Dà Nang : monsieur "sans riz"

Au Vietnam, pour dire que l'on est en forme, on affirme tout simplement : "Bien. Je mange 3 bols de riz par repas". C'est dire si la céréale est au cœur de la gastronomie et culture du pays. À l'exception de Nguyên Co, un paysan de 82 ans de Ðà Nang (Centre), qui n'en a pas mangé un seul grain depuis 15 ans.

Âgé, Nguyên Co respire encore la santé. Issu du village de Ðông Hoà, commune de Hoà Châu, district de Hoà Vang, ville de Ðà Nang, cet octogénaire se consacre toujours à ses travaux champêtres. Cheveux poivre et sel, yeux brillants, dents en bon état, gestes lestes… Il semble avoir 20 ans de moins. Il est donc difficile d'imaginer que ce Vietnamien respirant la vitalité ne mange plus de riz depuis 15 ans.

Voilà une histoire des plus originales. "C'était en juillet 1994, en travaillant dans le jardin près de la maison, je ressentis brusquement une faim de loup. Je rentrais donc dans ma cuisine pour chercher un bol de riz et j'avalais, je l'avoue, goulûment. C'est alors que je me suis étouffé avec une boule de riz. Une douleur aiguë d'une dizaine de minutes. J'ai cru devoir y passer jusqu'à ce que le désagrément ne se dissipe". Mais Nguyên Co éprouve par la suite de nombreux troubles : bras et jambes épuisés, maux de tête, sueurs brusques… Et, "depuis, je ne peux plus avaler de riz, même si au début je m'efforçais de le mastiquer longuement, rien n'y faisait, plus un seul grain", se rappelle le vieux. Plus d'une fois, il s'est rendu à l'hôpital pour des examens spécialisés de l'oesophage. Et toujours, le même résultat : "normal".

Père de 4 licenciés en sciences

Alors depuis 15 ans, Nguyên Co se nourrit avec des soupes ou des potages. Car, il ne digère plus aucune nourriture solide. Riz, viande, poulet, légumes, fruits… ne sont plus que de lointains souvenirs. Pour assurer les compléments nutritionnels, il boit des infusions de calebassier séché (plante grimpante qu'il cherche dans la forêt). "J'ai chez moi une grande réserve de cette plante +tonique+. En effet, si je ne peux pas consommer une nourriture habituelle, des recettes plus étranges me sont tolérables", sourit-il. Et de se montrer fier de son surnom donné par les habitants du coin : "Monsieur sans riz".

De toute façon, le vieux paysan se sent en pleine forme. Jamais malade, il travaille encore dans les champs et jardins et suit attentivement le parcours de ses 4 fils, tous diplômés de l'École polytechnique de Ðà Nang.

"La famille de Nguyên Co est un cas exemplaire de notre village de Ðông Hoà. Car, chez nous, un enfant qui réussit le concours d'entrée à l'université fait la fierté de sa famille et de son entourage", explique un voisin de Nguyên Co. Pour ce dernier, la raison est simple : "Ce n'était pas facile pour nous, dans les années 80 et 90, d'élever 4 enfants et de les faire faire des études. Nos efforts sont maintenant récompensés : ils ont tous un bon travail".

De nature, ce paysan aime la lecture, les livres d'histoire notamment. Et chaque jour, il consacre une bonne heure à son divertissement. Sa bibliothèque regorge d'ouvrages sur l'histoire nationale et cette passion s'est répercutée sur sa descendance. "Chaque fois qu'ils me rendent visite, j'aime m'entourer de mes petits enfants et leur raconter une histoire de nos rois", savoure "Monsieur Sans riz".

Nghia Ðàn/CVN

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