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Ces derniers temps, un champ de riz attire bien des curieux dans la commune de Vinh Thành, district de Yên Thành, province de Nghê An (Centre). Au milieu de la morne plaine rizicole se détache la silhouette en S caractéristique du Vietnam, d’un brun rougeâtre. Deux grandes étoiles jaunes marquent Hanoi et Hô Chi Minh-Ville. En haut à gauche trône un logo de couleur blanche, représentant une main tenant des épis chargés de grains de riz. Toute la fresque végétale est entourée d'un cadre de couleur violette.
L’agronome Phan Van Hòa (droite) présente son projet à un ami. |
«Cette carte, je l’ai dessinée avec quatre variétés de riz aux couleurs distinctes : violet, rouge, jaune et blanc. Des variétés que j'ai moi-même créées», confie fièrement l’auteur, Phan Van Hoà, 59 ans, agronome et paysan. «L’idée est de lui, la création de ces variétés de riz est de lui, et la concrétisation est aussi de lui», explique avec admiration Trân Vinh Tuong, professeur de biologie au collège de Vinh Thành, qui guide un groupe scolaire en visite sur place.
Quatre riz, quatre couleurs
L'idée de créer cette carte végétale à partir de plants de riz sur pied lui est venue il y a trois ans, alors qu'il regardait un programme télévisé sur la vie des militaires en garnison sur l'archipel de Truong Sa (Spratly). «J'ai été très impressionné par l'image de ces soldats ramassant des blocs de pierre pour réaliser une carte du pays. Cela exprimait tant leur amour pour la Patrie et leur volonté de défendre la souveraineté nationale. Et moi, dans ma région rizicole, j’ai aussi voulu faire la même chose, à ma manière», confie-t-il.
Pour mieux apprécier la création, il faut prendre un peu de hauteur. |
Photo : GD/CVN |
Le projet lui a pris deux ans. D’abord, il a fallu chercher le terrain. Pour cela, Phan Van Hoà a frappé à la porte de plusieurs familles paysannes. Intéressées par le projet, 14 d’entre elles ont accepté de lui prêter leur parcelle, soit 0,5 ha au total. Ensuite, il a fallu réfléchir aux couleurs. Diplômé de l’École supérieure d’agronomie de Hanoi, Phan Van Hoà a, par hybridation, donné naissance à de nouvelles variétés de riz aux épis ayant la couleur souhaitée. En 2006, l’agronome avait déjà donné naissance à la variété Vinh Hoà 1 aux grains de couleur violette, très riches en Oméga 3-6-9. Puis, les variétés baptisées Vinh Hoà 2 (rouge), Vinh Hoà 3 (jaune) et Vinh Hoà 4 (blanc) ont vu le jour.
Une fois cette phase préliminaire accomplie, Phan Van Hoà a cherché une carte du pays nouvellement publiée et, à l’aide d’un agent cadastral, a tracé les contours dans le champ choisi. Des plants des différentes variétés ont ensuite été repiqués, à la place assujettie par l’artiste. «Le rouge, je l’ai choisi pour représenter le pays, à la fois sa partie continentale et les archipels de Hoàng Sa (Paracel) et Truong Sa (Spratly)», explique Phan Van Hoà.
Une œuvre végétale éphémère
L’œuvre végétale de Phan Van Hoà a pris forme au fil des semaines, grâce aux soins attentifs de l’auteur et des paysans locaux. Et, à la saison de la moisson, une jolie carte a émergé de la monotone plaine rizicole. Située au bord de la nationale 7, tronçon traversant le district de Yên Thành, Nghê An, la carte a attiré l’attention et forcé l’admiration tant des habitants locaux que des gens de passage. On est venu parfois de loin pour admirer l’œuvre, c’est le cas notamment des groupes scolaires.
La carte vue de haut. Sa couleur transforme au fur et à mesure du vert, il y a quelques mois, en couleurs désirées, en cette période de moisson. |
Photo : GD/CVN |
«Plus je contemple la carte, plus j’aime notre Patrie. Cette image en dit long sur la tradition rizicole du Vietnam dont je suis fier, et aussi sur la créativité des agriculteurs vietnamiens», confie Thành, collégien. Pour le professeur Trân Vinh Tuong «c’est vraiment un instrument didactique. Les élèves ont sous les yeux ce qu’ils ont appris à l’école : les archipels de Truong Sa et Hoàng Sa appartiennent au Vietnam». Pour faciliter l’observation des visiteurs, Phan Van Hoà a fait dresser un mirador de 9 m de haut. «Je suis content, très content de voir mes efforts récompensés», avoue l’agronome. Bien sûr l’œuvre est éphémère et sera moissonnée comme le reste des parcelles aux alentours. L’histoire ne dit pas qui aura l’honneur de déguster cette «cuvée» de riz aux quatre couleurs.