisés en 2008 sont à moyen et long termes, comme la raffinerie de Nghi Son. Nul doute que cela aidera le Vietnam à développer ses potentialités latentes.

* Au moment où aucun signe de relance mondiale n'est constaté et que tous les objectifs du pays sont revus à la baisse, sur quelle base pourriez-vous affirmer que l'IDE atteindrait cette année les 20 milliards de dollars ?

Comme d'habitude, vers le 2e trimestre les entreprises accélèrent leurs décaissements. Une série d'autres projets potentiels sont actuellement en cours de négociations avec les autorités locales en vue d'une autorisation vers la fin de cette année ou au cours de 2010. Sont en attente 187 projets avec un fonds total de 85,4 milliards de dollars. Le plus grand (6 milliards de dollars) serait un projet australien de construction d'un complexe de villégiature et de centre dans la province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre). Sans oublier un projet singapourien de raffinerie et de port maritime dans la province de Bac Liêu (Sud) d'un coût de 3 milliards de dollars, et un projet américain d'élevage de crevettes d'un milliard de dollars.

* Pourriez-vous nous faire part des mesures à prendre pour intensifier le rythme de décaissement des IDE ?

Il est nécessaire de réexaminer les projets de grande envergure qui ont une influence sur toute la région méridionale, et puis surtout, une cinquantaine d'autres actuellement suspendus à Hô Chi Minh-Ville. Il faut récupérer les terrains attribués depuis longtemps aux projets autorisés mais toujours pas mis en route. Pour plusieurs autres projets en cours mais à un rythme trop lent, il faudra leur accorder un certain temps pour aller plus vite. La liste des projets qui se verront retirer leur licence d'investissement sera rendue publique prochainement.

Hà Anh/CVN

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