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Guillaume Fleury présente une conque de 18.000 ans au muséum de Toulouse, le 10 février. |
"C'est la première fois que l'on entend le son de ce coquillage depuis cette époque", explique, en montrant cette pièce issue de la grotte de Marsoulas (Sud-Ouest de la France), l'archéologue Carole Fritz, première signataire d'un article sur cette question publié mercredi 10 février dans la revue scientifique américaine Science Advances.
Dans le cadre de cette recherche, un joueur de cor a réussi à émettre avec cette conque plus grosse et plus épaisse que les actuelles (31 cm de hauteur, jusqu'à 18 cm de diamètre et jusqu'à 0,8 cm d’épaisseur), trois sons proches des notes do, do dièse et ré.
Cette expérience "permet d'enrichir la palette musicale que l'on peut imaginer pour les peuples, les cultures, qui vivaient là il y a 18.000 ans", affirme de son côté le directeur du Muséum de Toulouse, Francis Duranthon, également signataire de l'article scientifique.
3D et modélisations
Certes, "il y a des flûtes en os de vautour ou autres qui sont plus anciennes mais jusque-là on n'avait pas de conque connue de cet âge", ajoute-t-il, au milieu de l'une des grandes salles du Muséum.
Pour pouvoir émettre ces sons, les hommes de l'époque ont dû modifier la conque d'origine. Ainsi, la pointe de la coquille a été cassée et deux trous circulaires ont été aménagés à l'intérieur, "sûrement pour insérer un os creux permettant de souffler et de produire des sons", précise Guillaume Fleury, également signataire de l'article.
Ce travail est le résultat d'une recherche qui n'aurait pas pu se faire de la même façon lorsque cette conque a été découverte, en 1931. Elle n'aurait même "pas été possible il y a 10 ans sans l'utilisation de la 3D et des modélisations que ça permet. Aujourd'hui avec le développement de l'intelligence artificielle, on va pouvoir aller encore plus loin. Ces perspectives sont très enthousiasmantes pour l'ensemble de l'équipe", se réjouit Mme Fritz.
Le bruit d'une rame de métro
Francis Duranthon (droite), Guillaume Fleury (centre) et l'archéologue et chercheuse au CNRS, Carole Fritz, présentent une conque de 18.000 ans au muséum de Toulouse, le 10 février. |
Les chercheurs pensent que le coquillage a pu être utilisé à l'occasion de rituels ou de cérémonies, comme c'est encore le cas aujourd'hui dans certaines cultures Polynésienne ou d'Amérique du Sud.
Avec un son puissant - équivalent en décibels à une rame de métro - les hommes du Magdalénien ont peut-être utilisé cette conque comme instrument de communication.
"L'intensité produite est incroyable", affirme le co-auteur de l'étude Philippe Walter, directeur du laboratoire d'archéologie moléculaire et structurale de l'Université de la Sorbonne, à Paris.
Pour les prochaines expérimentations, les chercheurs utiliseront une version en impression 3D du fragile instrument.
Philippe Walter est convaincu que celui-ci peut produire de nombreuses autres notes mais affirme que cette recherche ne permettra pas pour autant de découvrir quelle musique écoutaient les Magdaléniens.